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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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pourrait pas faire une exception ? En remerciement, je pourrais m’arranger pour faire venir l’ambassadeur en visite officielle, pendant les Jeux olympiques. Au titre des bonnes relations entre nos deux pays.
    L’ex du Yard et le bibliothécaire échangèrent un regard complice. Standford hocha la tête d’un air entendu.
    — Mon frère, voilà une proposition qui a du panache. Ce serait excellent pour l’image de la Grande Loge et du musée.
    — Si c’est pour des raisons diplomatiques… Je vous ouvre les portes du temple. Mais faites attention, tout est sens dessus dessous.
    L’homme au visage émacié glissa une grosse clé dans la serrure, appuya sur un interrupteur et les laissa entrer.
    — Avez-vous encore besoin de moi ?
    — Non. Tu en as fait déjà beaucoup, mon frère, répondit Standford, toujours accroché au bras de Jade.
    Ils entrèrent dans une salle encore plus grande que la précédente, toujours ouverte sur un étage supérieur, d’où pendaient de vieilles bannières tapissées de croix, de compas, et d’équerres. L’éparpillement des pièces à répertorier lui donnait un air de caverne d’Ali Baba. Les objets les plus hétéroclites s’entassaient dans des armoires vitrées tout en hauteur : mannequins de vénérables en tablier, profusions de vases, de verres et d’argenterie, décorés de signes fraternels. À terre, des caisses laissaient apercevoir des coupes de toutes sortes. Sur des présentoirs, plus bas, d’autres objets s’entassaient pêle-mêle, comme si des cambrioleurs étaient en train de piller les collections. Standford s’avança.
    — Bienvenue dans le plus beau musée maçonnique du monde, hélas, en plein désordre.
    — Celui du GO n’est pas mal non plus, répondit Marcas.
    Pendant qu’ils s’enfonçaient entre les collections, à deux mètres derrière Standford, Jade chuchota à Antoine :
    — C’est du délire, j’ai l’impression d’être dans un magasin de porcelaine. Je savais pas que vous étiez branchés sur la vaisselle, vous les frangins.
    — Tais-toi. C’est vraiment pas le moment, répondit Marcas sur un ton sec.
    Il fallait qu’il trouve le maillet, et il n’avait pas le temps de se taper la visite en entier. Il murmura à son tour :
    — On va directement aux maillets. Débrouille-toi pour l’éloigner et l’occuper. (Puis il haussa le ton à l’adresse de l’Anglais :) Le conservateur du GO , Pierre, m’a dit que vous possédiez des maillets de grande beauté.
    — Tout à fait. C’est par là.
    Ils obliquèrent sur la droite et arrivèrent devant un présentoir encombré de bols et de plats en argent qui masquaient l’intérieur. Standford poussa les objets pour assurer plus de visibilité.
    — Quelle pagaille !
    La vitrine s’éclaircit et laissa apparaître des maillets massifs et richement décorés. Antoine se pencha plus avant et trouva tout de suite ce qu’il cherchait. Il ne pouvait pas se tromper ; il trônait, à part sur un dais de velours noir, juste sous une étiquette avec en médaillon le portrait d’un homme d’une soixantaine d’années, en perruque longue et bouclée à la mode du XVII e  siècle.
    Un gros maillet en bois, recouvert sur sa frappe d’une petite plaque carrée, argentée et gravée. Standford intercepta son regard.
    — Le joyau de notre collection. Le maillet de Sir Christopher Wren, un génie, architecte, biologiste à ses heures perdues, philosophe, géomètre. Il a construit la cathédrale Saint-Paul après le Grand Incendie de 1666 et cinquante et une églises dans la foulée, il a aussi dessiné un nouveau plan de la ville, plus moderne, bien en avance sur son temps. Un mélange de Léonard de Vinci et du baron Haussmann. On sait qu’il a été maçon accepté, des documents l’attestent, une inscription sur son tombeau de la cathédrale Saint-Paul en fait foi, mais le débat n’est pas tranché pour savoir s’il était opératif ou spéculatif.
    Jade le prit par le bras et se rapprocha ostensiblement de lui.
    — Traduction pour l’imparfaite profane que je suis ?
    — Les maçons opératifs sont apparus au Moyen Âge dans toute l’Europe, ils travaillaient et taillaient la pierre sur les grands chantiers, les églises, les palais, les cathédrales. Groupés en corporation, ils s’échangeaient signes et mots de passe lors de leurs voyages à travers toute l’Europe. Les francs-maçons sont leurs héritiers. Nous utilisons le même langage,

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