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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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le couloir embaumé d'herbes aromatiques. Cuisine et resserre avaient été récurées et on avait éparpillé des herbes sur le dallage. La porte de la chambre des poudres pendait encore de guingois sur ses gonds. Une fois entrée, Kathryn sentit ces odeurs que sa propre apothicairerie d'Ottemelle Lane lui rendaient si familières. Là aussi, tout était rangé et les étagères divisées en sections autour de la pièce portaient des étiquettes distinctes. Plantes pour les enfants, pour les accouchements, pour les animaux de la ferme. La jeune femme ne s'attarda pas mais s'accroupit près du corps étendu sur les dalles.
    Quelqu'un l'avait dissimulé sous une couverture qu'elle repoussa.
    Adam gisait la tête un peu de côté comme pour la regarder, les yeux ouverts, révulsés, et la bouche béante. Une écume blanche gouttait de la commissure de ses lèvres et tachait le sol. Son teint était d'une pâleur mortelle et on aurait dit qu'on avait barbouillé ses joues d'une poudre violette. Elle tâta le cou : la peau était moite et froide ; les épaules et les doigts commençaient à se raidir. Elle ramassa la chope et l'examina. L'odeur âcre la convainquit. C'était la même que sur Elias le forgeron.
    —
    De la belladone, murmura-t-elle. On en a versé dans son gobelet.
    Elle vit qu'on avait renversé le trépied et, contournant avec précaution la flaque de bière empoisonnée, le redressa et s'y assit en serrant la chope.
    —
    Adam est venu ici ce matin, sans doute après être rentré de Walmer, déclara-t-elle à ceux qui l'entouraient. Il voulait s'isoler et s'est installé céans pour déguster sa bière. Il a fermé et verrouillé la porte, ce qui a scellé son destin. Il a dû ne disposer que de peu de temps pour appeler à l'aide.
    Elle huma le gobelet.
    —
    C'était une infusion puissante. Il s'est senti soudain mal, les nausées ont commencé et les effets ont été violents. Adam a été pris d'étourdissements et de faiblesse, les jambes lui ont manqué, il s'est écroulé, paralysé. C'est pour cela qu'il n'a pas pu atteindre l'huis pour donner l'alarme. Où tirait-il sa bière ?
    —
    À la cuisine. Venez, Maîtresse Swinbrooke, proposa le sergent qui paraissait s'être un peu radouci, je vais vous montrer.
    Ils revinrent tous dans le couloir. Kathryn aurait aimé que Walter éloigne les autres, mais elle ne voulait pas les offenser, aussi les autorisa-t-elle à rester autour de la table pendant qu'elle examinait le pichet de bière et le tonneau d'où elle provenait.
    —
    Aucun des deux n'est souillé, annonça-t-elle enfin. Alors comment est-ce arrivé ?
    On cria, juste au-dessus de leurs têtes. Kathryn n'y prit pas garde.
    Elle remarqua une étagère à crochets fixée en hauteur sur le mur de la cuisine. Trois chopes y étaient appendues. Le quatrième crochet était vide. Elle sortit, répandit ce qui restait de la bière empoisonnée sur le sol, revint et suspendit le gobelet au crochet vide.
    —
    Voilà un vrai mystère. Adam vient ici, décroche la chope et la remplit de la bière qu'il a prise dans le pichet tiré au tonnelet de la resserre. Puis il se rend dans sa chambre des poudres. Il veut y être seul et s'y enferme. Sans nul doute préoccupé, il est probable qu'il médite sur les trépas mystérieux d'Elias et de son épouse, la veille. Il boit, s'empoisonne et périt sans alerter quiconque. Le plus étrange, c'est la façon dont la boisson a été altérée.
    —
    Peut-être l'a-t-il fait lui-même, intervint grand- mère Croul qui se tenait derrière les autres.
    Walter le sergent se retourna et eut un claquement de langue désapprobateur.
    —
    Quelqu'un a dû verser le toxique dans la chope, dit Ursula.
    —
    Certes, admit Kathryn, mais comment pouvait-on savoir qu'Adam choisirait cette chope-là ce matin ? De plus, la maison ne dispose que de deux entrées. Une derrière...

    —
    Et Adam la gardait toujours close à cause de ses précieuses poudres ; il ne laissait jamais traîner la clé ! s'exclama Walter.
    —
    Et si quelqu'un avait fait irruption céans hier, ou ce matin, alors qu'Adam se trouvait au manoir, l'apothicaire, étant un homme fort méticuleux et ordonné, l'aurait remarqué.
    — Quant à l'escalier extérieur qui donne accès à l'autre entrée, déclara le père Clement, il est très raide. Autrefois je rendais visite à Maîtresse Mathilda ; à présent je ne le puis.
    Il se pencha et se frotta les genoux.
    — De l'inflammation, de vraies piqûres

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