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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’abord établi ce juteux petit commerce avait fini par englober les deux qui l’encadraient. Tout le monde connaissait la porte principale, mais au cours de notre surveillance, nous avions vu quelques-uns des malandrins entrer par une porte latérale beaucoup plus discrète. À l’opposé, nous avions également vu des femmes entrer ou sortir par une troisième issue. L’une d’elles était même encombrée de deux jeunes enfants. Il devait s’agir de l’entrée particulière des prostituées.
    Je vis aussi deux femmes arriver dans une litière et en sortir lentement en jetant des coups d’œil inquiets autour d’elles. Leurs tuniques épaisses balayaient le sol, et leurs têtes étaient enveloppées dans de grands châles. Après une brève hésitation, elles s’avancèrent vers la porte mystérieuse en se donnant le bras. Leurs sandales claquaient sur les pavés. L’une d’elles frappa bruyamment puis échangea quelques mots avec la personne qui lui ouvrit la porte et que je ne pouvais voir. Elles furent admises à l’intérieur.
    J’avais évidemment deviné le motif de leur visite. Une fille riche était tombée enceinte et, soutenue par une amie, elle était venue voir l’avorteuse du lupanar. Le Berceau de Vénus en employait forcément une.
    Ce qui me rendit vraiment malade, c’est qu’en dépit des précautions qu’elles avaient prises, j’avais reconnu ces deux femmes. La première était ma sœur Maia, et la seconde Helena Justina.

59
    Elles restèrent très longtemps dans cet établissement mal famé. Pendant tout ce temps, je restai à mon poste d’observation à ruminer des idées noires.
    Quand elles sortirent enfin, ce fut très hâtivement. Et j’entendis la porte claquer violemment dans leurs dos. Après s’être éloignées de quelques pas, elles restèrent plantées dans la rue, et leur discussion paraissait très animée. N’y tenant plus, je m’avançai dans leur direction. Maia fut la première à m’apercevoir.
    — Par tous les dieux ! Tu ne traînes pas encore au bordel ? ! cria-t-elle sans la moindre discrétion.
    — Oh ! tu es là ! s’exclama à son tour Helena, avec ce qui me parut être un certain soulagement.
    Soulagement qui ne put que me surprendre, car il cadrait mal avec la situation que j’avais imaginée. Je l’observai en train de resserrer sa cape autour d’elle. Elle pinçait légèrement les lèvres.
    — Je surveille les allées et venues, précisai-je, tout en réalisant que je l’avais à peine vue depuis deux jours.
    Ce matin-là, j’étais parti avant son réveil, et la veille, elle dormait déjà lorsque j’avais fini par rentrer. Seule une tunique sale abandonnée derrière moi avait pu lui apprendre que j’avais passé la nuit à la maison.
    N’obtenant pas de réponse, j’ajoutai :
    — Helena, je le fais parce que c’est important. Tu le sais bien.
    — Non, justement, je ne le sais pas ! s’exclama-t-elle en tapant du pied. J’avais besoin de te parler depuis avant-hier et ça m’a été impossible.
    — C’est vrai, je suis désolé.
    Je compris soudain que quelque chose clochait. Mon visage se figea. Le sien trahissait un mélange d’anxiété et d’irritation.
    — Tu vas bien ? croassai-je.
    — Nous avons eu très peur, mais ça va mieux.
    — Tu as été blessée ?
    — Il ne s’agit pas de cela.
    Ce fut Maia qui comprit la première en voyant mes poings crispés. Elle rejeta le capuchon de sa cape en arrière et ses boucles rebelles parurent en jaillir.
    — Par Junon ! Helena Justina, cet horrible salopard pense que tu viens de te faire avorter !
    — Oh ! merci, Maia. Tu as toujours eu le chic pour arranger les choses.
    — Comment as-tu pu penser une chose pareille, mon frère ?
    — C’est à cause de ce que Famia a dit.
    — Celui-là, je vais finir par le tuer ! promit Maia sans desserrer les dents. Et je te tuerai ensuite pour l’avoir cru.
    Puis ma sœur s’éloigna à grands pas en criant par-dessus son épaule :
    — Je vous laisse et j’emmène Galla, mais surtout, Helena, après lui avoir donné la punition qu’il mérite, parle-lui !
     
    Tout se mit soudain à tourner autour de moi, au point que je fus obligé de fermer un instant les yeux.
    — On a trouvé un bon endroit d’où effectuer notre surveillance. Tu veux venir à l’intérieur ?
    — Est-ce que ce sont là des excuses ? demanda posément ma bien-aimée.
    Je voyais briller au fond de ses grands

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