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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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police, en personne, a passé un coup de fil à mon supérieur. Je ne vous dis pas l’affolement dans le service. On a transmis l’avis de recherche à nos collègues anglais qui nous ont rappelés. Le jet a été affrété par une société écossaise de consultants en informatique qui opère sur toute l’Europe. C’est là que ça se corse.
    Les beuglements des chanteuses éméchées filtraient en sourdine à travers les fenêtres. Antoine se promit de mettre des doubles vitrages.
    — Et ???
    — Le jet a fait une escale à Carlisle, en Angleterre, pour faire le plein, et a décollé très rapidement. Un quart d’heure plus tard, il s’est crashé en mer d’Irlande. Aucun survivant.
    Antoine s’assit sur le bras d’un fauteuil défoncé, ultime vestige de sa vie commune avec la mère de son fils.
    — Et les types ?
    — En toute logique, ils servent de dessert aux poissons irlandais, mais l’aéroport de Carlisle était quasiment désert à cette heure, ils ont très bien pu sortir discrètement de la carlingue et s’évanouir dans la nature.
    — L’identité des… consultants ?
    — Ils ont présenté des passeports au Bourget mais comme c’était un vol dans l’espace Schengen, les collègues ne les ont pas enregistrés. Les papiers d’affrètement de la compagnie étaient en règle. Il faudrait que vous contactiez…
    Une voix féminine jaillit derrière la porte de la chambre entrebâillée.
    — Antoine, tu en as pour longtemps ?
    Gabrielle apparut, le visage impassible. La séductrice s’était métamorphosée en bloc de glace.
    — Tu nous as promis un film…
    Antoine écarta son portable de son oreille et s’exclama :
    — Ils ont retrouvé la trace des tueurs. En Angleterre. Donne-moi dix minutes et…
    — Et même plus. Tu as toute la soirée, je rentre chez moi.
    — Non, attends.
    Le portable grésilla.
    — Commissaire, vous m’entendez ?
    Antoine retint Gabrielle par le bras.
    — C’est idiot. Reste, on va…
    — Lâche-moi !
    La jeune femme se dégagea d’un geste sec et entra dans le salon d’un pas vif. Elle récupéra son sac à main, son blouson de cuir griffé et passa une tête en direction de Pierre.
    — Je te le laisse. Vous allez pouvoir vous raconter plein de trucs de garçons.
    L’adolescent leva la tête vers elle. Gabrielle hésita quelques secondes, il arborait la même expression qu’Antoine quand il était surpris. Le même regard troublant. Elle murmura :
    — J’espère que tu te débrouilles mieux avec les filles que ton père.
    Pierre se leva, décontenancé.
    — Vous partez à cause de moi ? Je peux retourner chez ma mère, si vous…
    — Pas du tout. Reste avec lui. Ciao bello .
    Le temps qu’Antoine arrive derrière elle, Gabrielle avait claqué la porte. Il intercepta le regard de son fils, mais resta pendu à son portable. Une chose après l’autre, il fallait qu’il termine avec la préfecture. Il s’assit devant la table, les bougies avaient coulé sur la nappe.
    — Excusez-moi. Vous disiez ?
    — Le bureau du DGPN attend votre appel. C’est urgent.
    — OK. Merci pour votre aide. Si un jour, je peux vous rendre la pareille, n’hésitez pas.
    — C’est sympa, dites seulement au grand ponte qu’on a fait notre job.
    — Je n’y manquerai pas.
    Il raccrocha et composa le numéro de la place Beauvau. On lui passa immédiatement le secrétariat de la direction générale. Pendant ce temps, Pierre avait disparu en direction de sa chambre. La voix du DGPN retentit :
    — Ah ! Marcas, content de vous entendre. Comment allez-vous ?
    — Mieux que notre ami commun et enveloppé. Vous avez des nouvelles ?
    — Fracture de la jambe et déboîtement d’une articulation. Trois semaines d’immobilisation chez lui et trois mois de rééducation. Un chiffre maçonnique, non ?
    — En effet, répondit prudemment Marcas qui savait que son interlocuteur n’en était pas.
    Un blanc suivit, Marcas attendit que son supérieur ouvre le feu. Il réalisa qu’il avait fallu cinq petites minutes pour qu’il se retrouve tout seul. Seul devant une table romantique. La loose totale. Il devait absolument rappeler Gabrielle et la rassurer.
    Le DGPN reprit :
    — Nous avons discuté avec le directeur du Rucher . Vous partez pour Londres, demain, par le premier Eurostar du matin. 7 h 12. Vos collègues de la gare du Nord sont prévenus. Direction Carlisle, la piste s’arrête là-bas, mais nos amis anglais

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