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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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écuyer.
    Il eut un mince sourire.
    —
    J'aimais Marshall autant que vous aimez Cavignac. Et il y a aussi mon bon serviteur, le prêcheur, envoyé rejoindre son Créateur avant l'heure.
    Cavignac leva la tête, terrorisé. Sanglier lui dit quelques mots rapides en français. Kathryn, d'après son geste, en déduisit qu'il lui ordonnait de garder le silence.
    —
    C'est une histoire intéressante. Que voulez-vous ?
    Sanglier retira ses mains de la table et Kathryn vit les empreintes de sueur sur le bois ciré.

    —
    Je pourrais exiger de savoir qui sont vos affidés à Londres, leurs noms, leur identité, leurs lieux d'habitation.
    —
    Impossible ! s'écria Cavignac. Nous signerions alors nos propres arrêts de mort !
    —
    Je le crois aussi, acquiesça Lord Henry en se frottant les mains.
    Mon prix est tout à fait clair : Henri Tudor!
    L'air surpris de Kathryn le fit sourire.
    —
    Le Tudor, insista-t-il. Le dernier prétendant lancastrien au trône d'Angleterre. Votre maître l'héberge et le soutient.
    —
    Il ne vous le livrera point, déclara Sanglier.
    —
    Ce n'est pas ce que nous demandons. Nous voulons qu'il le bannisse de France. Nous voulons qu'on nous garantisse que le Tudor ne sera plus le bienvenu chez votre souverain ni chez l'un de ses sujets. Vous pouvez l'informer, Messire, que tel est le prix !
    Kathryn baissa la tête. C'était donc cela, conclut- elle. Lord Henry avait peut-être voulu venger la mort de son écuyer assassiné, mais il avait attiré Sanglier en Angleterre pour le piéger. L'expulsion du Tudor hors de France était le véritable but de ce jeu subtil. Elle jeta un coup d'œil à Colum : il avait la tête dans les mains.
    Quand il la regarda, elle ne put que faire mine d'ignorer son air ébahi.
    En d'autres circonstances, elle se serait levée, l'aurait rejoint et aurait caressé son visage franc. Elle aurait embrassé son front et passé la main sur sa poitrine pour le réconforter. Elle lui aurait assuré que sa surprise n'était pas due à un manque d'intelligence mais plutôt à l'honnêteté de son cœur, peu au fait de ces manigances retorses.
    Sanglier, les yeux clos, agrippait le bord de la table.
    —
    Et si j'accepte? demanda-t-il d'une voix hésitante.
    Lord Henry se tourna vers Kathryn. Elle fit une moue mais le seigneur garda le silence, la priant du regard de trouver une solution.
    —
    Vous pourriez regagner Paris, suggéra-t-elle. Vous pourriez annoncer que les négociations ont été tout à fait satisfaisantes, que votre maître doit considérer qu'il existe une paix durable entre nos deux royaumes, que la mort de Marshall était une aberration et l'histoire du livre des codes pure imagination. Puis vous conseilleriez qu'on expulse Henri Tudor et qu'on lui interdise de chercher asile sur le sol de France.
    —
    Et la disparition de Delacroix ?
    —
    Un malheureux accident ; vous avez l'assurance qu'il n'y a eu nulle scélératesse. En contrepartie, s'empressa-t-elle de continuer, aucune allusion à vos trois victimes ne sera faite et vos liens avec Cavignac resteront secrets.
    —
    Comment pouvons-nous être certains que vous tiendrez parole à l'avenir ? coupa ce dernier.
    — J'en ferai serment, annonça Lord Henry.
    Il se leva, se rendit au fond de la pièce et posa la main sur la bible enchaînée sur son haut lutrin de bois.
    —
    Je jure par le saint nom de Dieu, sur l'âme de mon épouse, sur ma vie éternelle, que tout ceci sera oublié, déclara-t-il en tentant de dissimuler son amusement. Ce sera oublié comme si cela n'avait jamais eu lieu.
    Il laissa retomber sa main.
    — Pourtant vous ne me faites pas confiance, n'est-ce pas, Sanglier ?
    Aussi ne serais-je pas étonné si, peut-être d'ici à un an, vous et Cavignac renonciez au service royal. Mais Tudor doit être renvoyé avant la Noël. Vous pourrez vous rendre en toute sécurité à Douvres.
    La mort de Delacroix est une compensation suffisante pour celle du pauvre Marshall.
    Le vicomte regarda son compagnon qui acquiesça d'un signe de tête.
    — Dans ce cas, répondit-il en se levant, je ne vous serrerai point la main, Lord Henry, mais je serai parti avant la tombée de la nuit.
    Il se retourna et esquissa un salut à l'adresse de Kathryn.
    — Madame, dès votre arrivée céans, j'ai commencé à m'interroger.
    Vous me faites penser à un faucon pèlerin que j'avais autrefois. Vous vous installez et vous observez. C'est un talent précieux, bien que parfois dangereux.
    Il eut un léger

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