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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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telle force que le vin déborda.
    —
    Voilà qui est inutile, Messire, commenta Lord Henry en ouvrant les paupières et en tendant la main. Vous êtes mon invité. Je vous assure que je ne suis pour rien dans le décès de votre compagnon.

    Le vicomte refusa la main mais accepta les excuses. Lord Henry fit évacuer la pièce et la galerie des ménestrels. Puis il ordonna d'apporter de nouveaux gobelets et de mettre en perce un autre tonneau de vin. Il but le premier pour rassurer ses hôtes puis les servit. On ne pensait plus à se restaurer. Le seigneur protesta de sa bonne foi en faisant remarquer que la coupe de vin empoisonné avait été emportée de la grand-salle par Delacroix en personne.
    —
    Il a sur-le-champ regagné sa chambre, n'est-ce pas ?
    —
    Je ne l'ai point accompagné, déclara le clerc français, les yeux aux aguets dans son visage efféminé.
    Kathryn remarqua que le col de sa chemise était bordé de dentelle. Il avait oint sa chevelure noire qui bouclait sur ses joues comme celle d'une bachelette. Il portait une boucle à un lobe et des bijoux étincelaient sur ses doigts déliés et délicats. Cavignac lui adressa un sourire.
    —
    Je vous affirme, Maîtresse Swinbrooke - et je vous connais, avec votre regard sévère -, que Delacroix s'est rendu seul dans sa chambre. Il portait sa coupe de vin. Il nous est habituel, et Messire le vicomte ne me démentira pas, de nous méfier de la nourriture et de la boisson quand nous sommes dans une maison étrangère.
    Lord Henry lui jeta un coup d'œil torve.
    —
    Dans ce genre d'endroit, continua Cavignac d'un ton vif, nous tastons le vin et refusons tout gobelet qui a un goût étrange. De plus, mon compagnon, comme moi, a toujours laissé sa main sur sa coupe
    ; c'est une habitude assez répandue.

    Même Lord Henry dut en convenir.
    —
    Il est donc reparti sans encombre dans sa chambre ? questionna Kathryn.
    Lord Henry prit la clochette dissimulée derrière le gobelet sur la table et la secoua avec fureur. Le chambellan surgit et son maître lui donna un ordre d'un ton sec. Quelques instants plus tard, un écuyer armé fit irruption dans la salle, vêtu de la livrée de Walmer, ceinturon bouclé à la taille, une paire de gantelets dans une main, l'autre posée sur le pommeau de son épée.
    — Ah, Stephen !
    Lord Henry lui fit signe d'approcher. L'homme voulut mettre un genou à terre mais le seigneur secoua la tête.
    —
    Vous montiez la garde devant la chambre de Delacroix, n'est-ce pas ?
    — Oui, Monseigneur.
    — Et vous l'avez vu y entrer ?
    — Oui, Monseigneur.
    — Portait-il un gobelet de vin ?
    L'écuyer acquiesça à nouveau.
    — Et il n'était point altéré, ajouta-t-il.
    —
    Comment pouvez-vous dire cela ? s'étonna Sanglier, en plissant les yeux et en passant avec fureur les doigts dans sa barbe taillée court.

    —
    Messire, il m'a tendu sa coupe pour ouvrir l'huis. J'avais soif. Le Français a dit que si je voulais je pouvais en boire une gorgée. Je l'ai fait ; ce n'est qu'alors que j'ai compris...
    —
    Que vous goûtiez le vin pour lui ? intervint Kathryn.
    —
    Oui. Le Français m'a repris la coupe et m'a souri. Il a dit qu'il ne faisait jamais confiance aux Anglais coés5 et a claqué la porte. Je l'ai entendu tirer les verrous et tourner la clé. Je suis resté là jusqu'à ce que vêpres sonnent, c'est-à-dire quand le capitaine des gardes m'a dit qu'on n'avait plus besoin de moi car le Français allait descendre ici pour assister au banquet.
    — Et vous avez alors quitté votre poste ?
    — Oui, Monseigneur.
    L'homme désigna Sanglier.
    —
    Au moment où celui-ci et l'autre arrivaient dans la galerie. En descendant l'escalier, je les ai ouïs tambouriner à l'huis, en appelant leur compagnon par son nom. J'ai pensé qu'il s'était endormi. Ma tâche avait pris fin.
    —
    Et personne n'a rendu visite à Delacroix dans sa chambre ?
    interrogea Kathryn.
    L'écuyer regarda son maître qui lui fit signe de répondre.
    —
    Personne n'est entré chez lui pendant que je montais la garde et le Français n'est point sorti. Je l'ai entendu se déplacer, puis ce fut le silence.

    5 On disait que les Anglais étaient pourvus d'une longue queue. (N.d.T.) 5 En français dans le texte. ( N.d.T.)
    5 Frère mineur du xiif siècle, né à Celano, auquel on attribue le Dies irae. (N.d.T.) Kathryn se remémora la pièce avec son plancher ciré et son lourd ameublement.
    — Y a-t-il une autre entrée, Monseigneur ?
    —
    Bien

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