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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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lampe rouge luisait devant elle, lueur ardente et pourtant douce. L'air sentait la cire d'abeille et les cierges parfumés, et l'encens pénétrant rappelait constamment la sainteté du lieu.
    Kathryn laissait le prêtre bavarder... son église, ses peintures, ses sculptures et ses statues lui plaisaient tant ! Il les conduisit dans la sacristie pour leur faire admirer chapes et chasubles, étoles et aubes, et le grand coffre de bois gravé qui contenait les documents de la paroisse.
    —
    Et le tableau représentant Daniel ? intervint Kathryn.
    —
    Ah oui ! Venez, je vais vous le montrer.
    Ils redescendirent la nef vers l'entrée principale. L'artiste, avec naïveté mais en couleurs éclatantes, avait dépeint l'histoire du prophète Daniel tirée de l'Ancien Testament. Conseiller du roi jeté dans la fosse aux lions, il en était sorti sain et sauf. Sur le mur du fond, on voyait le célèbre banquet païen au cours duquel la main de Dieu avait écrit les mots - noirs sur fond d'argent - condamnant le roi et tout son royaume à la destruction : « Mane, thecel, phares. » Kathryn se fit la réflexion que même un illettré aurait pu recopier ces symboles.
    —
    Mais quelqu'un dans la paroisse pouvait-il savoir ce que cela signifiait ? s'étonna Colum. Dans une langue que je n'ai jamais entendue ?
    Sa femme désigna le bas du tableau où, en or sur vert foncé, se trouvait la traduction :
    Compté, pesé, divisé.
    —
    Ils étaient griffonnés sur le dallage, là, sur le seuil, expliqua le prêtre. Ni Simon ni moi ne les avons vus. C'est Benedict, le premier arrivé à la messe du dimanche, qui les a remarqués et a donné l'alarme.
    —
    Pourquoi les a-t-on inscrits, à votre avis ?
    —
    Je ne sais, répondit le père Clement en passant la main dans ses cheveux clairsemés, je ne sais vraiment pas. Pas plus que la raison pour laquelle je devrais être harcelé, ni celle pour laquelle le prêcheur, s'il s'agit de lui, aurait maille à partir avec moi. Vous avez rompu le pain avec moi, Maîtresse Swinbrooke, vous avez pris place à ma table et avez écouté bavarder mes ouailles. Toute paroisse ressemble à un étang dormant : calme et tranquille à la surface. Par contre prenez un bâton et agitez-le dans l'eau : moult choses hideuses remontent à la surface.
    Il montra une cathèdre installée contre un pilier, de l'autre côté duquel se trouvait un prie-Dieu.

    —
    Je m'assieds là pour les entendre en confession. Vous seriez étonnée d'apprendre tout ce qui se passe dans un endroit comme Walmer. Haine exacerbée, ressentiment, jalousie. Comptes à régler, vieilles rancunes cultivées et entretenues, mots blessants affûtés comme un archer appointe sa flèche. Que Dieu ait pitié de nous. Ce sont de bonnes gens, généreux, qui assistent aux offices et essaient de bien se conduire, mais c'est comme...
    Son regard se perdit dans l'ombre.
    —
    ... c'est comme si ça allait mal parce que ça va mal ! C'est ce qu'a dit saint Augustin, n'est-ce pas ? Nous cherchons Dieu, nous aspirons au bien, néanmoins nous ne sommes onc en harmonie ni avec nous-mêmes, ni avec nos voisins, ni avec notre monde, ni avec notre Dieu. Il en va de même à Walmer. Pour vous répondre sans détour : oui, j'ignore pourquoi on a gribouillé ces mots, pourquoi on a envoyé ce message. Il se peut que quelqu'un ait un différend à régler avec moi ou avec un autre. Au moment où cela s'est passé, j'étais fort en colère et j'ai prononcé un de mes sermons les plus sévères. Mais, avant que le conseil paroissial se soit réuni, j'avais recouvré mon calme. Amabilia parvient toujours à tempérer ce qui était naguère une langue acérée !
    —
    Et Lady Mary ? demanda Kathryn.
    Elle glissa son bras sous celui du prêtre pour l'attirer vers elle en un geste amical qu'il apprécia. Il lui prit la main et la tapota.

    —
    Vous vous êtes montré très hospitalier, mon père, et il me déplaît de vous interroger sur les ragots du village, s'excusa la jeune femme.
    Mais, il y a un an, Lady Mary est tombée de la falaise.
    Le père Clement hocha la tête.
    —
    Pauvre femme ! C'était un accident ! Vous savez, c'est Amabilia qui a habillé le corps. Lady Mary avait le visage tuméfié et de terribles blessures au ventre et aux jambes. Vous comprenez, elle avait été coincée entre les rochers et la mer, et ballottée d'avant en arrière.
    D'une certaine façon, Lord Henry a eu de la chance : s'il n'y avait pas eu de rochers, sa

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