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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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parfaitement à l’architecture du Temple de Salomon décrite dans les Écritures.
    — Aucun mystère donc, commenta le Grand Maître.
    — Et ce cercle bleu, là, dans l’angle, il correspond à quoi ? demanda le Devin.
    Accoudé à la cheminée, l’Archiviste sourit.
    — Pour bâtir ses murs remplis de gravats, Aymon a eu besoin de mortier, donc d’eau… Il a creusé un puits.
    — Et c’est là que l’imprévisible s’est produit, dit Périgord.
    — Comment ça ?
    L’Archiviste se signa avant de répondre.
    — Il a découvert un nouveau réseau.

    Le Puits
    Roncelin flottait dans le vide. Rien n’existait autour de lui. Le vide était blanc et le blanc promesse de repos et d’absence de souffrance. Ils l’avaient achevé, sans nul doute. Le Légat s’était lassé de ses réponses et avait ordonné son exécution. Il ne sentait plus son corps. La blancheur l’enveloppait, bienfaisante, nourricière, presque complice.
    Un point rouge apparut alors à l’horizon, minuscule, imperceptible. Le point rouge n’était pas le bienvenu. Il grossissait et était porteur de souffrance. Le point devint tache et le rouge se transmuta en sang. Le sien. Il sentit à nouveau son corps et cela le contraria. Le sang irradia tout son être et il vit son propre corps irrigué de mille canaux lumineux d’un rouge éclatant.
    Il se réveilla à nouveau. Dans le Puits. Il savait qu’il n’aurait pas la force d’un autre réveil. Son orgueil, sa fierté, son arrogance, sa force, tout avait disparu. Il n’était plus un guerrier mais un homme brisé. Il voulut tendre ses mains mais son pouce gauche lui arracha un cri. Une croûte marron lui rappela son supplice. Il allongea les jambes et sentit la plante de ses pieds nus racler un sol glissant. Quelque chose avait changé dans la nuit, il n’y avait plus d’eau dans le puits.
    — Bienvenue dans les ténèbres, chrétien.
    Il reconnut tout de suite la voix du rabbin. Et cette voix devenue familière lui procura de l’espoir. Qu’il soit juif ou musulman, peu importe, c’était un compagnon de souffrance.
    — Où est passée l’eau ?
    — Ils l’ont purgée pendant que tu étais là-haut. Probablement pour nettoyer la vermine. Tu as souffert…
    Roncelin ne répondit pas.
    — Pourquoi te torturent-ils ?
    — Le Légat veut savoir où est caché le butin d’Al Kilhal.
    — Et tu le sais ?
    Le Provençal ricana :
    — Mes hommes se sont sans doute dispersés avec. Ça m’étonnerait qu’ils viennent me chercher pour le partager ! Quant au Légat, c’est une créature du Mal. Il torture pour son plaisir.
    — Plains-le alors, car ce démon fait partie du monde des âmes perdues, du monde de Klipoth . Mais toi, si Dieu te fait subir mille tourments, s’il nous a réunis dans la souffrance, il a un but.
    Roncelin sentit une main se poser sur son front. Maïmonès articula lentement :
    — Le Destin est sans faille.
    Le corps du Provençal tressauta. La douleur montait de sa main suppliciée et hurlait comme un chien affamé entre ses tempes. Le rabbin se pencha à son oreille.
    — Tu vivras.
    Roncelin sentit que la conscience le quittait. Pareille au froissement d’aile d’un oiseau, il devina plus qu’il n’entendit la dernière phrase du rabbin :
    — Mais moi je vais mourir.

    Quartier de l’Arbre sec
    Dans la taverne du Bœuf écarlate , une dispute venait d’éclater. Deux marins, des Génois, s’empoignaient en hurlant comme des damnés. Assis près de la cheminée où sommeillaient quelques braises, Arnault le geôlier contemplait la scène avec mépris. Il fit couler une rasade de vin dans son gosier avant de s’adresser à son voisin :
    — Regarde-les, ces Italiens de malheur, ils ont franchi la mer, traversé la Terre sainte et, arrivés à Jérusalem, ils se battent comme de vulgaires chiffonniers. Si j’étais le Légat, moi, je purgerais le pays de tous ces inutiles, ces parasites, cette gale du diable…
    Face à lui, le pèlerin fit un signe de croix. Quoique muet, il semblait partager les idées d’Arnault.
    — Le Légat, voilà un grand homme. Regarde…
    Le geôlier défit le haut de sa toge. Sur son poitrail grisonnant pendait un médaillon d’argent.
    — Tous ceux qui le servent portent ce signe. La marque du Légat.
    Impressionné, le pèlerin se pencha pour porter le bijou à ses lèvres. Il en profita pour examiner la gravure. Une clé de saint Pierre.
    — Toi, tu es un bon chrétien, tu

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