Le templier déchu
dans ses veines.
Tandis qu’il l’adossait au mur, elle ne put s’empêcher de se frotter contre sa cuisse, à la recherche de sensations déjà éprouvées. Contre ses omoplates, le mur froid et rugueux formait un contraste saisissant avec la chaleur qui lui calcinait le ventre.
— À présent, souffla-t-il, voyons ce baiser...
Il s’empara de sa bouche avec une telle passion qu’elle aurait pu se dissoudre de volupté. Abandonnant toute retenue, elle renversa la tête et s’offrit avidement à son baiser, donnant autant qu’elle prenait. Agrippée à ses épaules, elle sentait les muscles et les tendons rouler sous ses paumes, à travers son vêtement, et la chaleur de son érection nichée au creux de ses cuisses.
Avec Robert, le plaisir avait toujours un petit quelque chose de sulfureux. Comme il arquait les hanches pour accentuer la pression de son sexe contre elle, elle étouffa un cri. Dieu du ciel, ils avaient beau être mari et femme, ce ne pouvait être qu’un péché !
Et puis, se faire lutiner par son mari, debout contre un mur, au fond d’un couloir sombre, c’était certainement interdit par l’Église...
Mais c’était si bon !
Leur baiser se prolongea durant de longues et délectables minutes. Aussi Elizabeth ne put-elle retenir un gémissement de protestation quand il redressa enfin la tête, haletant, le regard embrumé par la passion.
— Il faut cesser, madame, ou je ne réponds plus de moi. Je serais capable de vous prendre ici, et ce serait par trop déshonorant. De surcroît, nos invités nous attendent. Nous devons regagner la grande salle.
Incapable de proférer un mot, Elizabeth se contenta d’acquiescer d’un hochement de tête. Machinalement, elle humecta ses lèvres gonflées par les baisers. Ce faisant, elle surprit le regard de Robert sur sa bouche, sentit en réaction le frémissement de son sexe à travers le tissu de ses braies.
Il laissa échapper un soupir contrarié.
— Nous reprendrons plus tard, messire, quand la fête sera terminée, murmura-t-elle d’une voix enrouée.
— Que Dieu me donne la force de patienter jusque-là !
Il la relâcha, s’écarta d’un bon pas, et se passa la main dans les cheveux, avant d’exhaler bruyamment. Le contact physique rompu, Elizabeth sentit ses jambes flageoler. Lair frais qui s’était remis à circuler entre eux lui rendit un peu de lucidité. Robert s’était à demi détourné, s’efforçant visiblement de se ressaisir lui aussi.
Y étant parvenu, il lui fit de nouveau face, se racla la gorge, et lui offrit son bras. Ils rebroussèrent chemin sans mot dire, mais chaque regard qu’ils échangeaient brûlait Elizabeth jusqu’au tréfonds de son être, et elle se demanda comment elle allait trouver en elle la force d’attendre encore.
C’était proprement inhumain !
— Une dernière chose, messire, reprit-elle en manière de représailles, alors qu’ils parvenaient en vue de la lourde porte en bois sculptée.
— Quoi donc, madame ?
— Quand le moment sera venu d’achever ce que nous avons commencé dans ce couloir, je ferai en sorte que votre attente soit largement récompensée, je vous le promets...
10
Alexandre tentait le diable en poursuivant son jeu de séduction avec Elizabeth, et il le savait pertinemment.
Appuyé contre le mur, son hanap à la main, il feignait d’observer ses invités qui festoyaient gaiement. Il se rendait bien compte que l’issue de la bataille qu’il livrait contre lui-même était de plus en plus incertaine.
Une petite voix intérieure qu’il ne connaissait que trop bien – celle qui le poussait depuis toujours à la facilité et lui chuchotait que la fin justifie les moyens – lui conseillait de tirer profit des circonstances et de continuer de faire l’amour à Elizabeth aussi souvent que possible. Elle arguait du fait que c’était ce que l’on attendait de lui en tant que mari.
Et, après tout, ils se plaisaient mutuellement. Il y avait entre eux une attirance puissante. Elle était toujours consentante et l’ancien Alexandre n’aurait eu aucun scrupule à la mettre dans son lit.
D’autant qu’on ne lui avait pas vraiment laissé le choix...
Mais une autre voix, inconnue celle-là, s’insurgeait depuis qu’il avait mis le pied à Dunleavy. Plus sa complicité avec Elizabeth allait grandissant, plus la voix protestait. Elle lui criait qu’il se servait d’elle sous de faux prétextes et, pour la première fois de sa vie, il
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