Le templier déchu
ébouriffés, les yeux bouffis de sommeil, et je ne portais rien d’autre que...
— C’est dans le plus simple appareil que je vous préfère, ma chère, l’interrompit-il avec un sourire espiègle. Croyez-moi, vous étiez fort désirable au petit jour, et je regrette que vous ne puissiez vous promener ainsi toute la journée. Enfin, si c’était le cas, je doute d’être capable d’accomplir aucune des tâches qui m’incombent au quotidien.
— Vous ne changerez jamais, Alexandre de Ashby ! Vous serez toujours une canaille.
— Une canaille qui vous aime, depuis six ans maintenant, presque jour pour jour.
— C’est là l’un de vos nombreux charmes, je suppose, soupira-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour lui déposer un baiser sur la joue.
— En quel honneur ce baiser ? s’étonna-t-il.
Elle le prit par le bras et l’entraîna à l’écart des tables, près de la grande cheminée.
— En l’honneur de rien du tout. Juste parce que j’en avais envie, répondit-t-elle.
— Bon, très bien. Vos désirs sont des ordres.
— Vraiment ? Dans ce cas, voulez-vous me raconter comment s’est déroulée la cérémonie de ce matin ? Si vous en avez le droit, bien entendu.
— Je ne vois pas pourquoi je ne l’aurais pas. L’ordre du Temple et ses secrets appartiennent désormais au passé. Toutefois, je vous demanderai de ne pas ébruiter ce que je vais vous dire.
Elle acquiesça, et il reprit :
— Notre mission est enfin terminée. Les parchemins que nous sommes allés chercher en France il y a deux mois ont rejoint ceux que nous avions emportés dans notre fuite il y a huit ans. Ils sont désormais cachés dans un endroit où ils resteront jusqu’à ce que le monde soit prêt à en connaître la teneur.
— C’est-à-dire ?
Alexandre haussa les épaules.
— Le pape a dissous la confrérie. Ceux qui nous avaient chargés de protéger ce trésor ont été massacrés par ceux qui voulaient se l’approprier. Mais les parchemins ont été conservés secrètement depuis plus que treize cents ans maintenant, et nous avons décidé qu’il valait mieux que cela continue encore un peu.
Elizabeth hocha la tête, pensive. Alexandre lui pressa alors la main.
— Maintenant, à mon tour de vous poser une question, madame. Lequel de nos deux petits brigands a rendu folle sa nourrice aujourd’hui ?
Elizabeth se mit à rire.
— Apprenez qu’ils se sont fort bien comportés. À en croire Alissande, qui revenait de la nurserie, ils jouaient à colin-maillard avec Marjorie et Grégoire.
— Ce doit être une sacrée fête là-haut. Six enfants réunis dans une seule pièce... La pauvre nourrice n’a pas le temps de s’ennuyer !
— Quant à vous, je parie que vous ne diriez pas non à une bonne partie de colin-maillard, observa Elizabeth en lui lançant un regard incertain, se demandant si le moment était bien choisi pour lui annoncer la nouvelle qu’elle gardait secrète depuis son retour de France.
— Il est vrai que j’adore quand ces garnements courent en tous sens, et emplissent la maison de leurs rires et de leurs cris, admit-il avec un sourire. Ce doit être mon côté canaille !
Décidant de se jeter à l’eau, elle murmura :
— Il vous reste six mois à attendre, mon époux, avant de pouvoir exercer votre mauvaise influence sur un troisième innocent.
Alexandre fronça les sourcils d’un air perplexe. Puis son visage s’illumina. Saisissant sa femme aux épaules, il écarquilla les yeux.
— Elizabeth... êtes-vous en train de me dire que vous êtes...
— Mmm, fit-elle en hochant la tête, le sourire aux lèvres.
Mais l’émotion la rattrapait en dépit de ses efforts. Elle avait caché l’heureuse nouvelle à Meg et à Alissande pour en réserver la primeur à Alexandre, qui la souleva soudain de terre et la fit tourbillonner dans les airs en riant, ce qui attira l’attention des autres convives, dont Meg, Richard, Alissande, Damien et Jean.
Comme ces derniers s’approchaient, Alexandre s’écria :
— Ma superbe épouse vient de m’apprendre que le clan des Ashby va encore s’agrandir !
Cette annonce fut accueillie par des « hourras » et les invités levèrent leur hanap en guise de félicitations tandis que Richard, Damien et Jean souriaient jusqu’aux oreilles. Meg et Alissande étreignirent Elizabeth, et Alexandre dut s’interposer pour mettre un terme à ces interminables embrassades et reprendre sa femme dans ses bras.
Il
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