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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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grand temps qu’ils rentrent à la maison.
    — Étiez-vous déjà passé ici plus tôt ?
    — Au début de la nuit. Il ne s’y trouvait pas. En général, il ne se passe jamais rien au Boarium. L’odeur suffit à éloigner tout le monde. Aucun homme ne voudrait amener sa petite amie ici !
    — Tu vois, me dit Petro, à quel point les amants deviennent exigeants.
    Le chef vigile lui jeta un regard éberlué avant de poursuivre :
    — Il n’y a rien à voler, et pour ainsi dire aucun risque d’incendie. Et on manque pas d’autres lieux qui posent des problèmes.
    — On est dans la onzième région. Pourquoi m’avoir demandé de venir ?
    — À cause du pot.
    — Ah, bon ? Et pourquoi ?
    — Une liste des choses volées à l’Emporium a été distribuée à toutes les cohortes hier. Une liste. Et on dit que c’est toi qu’il faut contacter pour ça. (Le vigile sourit légèrement. Il avait des dents tachées.) C’est vrai qu’on disait pas quoi faire au cas où l’urne funéraire serait occupée !
    Petronius garda un visage de marbre. Il plaisantait rarement quand il s’occupait d’un meurtre.
    — On mentionnait donc un pot comme celui-là sur ta liste ?
    — Autant que je me souvienne, il y avait écrit : « Série de récipients étrusques en bronze, comprenant des pichets et un bol à vin muni de deux anses. »
    — C’est parfait, mon vieux. Tu as le coup d’œil.
    Là-dessus, il revint vers nous. Nous avions suivi leur échange en silence. Il demanda confirmation à Martinus sans élever la voix.
    — Tu as aussi repéré un truc pareil sur la liste ?
    — C’est vrai que j’ai dressé cette liste, avoua Martinus en haussant les épaules, mais il y a tellement de choses dessus ! Et on ne m’a jamais demandé de l’apprendre par cœur. (Percevant la désapprobation flagrante de son chef, il ajouta :) C’est bien possible.
    — C’est toi l’expert en antiquités, Falco. Alors, il est étrusque ce pot, oui ou non ?
    C’était mon père, le spécialiste en bronzes, pas moi. Néanmoins, je m’approchai de l’objet en question pour l’examiner de plus près.
    Il s’agissait d’un grand bol muni de deux anses, comme l’avait précisé le vigile. Elles étaient fixées par deux petites plaques et décorées de têtes de satyres en relief. L’objet avait probablement été volé dans une tombe. Il aurait beaucoup plu à mon père. Quant à ma mère, elle aurait dit : « C’est bien trop joli pour qu’on s’en serve. »
    — Ce pot est très ancien et a beaucoup de valeur. Je n’oserais même pas y fourrer ma grand-mère préférée.
    Petronius me regarda, l’air on ne peut plus sérieux.
    — Alors qui abandonnerait un objet de si grande valeur, Falco ?
    — Quelqu’un qui en connaissait la valeur, précisément, répondis-je. On y a enfoncé la tête de cet homme pour envoyer un message. Il a été tué à cause du cambriolage, et voici qui le prouve.
    — Ça prouve quoi ? insista Fusculus.
    — Que maintenant, c’est eux les grands chefs, lui expliqua Petronius.
    — Alors, j’aimerais savoir de qui ils ont voulu se débarrasser, dit Martinus.
    J’essayai de faire glisser le pot du bout de ma botte. Sans succès. Je m’étais moi-même un jour fourré la tête dans un pot, et ma mère avait eu le plus grand mal à m’en libérer avec de l’huile. Rien que d’y penser, j’en avais encore des sueurs froides. J’avais naturellement pris une paire de gifles pour me remettre les idées en place dès que ma tête avait réapparu.
    Au moins, avec un mort, on ne risquait pas de lui arracher les oreilles au passage.
    Je m’accroupis pour saisir fermement les deux poignées et tirai d’un coup sec sur le récipient, pour ensuite le jeter au hasard sur les pavés ensanglantés. Mon père eût poussé des cris d’horreur. Et sans doute le propriétaire allait-il se plaindre de l’état dans lequel il allait récupérer son œuvre d’art. Quant à moi, je n’avais pas de ces états d’âme. Œuvre d’art ou pas, ce pot avait servi à torturer un être humain, ce qui ternissait sa beauté à mes yeux.
    L’idée de toucher le cadavre nous répugnait. Ce fut moi qui me décidai le premier à désentortiller la cape qui lui enveloppait la tête.
    Le visage était pâle mais ne portait aucune marque de sévices. Si cet homme avait été chaussé de ses bottes au lieu d’être pieds nus, je l’aurais probablement reconnu avant. Il

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