Le templier déchu
déposa un tendre baiser sur ses lèvres, et chuchota contre sa bouche :
— Je vous aime, ma femme. Savez-vous à quel point ?
Les yeux d’Elizabeth s’embuèrent. Oh oui, elle le savait ! Elle le savait, car les mêmes sentiments habitaient son cœur et l’emplissaient en ce moment même d’une joie euphorique. Toutefois, elle décida d’emprunter des chemins détournés pour le lui dire.
— Moi aussi, je vous aime, mon cher seigneur, admit-elle en s’écartant pour le regarder. Cependant, pour répondre à votre question, je dois admettre que, non, je ne connais pas toute la profondeur de votre amour pour moi. Vous devrez donc me le dire, me le répéter et me le montrer aussi souvent que possible, durant le reste de notre vie, de crainte que je ne refuse de croire à vos belles paroles.
— Je vous prends au mot, mon amour. Toutefois, je manquerais à l’honneur si je ne vous rappelais d’abord une petite chose.
— De quoi s’agit-il, mon tendre gredin ?
Il eut ce sourire qui la faisait fondre et elle ne put s’empêcher de nouer les bras autour de son cou pour l’attirer à elle, si près qu’elle put sentir la chaleur de son haleine tandis qu’il lui murmurait à l’oreille :
— J’ai toujours adoré les défis, madame. Et de tous ceux qu’il m’a été donné de relever, celui-ci est de loin le plus agréable !
Note de l’auteur
Par définition, l’Histoire joue un rôle important dans toute romance historique. Si plusieurs anecdotes incluses dans ce roman sont tirées de faits réels, je me suis toutefois autorisée à prendre quelques libertés.
Par exemple quand j’écris que durant la bataille de Dunleavy, Alexandre, Damien, Richard, Jean et les autres Templiers arborent la célèbre tunique blanche à la croix écarlate. En réalité, les Templiers qui avaient quitté la confrérie (ou qui en avaient été exclus) n’avaient plus le droit de porter cet emblème. Aussi, il est peu vraisemblable que des Templiers ainsi vêtus se soient lancés dans une action d’éclat susceptible d’attirer l’attention sur eux dans les années qui suivirent les arrestations massives, même en Écosse.
Vers la fin du roman, je fais également allusion à une légende urbaine qui concerne les Templiers réfugiés en Écosse (l’un des seuls pays de la chrétienté à les avoir accueillis après l’émission de la bulle papale). Selon cette légende, la victoire-surprise des Écossais à Bannockburn s’expliquerait en partie par l’intervention inattendue d’un groupe de Templiers en tenue de combat. On prétend que la simple vue de ces guerriers réunis sous l’étendard de Beauséant aurait suffi à emplir de terreur l’armée anglaise qui se replia sans combattre. Mythe ou réalité ? Toujours est-il que la bataille de Bannockburn fut un tournant dans la lutte d’indépendance de l’Écosse vis-à-vis de l’Angleterre.
Après la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291, l’ordre du Temple perdit pour ainsi dire sa raison d’être, puisque sa mission principale consistait à protéger les chrétiens qui partaient en pèlerinage. Expulsés de Terre Sainte, les Templiers se retranchèrent à Chypre et continuèrent de s’entraîner au combat, mais sans participer à de véritables batailles.
Selon de nombreux historiens, c’est l’une des raisons qui ont précipité la chute de l’ordre jadis si puissant. Mais la raison principale est bien sûr la convoitise suscitée par l’immense fortune amassée au cours des deux siècles durant lesquels les Templiers furent les gardiens et protecteurs respectés de tant de trésors et de secrets.
Je me suis aussi intéressée au personnage de Robert Bruce. Il est tout à fait vrai qu’il s’autoproclama roi d’Écosse en 1309. Comme je le raconte dans le roman, les membres de sa famille furent capturés par les Anglais qui les enfermèrent dans des abbayes (ou, pour certains, dans de petites cages où ils subirent les quolibets des badauds) sur ordre du roi Édouard II.
Autre anecdote intéressante, celle de lady Agnès Randolph, dite « La brune Agnès ». Très jeune, elle combattit aux côtés de Bruce pour l’indépendance de l’Écosse. Bien plus tard, en 1334, elle soutint victorieusement le siège de son château de Dunbar assailli par les forces armées du comte de Salisbury. On prétend qu’après chaque tir de boulet, elle envoyait ses servantes sur le chemin de ronde pour épousseter les créneaux, montrant
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