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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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j’aimais papoter. Sans compter qu’il me serait impossible de me glisser dans son bureau sans susciter toutes sortes de rumeurs.
    Heureusement, je pouvais parler à Helena. Titus avait beau m’avoir interdit de mettre quiconque au courant de ma mission, j’étais bien décidé à faire une exception pour elle. En dépit des nombreuses plaisanteries tournant autour des femmes laissées dans l’ignorance, un mari romain s’attend à ce que son épouse lui donne des enfants, garde les clefs des armoires, se querelle avec sa belle-mère et partage ses confidences. Brutus n’avait pas confié à Portia ses intentions lors des Ides de mars ; c’est pourquoi il a fini par se faire trucider.
    J’avais toujours partagé mes pensées avec Helena. Et vice versa. Elle me parlait de ses sentiments, des sentiments enfouis au plus profond d’elle, que personne n’aurait pu soupçonner. Moi, je n’avais pas besoin de lui dévoiler les miens, elle les devinait toujours. Mais je la mettais au courant de mon travail. Nous avions conclu un pacte de franchise. Et je n’allais laisser ni Titus ni Vespasien se mettre en travers.
    Je croisai un certain nombre de gens en chemin. Deux ou trois fois, je repérai de petits groupes qui ne m’inspirèrent aucune confiance. Ils étaient plantés devant les portes des boutiques fermées. Dans l’obscurité j’aperçus plusieurs silhouettes escalader des balcons, en route pour des cambriolages dans les étages supérieurs. Une femme m’interpella d’une voix rauque pour m’offrir ses services – une voix qui trahissait sa duplicité. Après l’avoir dépassée sans lui prêter la moindre attention, je repérai en effet son complice planqué dans une encoignure, prêt à sauter sur les jobards pour les détrousser. Une ombre chargée d’un gros balluchon se détacha silencieusement d’une carriole de livraison. En croisant la litière d’un richard, je remarquai que ses esclaves avaient des tuniques déchirées et des yeux au beurre noir. Ils avaient subi une attaque, malgré leurs gourdins et leurs lanternes.
    Rien que d’habituel à Rome. Pas pire que d’habitude. J’entendis finalement le bruit de bottes d’une patrouille de vigiles. Bruit qui déclencha un rire qui se perdit dans la nuit.
    Il y avait encore de la lumière dans la laverie. Les voix de Lenia et de Smaractus me parvinrent avec suffisamment de netteté pour que je me rende compte que leur diction à tous les deux était plutôt confuse et qu’ils se disputaient. Rien que d’habituel là aussi. Je passai la main par un volet entrouvert pour voler une chandelle et leur lançai un « bonne nuit » tonitruant, leur causant une vraie frousse. Mais ils étaient déjà trop ivres pour réagir. Lenia poussa un juron, et je fonçai dans l’escalier pour qu’ils n’aient pas le temps de m’inviter à me joindre à eux afin de discuter de leur cérémonie de mariage et de la couleur du mouton du sacrifice.
    La chandelle m’aidait à éviter les obstacles qui encombraient l’escalier, et mon propriétaire détesté devint le symbole de toutes mes frustrations et de tous mes problèmes. Je crois que s’il s’était soudain matérialisé devant moi, j’aurais été capable de lui défoncer le crâne…
    J’aperçus un mouvement suspect du coin de l’œil et posai machinalement la main sur mon poignard avant de penser qu’il s’agissait probablement d’un rat que je m’apprêtais à envoyer promener d’un coup de botte bien senti. Puis je distinguai la chienne bâtarde que Lenia appelait Nux. L’emballage squelettique d’espoirs mal placés gémit une seule fois à mon passage. Je continuai imperturbablement mon escalade sans lui accorder un deuxième regard.
    Quand j’arrivai enfin chez moi, Helena était déjà couchée. Une lampe encore allumée me permit de voir le bébé dans un grand panier qu’elle avait dû acheter chez le marchand d’en face. Il y paraissait en sécurité. Et je suppose qu’elle l’avait nourri, car il se tenait parfaitement tranquille, ne faisant entendre qu’un son assourdi qui pouvait exprimer sa satisfaction. Je le pris dans mes bras pour l’emmener sur le balcon dire bonne nuit à Rome. Il sentait le propre maintenant, et son haleine était légèrement parfumée au lait. La tête appuyée contre mon épaule, il émit une espèce de petit rot. J’en laissai échapper un à mon tour pour lui apprendre à roter correctement.
    Après l’avoir recouché dans son

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