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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bagues en or massif. Elles attiraient le regard sur ses mains, et il sautait tout de suite aux yeux qu’il se rongeait les ongles.
    Ce gros paquet négligé m’accueillit sans manifester la moindre appréhension. Il rangea posément ses notes. J’avais vite tendu le cou pour voir s’il ne s’agissait pas d’une liste d’objets volés, mais c’eût été trop simple. Je me dis tout de suite que s’il y avait un sujet à éviter, c’était celui des courses, sinon je ne pourrais plus l’arrêter.
    Comme il venait de se mettre à pleuvoir et que des rafales de vent rabattaient la pluie sur nous, je suggérai que nous nous mettions à l’abri. Il me suivit tout naturellement à l’intérieur du temple. Nous passâmes devant les statues d’Auguste et d’Agrippa érigées dans le vestibule. Je n’entrais pas souvent au Panthéon, pourtant ces lieux avaient un effet calmant sur moi. Les dieux nous observaient paisiblement du haut de leurs niches.
    — Quel superbe édifice ! m’exclamai-je en levant les yeux vers les nuages peints au plafond.
    Dans la mesure du possible, je commençais toujours à rassurer mon suspect par un bavardage anodin, voire quelques plaisanteries qui lui faisaient baisser sa garde.
    — Ne trouves-tu pas que les proportions sont parfaites ? insistai-je. La hauteur du dôme est égale à son diamètre. (Florius ne prêtait aucune attention à mes paroles. Le Panthéon n’aurait pu l’intéresser que s’il avait été doté de quatre pattes et d’un caractère ombrageux.) Tu es un homme difficile à rencontrer, dis-je pour entrer dans le vif du sujet. (Il parut alors un peu nerveux.) Est-ce que des visiteurs importuns sont déjà venus t’ennuyer ?
    — Que veux-tu de moi ? demanda-t-il abruptement, après s’être éclairci la gorge.
    — Je suis Didius Falco. Un enquêteur privé chargé d’une mission spéciale. Mission qui concerne ton beau-père.
    — Oh, non ! s’exclama-t-il avec effroi.
    — Désolé ! Ça te pose un problème ?
    — Je ne veux même pas entendre parler de lui.
    — Je ne peux pas te donner tort, m’empressai-je de dire. Quand tu as découvert quel genre de parents t’avaient convaincu d’épouser leur fille, tu as dû te sentir piégé ? (Il n’abonda pas dans mon sens, mais ne protesta pas non plus.) J’ai tenu à te rencontrer, parce que je sais que tu es différent.
    — J’ignore tout des activités de mon beau-père.
    — J’en suis persuadé. Mais l’aurais-tu rencontré récemment… par hasard… demandai-je d’un ton plaisant.
    — Oh ! ne me mêle pas à tout ça ! plaida-t-il.
    — J’en déduis que vous vous êtes vus ? Il y a combien de temps ?
    — Il y a cinq ou six jours. (Intéressant. Il y avait exactement une semaine que Balbinus avait embarqué sur l’ Aphrodite à Ostie.) Il m’a bien recommandé de n’en parler à personne.
    — Ça tombe sous le sens. Tout de même, c’est drôlement déloyal de sa part de te compromettre.
    — Ah ! si seulement il pouvait disparaître à jamais.
    — On y travaille, rassure-toi.
    — Oh ? (Florius parut soudain déconcerté.) Je croyais que tu étais chargé d’une mission spéciale, mais tu appartiens aux vigiles ?
    — Pourquoi cette question ? Est-ce parce que tu penses que les vigiles ne dépensent pas beaucoup d’énergie pour coincer ton beau-père ?
    — J’ai toujours entendu mon beau-père dire qu’il les avait à sa botte, répondit-il sans hésiter.
    Ce qu’il m’avouait n’était pas une bonne nouvelle pour Rome. Et Rubella m’avait chargé d’y mettre bon ordre. Le témoignage de Florius allait le satisfaire. J’abordai le sujet avec prudence.
    — Tout ça va rester strictement entre nous. (Il m’adressa un regard reconnaissant. Florius était une âme simple.) Les vigiles sont eux-mêmes soumis à une investigation en ce moment. Tu comprendras que je ne puisse pas te donner de détails, mais je suis chargé personnellement de cette enquête… Et je pense que tu pourrais m’aider.
    — Je me demande bien comment !
    Ce gros trouillard avait visiblement envie de se cacher la tête dans un sac.
    — Balbinus n’a pas mentionné de noms, par hasard ?
    — Non, aucun.
    — Et t’a-t-il parlé de la façon dont il s’est enfui du navire qui devait l’emmener en exil ?
    — Non plus.
    — Alors peux-tu me dire ce qu’il te voulait ?
    — Il voulait simplement avoir des nouvelles de Milvia. Il adore sa fille.

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