Le templier déchu
souillez pas ce que nous avons vécu par d’autres mensonges. Je vous en prie, Elizabeth, parlez-leur.
— Mais je ne veux pas vivre sans vous, Alexandre, murmura-t-elle d’une voix étranglée, tandis que les larmes ruisselaient sur ses joues.
L’espace d’un instant, il fut trop ému pour articuler un mot. Puis il se ressaisit et répondit :
— Il le faut, madame. Vous devez être forte et continuer sans moi.
— Je ne peux pas...
— Mais si, vous le pouvez. Vous vivrez et chérirez mon souvenir au fond de votre cœur.
Le regard d’Alexandre exprimait tant d’amour et de tendresse qu’Elizabeth sentit son cœur chavirer. Elle comprit qu’elle avait perdu. Elle ne pouvait diminuer sa droiture et sa grandeur d’âme en s’entêtant dans ses mensonges.
— Je vous aime, Alexandre, dit-elle avec une infinie douceur.
Elle ferma les yeux, inspira à fond, puis se tourna vers le roi.
— Sire, je me suis aujourd’hui montrée indigne de vous, de ce tribunal, de la Cour, de mon loyal capitaine et de... l’homme que j’aime. Je n’ai pas trahi l’Écosse, et je n’ignore pas que cet homme n’est pas feu mon mari, Robert Kincaid, comte de Marston.
— Vous vous rétractez donc, madame ? s’enquit le roi.
— Oui, sire. Toutefois, je maintiens qu’Alexandre de Ashby ne mérite pas d’être considéré comme un traître et châtié en conséquence.
— C’est à nous d’en décider, lui rappela rudement le roi, avant de reprendre, radouci : Il vous reste à expliquer comment un individu qui a confessé avoir usurpé l’identité d’un gentilhomme dans le but de faire tomber son château aux mains de l’ennemi pourrait mériter la moindre mansuétude de notre part.
L’ouverture qu’Elizabeth attendait se présentait enfin. Se redressant de toute sa taille, elle répondit d’une voix assurée :
— S’il a commis ces crimes, c’est sous la menace, pour éviter à son ami Jean de Clifton, ancien Templier comme lui, d’être tué par les Anglais qui le retenaient prisonnier. Malgré cela, Alexandre de Ashby m’a avoué sans y être contraint sa véritable identité et m’a avertie de ce qui se tramait contre Dunleavy.
Ces paroles parurent faire réfléchir le roi, aussi, encouragée, Elizabeth poursuivit :
— Plus tard, il a eu l’occasion de s’enfuir et d’échapper ainsi aux conséquences de ses crimes, pourtant, cela ne l’a pas empêché de revenir à Dunleavy, non pas seul, mais en compagnie de ses camarades Templiers qui ont accepté de risquer leur vie pour nous défendre. Unissant leurs forces à celles de la garnison du château, ils ont réussi à mettre l’ennemi en déroute en moins d’une journée, épargnant ainsi de nombreuses vies parmi les nôtres, et messire Alexandre récoltant une grave blessure durant cette bataille.
Clairement intéressé, le souverain s’adressa à messire Garin :
— Capitaine, confirmez-vous les propos de dame Elizabeth ?
— Je les confirme, sire, acquiesça Garin, solennel. J’ai vu de mes yeux messire Alexandre à la tête d’un groupe de Templiers. Je l’ai vu tuer le capitaine de l’armée ennemie avant de tomber à son tour, victime d’une sévère blessure.
Garin jeta un coup d’œil à Alexandre, qui le fixait d’un regard surpris, puis, après s’être raclé la gorge, il déclara non sans nervosité :
— Je considère messire Alexandre comme l’un des héros de ce siège et, tout comme dame Elizabeth, je pense que le condamner à la peine de mort ne servirait pas la justice, car il a montré de l’affection et a fait preuve d’un soutien sans faille envers le peuple de Dunleavy – et l’Écosse tout entière. A son propre détriment.
Sous les yeux étonnés de leur roi, les soldats de la garnison s’avancèrent alors à tour de rôle pour apporter leur témoignage et corroborer les dires de leur capitaine. La stupéfaction, le plaisir et la fierté qui se lisaient sur le visage d’Alexandre tandis que ces hommes qui avaient servi sous son commandement attestaient de sa vaillance et de la confiance qu’ils lui vouaient réchauffèrent le cœur d’Elizabeth. Mais lorsque ce fut Damien et sa troupe de Templiers qui s’avancèrent, une véritable bouffée de joie la traversa.
— Votre Majesté, commença Damien, nous souhaitons vous prêter allégeance. Nous mettons nos épées à votre service, sommes résolus à nous battre pour la liberté de l’Écosse, et vous supplions de faire
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