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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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lèvres.
    « Dieu, quelle injustice, quel effroyable crime as-Tu là perpétré ? Est-ce ainsi que Tu payes le meilleur serviteur de Ta gloire ici-bas, en l’écrasant sous un roc ? Avons-nous été assez fous de croire en Ta bonté ? À quoi bon Te servir ! »

    Un mois plus tard, l’armée croisée, sous les ordres d’Amaury de Montfort, héritier de son père, brûlait son camp de Toulouse Nouvelle et levait le siège pour s’en retourner dans ses foyers.

DEUXIÈME PARTIE

21

    Castelsarrasin, 1228.
    Des années passèrent, lentes et brûlantes, au cours desquelles la déception succéda à la joie, dans les coeurs toulousains, comme dans celui de Bernard de Cazenac. Ses amis périgourdins et quercynois, Gaillard de Beynac et Jehan de Turenne en tête, avaient regagné leurs provinces. Dans la grande salle seigneuriale du palais que lui avait offert le comte de Toulouse, le seigneur cathare était triste, d’une profonde mélancolie malgré le beau soleil du Midi qui illuminait et chauffait la pièce aux larges ouvertures. Triste et seul.
    Après la mort de Simon de Montfort, le parti occitan avait cru à la victoire et au retour des beaux jours. Devant la fenêtre, l’oiseau s’était mis à chanter. Les Français s’étaient enfuis ; la croisade avait échoué. Terrifiés, les évêques les plus compromis avaient gagné lenord du royaume, ou s’étaient enfermés dans leurs cathédrales. Le catharisme était réapparu en pleine lumière, sous la protection du comte de Toulouse. Les troubadours avaient repris leur luth et leur plume, et le beau chant résonnait à nouveau dans des châteaux rendus à leurs légitimes propriétaires. Le trépas de Montfort avait provoqué, dans tout le sud du comté, comme un émerveillement de printemps renaissant. Tout semblait refleurir en nouvelle lumière. Comminges et Foix, Quercy, Agenais et Périgord, Albigeois et Lauragais, toutes les provinces occitanes, autrefois opposées et rivales, se sentaient unies et prêtes à défendre une culture commune qui avait bien failli disparaître. Mais la paix fut de courte durée.
    Raymond VI trépassé lui aussi, les fils poursuivirent la guerre des pères. Amaury de Montfort et Raymond VII revendiquaient tous deux le titre de comte de Toulouse. Bernard reprit les armes, et combattit comme un lion. Et les horreurs réapparurent, comme surgies des cimetières débordant des morts des anciennes querelles. Ses voisins de Marmande, livrés aux soudards aux ordres des Français, furent tous passés au fil de l’épée. Chevaliers, dames, petits enfants, hommes et femmes de toutes conditions furent dépouillés de leurs vêtements et coupés en morceaux. Les membres et pièces de chair jonchaient le sol comme s’ils étaient tombés en pluie. Enfin la ville fut brûlée. Le Périgourdin n’avait rien pu faire pour éviter ce massacre imprévu. Une nouvelle fois, il s’était porté au secours de Toulouse et avait desserré l’étau qui la menaçait. Il s’était ensuite illustré dans la conquête deCastelsarrasin, une des trois places qui commandaient l’accès septentrional de la ville rose, et en avait chassé Humbert de Beaujeu, sénéchal de France, cousin du roi Louis VIII.

    « Voici une place fort belle, riche et bien défendue. Elle est à toi, seigneur de Cazenac, si tu veux bien délaisser pour l’heure tes forteresses du Périgord, lui proposa Raymond VII.
    — C’est un honneur bien grand, que j’accepte pour le plaisir de vous servir, messire comte. »
    La ville était sûre, et le catharisme s’y révélait majoritaire. Mais la joie ne brillait plus dans le regard du Périgourdin. Nulle flamme, hormis sa science de la guerre, ne semblait plus l’animer. Il était las des combats incessants, son corps réclamait la paix et le repos. Et surtout, depuis la mort de Montfort, il était seul.

    Devant le corps de son ennemi, sous les murs de Toulouse, dix ans plus tôt, Bernard avait vu l’inquiétude succéder à la fierté. Il avait tourné son regard vers la ville, en direction du trébuchet fatal. Debout sur les remparts, se détachant sur le bleu du ciel d’été, la silhouette d’Alix dominait la bataille comme Athéna sur les murailles de Troie. Alix, son épouse aimée et victorieuse. Sa grande et belle dame paraissait hautaine et gigantesque, comme si elle présidait à la destinée des humains. Sa robe noire et ses longs cheveux de nuit dont le chignon s’était défait dans l’ardeur de

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