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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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chapelle admirable pour mon consolament. »
    Des valets vinrent l’accueillir au pied du « pog » et la conduisirent par le chemin le plus sûr à l’entrée de Montségur. Esclarmonde de Foix en personne s’avança pour la recevoir, à la fois altière et modeste. Elles échangèrent un baiser de bienvenue, tandis que leur entourage s’étonnait de leur ressemblance.

    L’enseignement d’Hugues de Vassal et les épreuves subies tout au long de son existence avaient bien préparé Alix à entrer dans l’ordre cathare. Il ne lui fallut qu’une année pour obtenir son consolament. Ce furent douze mois au cours desquels elle mortifia son corps par le jeûne, trois fois la semaine plus les trois Carêmes de Noël, Pâques et Pentecôte, un an d’abstinence totale, à fuir la présence des hommes. Une année entière pour apprendre à maîtriser son caractère emporté, atteindre l’absolue non-violence, exercer son intelligence pour pratiquer la vraie justice, éprouver son courage en disant toujours la vérité.
    On l’envoyait parfois dans la vallée, acheter quelques fournitures pour les tisseuses. Elle devait côtoyer le monde, le Mal, et les agents de l’évêque qui cherchaient les Parfaits pour les jeter en prison ou sur un bûcher.
    « N’es-tu pas une hérétique ? lui demanda un jour un sergent dans une auberge.
    — Comment le serais-je ?
    — Tu en as l’habit sombre et la triste mine.
    — Je suis en deuil de ma fille disparue.
    — Alors, excuse-moi. »
    Sa commère la surveillait, inquiète, guettant le mensonge qui pouvait jaillir de sa bouche, ou la peur qui pouvait la saisir. Elle n’avait pas failli.
    « Tu es prête, à présent. Ce sera pour le deuxième dimanche du prochain mois », lui annonça Esclarmonde.

    Il fallait attendre le passage à Montségur de Guilhabert de Castres, l’évêque cathare qui évangélisait la région au risque de sa vie. On le signalait à Mirepoix ou Castelnaudary, mais à peine les sergents se précipitaient-ils pour l’arrêter qu’il avait disparu. « Sorcellerie », maugréaient les soldats.
    Il était la plus grande figure du catharisme et le parrain d’Esclarmonde. Elle ne voulait pas que son amie fût reçue par un autre que lui. Deux ou trois fois l’an, il venait visiter les citadelles du vertige, prêchant dans les communautés de Dun et de Lordat, s’abritant aux châteaux de Quéribus, ou Peyrepertuse. Mais c’est à Montségur qu’il était véritablement chez lui. Quand il se présenta au portail, les deux femmes s’agenouillèrent pour l’honorer.

    Devant toute la communauté de Montségur, Alix entendit patiemment les sept oraisons dominicales qui devaient favoriser l’écoute de Dieu à sa demande. Elle se confessa publiquement, longuement, évoquant avec regrets sa vie de plaisir et de violence. Puis elle reçut de Guilhabert l’absolution. Ce fut au tour de la communautédes croyants de demander à l’évêque le pardon de leurs fautes. Il prononça les paroles rituelles.
    « Que le Père saint, juste, véridique et miséricordieux, qui a pouvoir dans le ciel et sur la terre de remettre les péchés, vous remette et vous pardonne toutes vos fautes en ce monde et vous fasse miséricorde dans le monde futur. »
    Un vent violent soufflait en tourbillons, couvrant parfois les paroles du maître, chassant dans les cieux des nuages menaçants, sombres présages au destin de l’Occitanie. L’évêque plaça devant lui une table ronde, couverte d’une nappe blanche, sur laquelle il disposa l’Évangile de Jean. Alix, à genoux, se prosterna trois fois avant d’accueillir le livre.
    « Ma soeur Alix, as-tu la ferme intention de recevoir le baptême en esprit ? Es-tu prête à pratiquer toutes les vertus par lesquelles on devient un Bon Chrétien ? »
    Elle répondit par l’affirmative.
    « Dame Alix, tu dois bien avoir dans l’esprit qu’en ce moment tu te tiens pour la seconde fois devant Dieu, devant le Christ et le Saint-Esprit, puisque tu es en présence de l’Église de Dieu. Tu dois bien comprendre que tu es ici pour recevoir le pardon de tes péchés, grâce aux prières des Bons Chrétiens et par l’imposition des mains. »
    Il lui lut ensuite, longuement, des textes édifiants, tirés du rituel. Elle sentait comme un espace se libérer en elle, comme si elle se vidait de ses fautes.
    « Par ces témoignages et beaucoup d’autres, il convient que tu observes les commandements de Dieu et que tu haïsses

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