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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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d'œil torves à Colum comme si c'était un démon sorti de l'Enfer.
    —
    Je n'ai jamais apprécié les Irlandais, chuchota- t-elle. Et ça ne me plaît guère qu'il y en ait dans ma chambre.
    Murtagh haussa les épaules et s'éloigna.
    Mathilda saisit la main de la jeune femme en la scrutant de ses yeux chassieux.
    —
    Maîtresse Kathryn, on vous dit médecin. Alors, pouvez-vous me guérir ? demanda-t-elle avec une pointe de raillerie.
    —
    Je ne le peux. Je ne suis point ici pour cela mais pour découvrir qui a assassiné votre fils.
    Kathryn regretta ses mots. A peine les avait-elle prononcés que la malade rejeta la tête en arrière et se mit à se lamenter en criant :
    —
    Que va-t-il m'arriver ? Que va-t-il m'arriver ?
    L'apothicaire parvint enfin à l'apaiser.
    —
    Que s'est-il passé ici ce matin ? questionna-t-elle.
    —
    J'ai le sommeil très léger, répondit Mathilda en hochant la tête comme si elle s'adressait à son bonnet. Maître Adam était debout tôt, bien avant l'aube. Il est venu me narrer la mort d'Elias et d'Isabella.

    Bon débarras, ajouta-t-elle en reniflant, je ne les ai jamais aimés.
    Vous comprenez, Maître Elias faisait toujours payer plus cher qu'il n'aurait dû...
    — Oui, oui, l'apaisa Kathryn. Et qu'a dit Adam ?
    — Qu'il avait reçu un message de Lord Henry.
    Elle renifla derechef.
    —
    Les deux corps devaient être portés au manoir. Un médecin - il devait parler de vous - était arrivé pour les examiner. Il est donc parti.
    — Cette porte latérale était-elle fermée ?
    —
    Oh, bien sûr ! Adam la fermait, tournait la clé de ce côté-ci, sortait par l'escalier extérieur, descendait et faisait le tour jusqu'à la porte de derrière.
    Mathilda s'exprimait comme si Kathryn était sourde.
    —
    Il rentrait par la cuisine et, avant de s'en aller, vérifiait toujours qu'on ne pouvait accéder à sa précieuse chambre des poudres. Je l'entendais tourner la clé de l'huis de derrière puis il partait vaquer à ses affaires comme à l'ordinaire. Vous savez, je suis contente, continua-t-elle à jacasser, que mon fils ait connu un peu de bonheur avant de mourir. Son affreuse femme était une souillon, elle ne valait pas mieux qu'une souillon de taverne.
    —
    Allons, intervint le père Clement, il ne faut pas dire du mal des morts.
    —
    Donc ce matin, insista Kathryn, votre fils, Adam, a fermé la porte intérieure et est passé par l'escalier extérieur. L'avez-vous entendu partir ?

    — Je l'ai entendu, puis j'ai un peu somnolé.
    — Quelqu'un est-il monté céans ?
    —
    Et pour quoi faire ? Je vous ai dit qu'une mouche me réveille ! Si quelqu'un avait franchi cette porte et essayé de manœuvrer cette clé, je l'aurais vu, et je l'aurais sans nul doute ouï !
    —
    Et il ne s'est rien passé de bizarre le reste de la matinée ?
    —
    Non. Mon fils est rentré. Je pensais qu'il allait monter mais il ne l'a point fait. Alors je me suis dit qu'il valait mieux le laisser tranquille. Il appréciait quelques moments de solitude. Oui, je l'ai entendu dans la cuisine puis dans le couloir. J'ai aussi entendu l'huis de la chambre des poudres s'ouvrir et se fermer. J'ai pensé que quand il en aurait terminé là-bas, je sonnerais ma clochette. Il est bon qu'un homme soit seul parfois, n'est-ce pas, Maîtresse Swinbrooke ?
    Kathryn la calma et quitta la pièce, suivie par la petite troupe. Elle descendit, inspecta la cuisine, le tonnelet de bière et le pichet puis décrocha la chope incriminée. Elle était lourde. Elle la mit dans un seau d'eau.
    — Je crois qu'il vaut mieux la laisser là. Maître Walter, veuillez faire un inventaire soigneux de ce qui se trouve dans cette maison et sceller la chambre des poudres.
    — Je ne peux mettre des scellés sur ce logis comme chez Elias, objecta-t-il. Il faut d'abord s'occuper de Maîtresse Mathilda.
    — Je m'en charge, intervint Amabilia. Quelques-uns parmi nous lui rendront peut-être visite.
    Kathryn acquiesça et alla à nouveau examiner la dépouille.

    — Tenez les autres à l'écart, souffla-t-elle à Colum.
    Il s'exécuta avec diplomatie et les regroupa devant la porte pendant que sa femme regagnait la chambre des poudres. Elle observa le cadavre, le tabouret, la flaque de bière empoisonnée à la forte odeur de levure qui avait dû masquer celle du toxique.
    La voix du père Clement lui parvint :
    —
    Souperez-vous à l'église ?
    —
    Oui, oui. Je serai honorée d'être votre invitée, répondit-elle par-dessus son

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