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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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notre roi. Vous êtes, ainsi que M. Cavignac, coupables de meurtre ! Nous vous attribuons la mort de M. Delacroix, sans parler de celle de l'homme connu sous le nom de prêcheur.
    Sanglier, frappé de stupeur, resta bouche bée. Cavignac faillit se jeter par-dessus la table, mais se souvint de l'endroit où il se trouvait.
    —
    On pourrait vous arrêter, reprit-elle. Vous pourriez réclamer l'immunité, or je ne pense pas que vous le ferez.
    — Je proteste !
    1. En français dans le texte. ( N.d.T.)

    Les deux hommes se levèrent.
    Kathryn détecta la peur dans leurs yeux.
    — Vous serez arrêtés à Douvres, insista Kathryn. Nous renverrons vos biens, y compris les robes de femme, les bijoux, le parfum et les fards. Notre noble roi Edouard demandera, dans une lettre ouverte adressée à votre souverain, pourquoi ses émissaires français transportaient de tels objets. Ne voulez-vous pas vous asseoir, Messires ? Vous ne devez point partir avant l'aube.
    Sanglier lança un coup d'œil à Cavignac, qui acquiesça d'un signe de tête. Ils reprirent tous deux leur place.
    —
    Nous ne sommes pas responsables, déclara Cavignac, de ce que vous avez trouvé dans les bagages de Delacroix.
    —
    Qui vous a dit que c'est là qu'ils étaient ?
    —
    Racontez-nous votre histoire, coupa Sanglier d'un ton sec.
    —
    William Marshall était un joyeux compère, commença Kathryn. Je le dis bien que je ne l'aie jamais vu. C'était un écuyer, dévoué à Lord Henry ici présent, et, je le gagerais, à son épouse. Il était homme à fréquenter les tavernes, à danser volontiers la gigue, à composer une ballade d'amour, à chanter de douces chansons. Il en vint à bien connaître les mauvais lieux de Paris où vivent toutes les créatures de la nuit, et les mystérieuses maisons dans lesquelles des hommes aux goûts déréglés peuvent assouvir leurs désirs. Plein de charme, le jeune William s'était lié d'amitié avec le roi des mendiants, qui est un habitué de tous les repaires, de tous les endroits secrets de votre grande ville.

    Le visage de Cavignac avait blêmi. « Il est inquiet, songea Kathryn, il sait que je dis vrai. » Et Sanglier ? La figure de goupil du vicomte était écarlate et ses yeux bleu clair jetaient des regards furtifs. « Il attendra que j'en aie fini, pensa la jeune femme, et, s'il le peut, se jettera sur moi. »
    Cavignac, décontenancé par le regard de Kathryn, s'agita, mal à l'aise.
    — Impliquez-vous qu'il a rencontré Delacroix ?
    —
    Non, monsieur\ c'est vous qu'il a rencontré, ou, ce qui est plus vraisemblable, il a appris votre secret.
    Cavignac fut sur le point de bondir.
    —
    Oh, de grâce, l'arrêta Kathryn d'un ton sec, assez de pantomime !
    Vous savez que c'est la vérité. Vous vous déguisez en femme, Cavignac. J'en suis sûre : une femme ne peut rien cacher à une autre...
    Cavignac se dressa, la main sur son poignard. Sanglier se leva et le repoussa.
    —
    Avez-vous des preuves, Maîtresse Swinbrooke ? s'enquit-il d'une voix rauque.
    —
    Oui, ses ongles, rétorqua Kathryn. Regardez-les : ils sont polis et propres. Il a ôté le fard. J'ai remarqué un reste de rouge à la commissure de ses lèvres. Mais, Messire le vicomte, vous savez tout ceci. Vous et Cavignac êtes amants.
    —
    Pouvez-vous le démontrer ? s'enquit-il avec calme en faisant signe à son compagnon de se taire et de rester assis.

    Kathryn regarda du côté de Colum et de Lord Henry pour y puiser la force de mentir.
    —
    Marshall a tout découvert et a noté ce renseignement dans un document officiel établi devant un notaire de la rue Saint-Antoine et signé par des témoins.
    Elle décida de frapper un grand coup.
    —
    Un prêtre qui hantait le même endroit. Le prêcheur a rapporté ce parchemin rédigé en langage codé dont il ignorait lui-même la valeur.
    —
    Voilà un passe-temps fort dangereux pour les serviteurs et les officiers du roi, murmura Sanglier.
    —
    Vraiment ? releva Kathryn avec un sourire. N'y en a-t-il point d'autres à la cour de France ? Ces inclinations existent aussi bien à Paris qu'à Londres. Des hommes qui ont envie d'être des femmes, qui tirent leur plaisir du corps d'autres hommes.
    Elle leva les yeux vers le plafond où le sculpteur avait ciselé des roses blanches et rouges aux pétales bordés d'or.
    —
    Notre sainte mère l'Église appelle ceci de la bougrerie et de la sodomie ; elles sont toutes deux réprouvées par la loi canon et par les ordonnances de votre

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