Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)
l’adolescent sous la fumée due à la riposte énergique de ses compagnons. Il écarquilla les yeux pour connaître l’effet de leur tir, mais la fumée resta suspendue devant lui.
Les deux corps de troupe rapprochés échangeaient les coups comme des boxeurs sur un ring. Des coups de feu irrités et rapides partaient successivement des deux camps. Du fait de leur situation désespérée les hommes en bleu, plus concentrés, saisissaient l’occasion de se venger, étant à portée de tir. Le tonnerre de leurs coups de feu augmentait en force et en détermination. La ligne incurvée de leur front s’illumina d’éclairs, et l’endroit résonna du vacarme des baguettes des fusils. L’adolescent esquivait en se déplaçant et en baissant la tête ; et durant un moment il put avoir quelques vues décevantes sur l’ennemi. Ils apparaissaient nombreux et répliquaient vivement. Pas à pas ils semblaient avancer vers le régiment des bleus. L’adolescent s’assit tristement au sol le drapeau entre les genoux.
Comme il remarquait la méchante humeur de ses camarades, qui se battaient comme des loups cernés dans un bois, l’adolescent eut la douce pensée que si l’ennemi était sur le point de submerger ce régiment, – avec qui on avait voulu faire le ménage dans les bois –, et en faire un captif, il aurait la consolation de se rendre la tête haute.
Mais les tirs de l’adversaire commencèrent à faiblir. Il y avait moins de balles qui déchiraient l’air ; et enfin, quand les hommes cessèrent le tir pour voir où en était le combat, ils purent seulement voir une sombre fumée qui flottait. Le régiment resta silencieux et observa. À présent un capricieux hasard faisait que l’écran de fumée dense qui les ennuyait constamment, commençait à se rétracter et disparaître. Les hommes virent un terrain vidé de ses combattants. La scène eut été complètement déserte si ce n’était les quelques cadavres jetés là, tordus en des formes fantastiques sur le gazon.
À la vue de ce tableau, de nombreux hommes en bleu bondirent de derrière leurs abris, et firent quelques pas de danse joyeuse et maladroite. Leurs yeux étaient enflammés, et des cris d’exaltation rauques jaillirent de leurs gorges sèches.
Ils commençaient à comprendre que les évènements essayaient de prouver leur impotence. Ces petites batailles avaient, de toute évidence, tenté de montrer que les hommes ne savaient pas se battre. Quand sur le point de confirmer ces opinions, durant le petit duel, ils avaient montré qu’il n’y avait rien d’impossible, qu’ils pouvaient rendre coup pour coup ; et ainsi, ils avaient pris revanche sur l’ennemi, et surmonté leur peur.
L’élan d’enthousiasme était à nouveau en eux. Ils regardaient autour d’eux avec un air de grande fierté, ressentant une nouvelle confiance dans les armes graves, mais toujours sûres qu’ils tenaient en main. C’était des hommes.
CHAPITRE VINGT ET UNIÈME
À présent ils savaient qu’aucune bataille ne les menaçait. Les routes s’ouvraient encore une fois devant eux. Les lignes bleues et poussiéreuses de leurs camarades étaient visibles à courte distance. Au loin le vacarme était énorme, mais dans cette partie du terrain il y avait une tranquillité soudaine.
Ils s’aperçurent qu’ils étaient libres. Le groupe affaibli et réduit aspira une longue bouffée de soulagement, et se rassembla en une seule masse pour continuer son trajet. Durant cette dernière partie du parcours, les hommes commencèrent à exprimer d’étranges émotions. Ils se hâtaient avec une peur panique. Ceux qui furent sombres et sans peur dans les moments les plus noirs, ne pouvaient maintenant cacher une folle anxiété. Peut-être qu’ils craignaient d’être tués de manière insignifiante, après que le moment de mourir dignement au combat eut passé. Ou, pensaient-ils ; peut-être qu’il serait trop ridicule de mourir au seuil de la délivrance. Ils se hâtèrent en jetant des regards inquiets derrière eux.
Comme ils s’approchaient de leurs propres lignes, quelques sarcasmes leur furent lancés par les hommes étiques et bronzés d’un régiment au repos à l’ombre des arbres. Ils furent assaillis de questions :
– « Où étiez-vous que diable ? »
– « Pourquoi est-ce que vous revenez ? »
– « Pourquoi qu’vous ne restez pas là-bas ? »
– « Ça a chauffé là-bas, fiston ? »
– « On
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