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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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compte à tous deux ?
    —
    Ce que Monseigneur veut dire, s'entremit Colum, c'est qu'il y a eu une mort des plus infortunées, des plus regrettables. M. Delacroix a été empoisonné. Nous ignorons s'il s'est suicidé ou si quelqu'un l'a tué. Et, dans ce cas, s'il s'agit de celui qui assassine les villageois ou d'un habitant du château.
    —
    Pourquoi Delacroix aurait-il mis fin à ses jours ? railla Cavignac. Il aimait la vie et en savourait chaque goutte. Il était heureux et satisfait.
    —
    Pas assez, pourtant, releva Kathryn avec calme, pour dormir paisiblement. Et le sachet de valériane ?
    —
    Il dormait mal parce qu'il avait des scrupules, Maîtresse Swinbrooke. Avez-vous remarqué sa façon de s'habiller ?
    —
    En effet, davantage comme un dominicain que comme un ambassadeur du roi de France.
    —
    Il avait été destiné à la prêtrise, expliqua Cavignac.
    Kathryn se fit la réflexion que son anglais, comme celui de Sanglier, était presque parfait. Elle aurait aimé en savoir plus sur ces deux hommes intelligents dont les réactions la laissaient perplexe. D'une part, ils semblaient affectés par la disparition de leur compagnon, d'autre part, excepté leur accès de rage initial, ils restaient maîtres d'eux-mêmes, calmes et sûrs d'eux.
    —
    Et ? demanda-t-elle.
    —
    Il n'est pas devenu dominicain comme il l'avait juré à ses parents.
    Ils sont morts avant qu'il ait prononcé ses vœux solennels et il a quitté son ordre. Cette affaire le mettait toujours mal à l'aise. Le jour, on ne pouvait trouver esprit plus vif et homme plus avisé.
    Cavignac sirota une gorgée de vin.
    —
    Mais la nuit, ou quand il était seul, il était différent. Ce qui explique la valériane, ajouta-t-il en haussant les épaules.
    —
    J'aimerais fouiller sa chambre.
    — Impossible, se rebiffa Sanglier en redressant la tête. C'était un envoyé français officiel. Son appartement contient certains documents...
    —
    Je le dois, insista Kathryn. Monsieur le vicomte, vous ne pouvez rester assis céans, à taper du poing sur la table, à exiger la justice, la vérité, des réponses et, quand je veux vous aider, me mettre bâton en la roue.
    Sanglier ouvrit la bouche pour répondre, puis s'essuya les lèvres du dos de la main et jeta un coup d'œil en coin à son compagnon.
    —
    Faisons un compromis, proposa Murtagh. Pourquoi Lord Henry et moi-même ne fouillerions-nous pas la chambre en votre présence à tous deux ?

    Sanglier accepta après avoir hésité un instant et les quatre hommes sortirent. Quand ils furent partis, Kathryn repoussa sa chaire et se leva pour examiner la tapisserie de plus près. Elle étudia les différentes couleurs, des rouges foncés, des bleus, et s'émerveilla devant la façon dont l'artiste avait rendu la sombre atmosphère du Calvaire, la colline aux trois croix, le Christ torturé descendu de la croix et reposant dans le giron de sa mère. Elle se retourna et contempla le parquet ciré. « Qu'avons-nous ici ? » s'interrogea-t-elle à voix basse. Elle revint vers la table et remplit son gobelet de vin. Le feu commençait à s'éteindre. Elle réprima un frisson. Le solar, frappé à présent par la glaciale malemort, n'était plus ni chaud ni accueillant.
    Elle s'assit et essaya de rassembler ses idées.
    « Un Français est descendu quérir un gobelet de vin, résuma-t-elle. Il est prudent, méfiant et rusé. Il pose la main sur sa coupe et regagne sa chambre. Il autorise le garde qui se trouve devant sa porte à avaler une rasade et celui-ci ne ressent nul effet fâcheux. Delacroix entre dans sa chambre, ferme la porte à clé et tire les verrous, ajoute un peu de valériane à sa boisson et s'endort d'un sommeil qui s'avère être éternel. On ne peut le réveiller et nous le découvrons empoisonné. Il n'y a pas d'entrée secrète. » Elle se souvint de la fenêtre. « Oui, mais personne n'aurait pu s'introduire par là. »
    — Kathryn ?
    Colum se tenait sur le seuil. Il s'avança en tirant sur un fil lâche de son pourpoint. Puis il prit place au haut bout de la table, dans la chaire de Lord Henry, la fit pivoter pour pouvoir étendre ses longues jambes et regarda sa femme.
    — J'ai trop bu ; je suis fatigué.
    — Et la chambre du Français ?
    Murtagh secoua la tête.
    —
    Mis à part la valériane, que voulez-vous trouver dans le logis d'un clerc ? Des habits, des documents, mais rien de bizarre. Il a été assassiné, Kathryn, n'est- ce pas ?
    —
    C'est ce que je disais,

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