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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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été incapable de répondre, même s’il avait été devant le roi en personne.
    La gorge sèche, il déglutit avec difficulté, et réussit finalement à articuler d’une voix rauque :
    — Je crois que ce que nous ferons ou non dépendra uniquement de vous, madame.
    — Oh, vraiment ?
    L’étincelle dangereuse s’était rallumée au fond des prunelles grises. Le prenant par la main, elle se laissa aller contre lui et, mutine, enchaîna :
    — Dans ce cas venez, messire. Car je vous réserve certaines attentions que vous n’imaginez même pas.
    Ainsi, réduit au silence, subjugué par sa volonté et incapable de s’y soustraire, il la suivit dans le dédale de couloirs qui menait à leur chambre.
     
    Parvenue devant la porte, Elizabeth retint Robert. Il s’était montré étonnamment silencieux tandis qu’ils gagnaient leur chambre, et elle craignait qu’il n’ait quelque souci. Elle détestait le voir ainsi préoccupé. Elle aurait voulu lui rendre au centuple le bonheur qu’il lui offrait.
    L’agrippant par le devant de son bliaut, elle l’attira à elle et pressa ses lèvres sur les siennes. Après l’avoir taquiné doucement du bout de la langue, elle se fraya un chemin dans sa bouche.
    Elle fut récompensée de son audace par un grondement de plaisir qui se répercuta dans sa propre poitrine. À son tour, il dévora sa bouche de baisers gourmands et, sans cesser de l’embrasser, tendit le bras pour ouvrir la porte.
    — Vous êtes une séductrice, madame, souffla-t-il contre ses lèvres.
    Elle sourit.
    — Si je le suis, c’est que vous m’y poussez, messire.
    Les mains nouées derrière sa nuque, elle l’embrassa de nouveau, en proie à une émotion si intense qu’il lui semblait que son cœur ne pourrait la contenir toute. Elle était la femme la plus heureuse du monde, l’épouse d’un homme unique qui la chérissait et la trouvait aussi irrésistible qu’elle le trouvait séduisant. Ses yeux se mirent à la picoter. Souriant, elle s’écarta pour prendre entre ses mains le beau visage viril de Robert. Ses doigts s’enfoncèrent dans ses boucles brunes tandis qu’elle le regardait au fond des yeux.
    — Je vous aime. Vous le savez, n’est-ce pas ? murmura-t-elle avec gravité.
    Tout d’abord, elle crut l’avoir offensé en évoquant aussi ouvertement ses sentiments. Trop tard, elle se rappela que même si Robert paraissait différent de l’homme qu’elle avait côtoyé jadis, il avait toujours eu pour principe de garder ses émotions pour soi. Mais sa réaction à son tendre aveu n’avait que peu à voir avec la simple pudeur, se rendit-elle soudain compte. Sur ses traits crispés, elle lisait de la douleur , et ses épaules s’étaient voûtées comme s’il courbait tout à coup l’échine sous le poids d’un insupportable fardeau.
    Ce fut d’une voix brisée qu’il répondit :
    — Que Dieu me vienne en aide, Beth, mais, moi aussi, je vous aime !
    Ces mots apaisèrent la jeune femme, bien qu’une inquiétude sourde persistât. Mais elle n’eut pas le loisir de s’interroger davantage, car il avait poussé la porte et franchissait le seuil de la chambre.
    Elle le suivit dans la pièce sombre et fraîche, les domestiques ayant pour consigne d’entretenir le feu la nuit uniquement à partir du mois d’octobre. Comme elle frissonnait, Robert saisit une couverture sur le lit et la drapa sur ses épaules. Puis il se détourna d’un mouvement brusque et s’approcha de la cheminée.
    Elizabeth l’entendit s’activer pour construire un feu. De son côté, elle se dirigea vers la table de chevet et alluma la chandelle qui y était posée. Presque en même temps, le bois s’enflamma et se mit à crépiter dans l’âtre.
    Satisfaite, elle se tourna vers son mari...
    Et se figea comme si elle avait reçu une flèche en plein cœur.
    Quelque chose n’allait manifestement pas. Il se tenait face à la cheminée, les poings serrés, la tête inclinée en avant. Elle ne voyait pas son visage, mais tout dans son attitude exprimait un tourment indicible.
    Le cocon de félicité qui l’enveloppait depuis qu’ils avaient quitté la grande salle se déchira brutalement.
    — Robert ? souffla-t-elle. Quelque chose ne va pas ?
    Dans le foyer, les flammes virevoltaient et leur danse joyeuse lui paraissait soudain presque déplacée. Elles accrochaient des reflets fauves dans les cheveux bruns de Robert qui demeurait muet, se contentant de secouer la tête, comme écrasé

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