Le Testament Des Templiers
été dommage de troubler le bruit du vent dans les feuilles. Sur les hauteurs de la falaise, ils avaient le privilège d’être au royaume du faucon, le royaume de Dieu.
« Regardez cet arbre ! Reposons-nous ici », dit Bernard au bout d’un moment.
Sur un large rebord dominant la vallée, il y avait un vieux genévrier noueux qui semblait sortir des rochers. Ses branches tordues offraient une zone d’ombre fraîche. Ils s’assirent, adossés au tronc rugueux, et continuèrent à profiter du silence.
« Voulez-vous que nous rentrions ? » demanda Abélard après un laps de temps.
Bernard se leva et scruta le chemin devant eux en abritant ses yeux du soleil pour apercevoir le haut des falaises.
« J’ai dans l’idée qu’il devrait être possible de rentrer à l’abbaye en continuant, en trouvant une montée facile jusqu’au sommet et en traversant la prairie pour arriver au nord de l’église. Vous sentez-vous à même d’essayer ? »
Abélard sourit.
« Je ne suis pas en aussi bonne forme que vous, frère, mais tout de même assez pour cette entreprise. »
Le chemin devant eux s’avéra plus rude que prévu, et leurs pieds en sueur commençaient à glisser dans leurs sandales. Juste au moment où Bernard se demandait s’il était raisonnable de continuer, ils entendirent un délicieux clapotis. Après le tournant, une petite cascade scintillait au soleil comme un ruban de pierres précieuses. L’eau frappait le rebord et dévalait au-dessus des falaises.
Ils recueillirent l’eau pure et fraîche dans le creux de leurs mains et la burent avidement. Le chemin qu’ils avaient choisi était peut-être le bon.
La marche était pénible et la corniche quelque peu glissante, mais ils étaient bien décidés à trouver leur raccourci, heureux de constater que leur corps ne les trahissait pas. Des mois auparavant, ils étaient si faibles qu’ils pouvaient à peine quitter leur lit. Aujourd’hui ils étaient reconnaissants de pouvoir enfin se déplacer, même dans des conditions si difficiles.
Par chance, ils tombèrent sur une deuxième cascade, ce qui leur permit de boire une nouvelle fois à satiété. Bernard essuya ses mains sur son habit et tendit le cou.
« Là, dit-il en montrant du doigt. Un peu plus loin, il doit y avoir un passage nous permettant d’arriver en sécurité au sommet. »
À l’endroit indiqué, Bernard mit ses mains sur ses hanches et demanda à Abélard s’il se sentait prêt pour l’ascension.
« Je suis prêt, bien que cette montée me paraisse plutôt longue.
– Ne vous en faites pas. Dieu veillera à ce que nous restions bien attachés au firmament, dit Bernard gaiement.
– Si l’un de nous doit s’envoler, prions que ce soit moi et non vous », répondit Abélard.
Bernard ouvrit la marche, cherchant le chemin qui pouvait ressembler le plus à un escalier. En nage, respirant difficilement, il se hissa au niveau suivant et s’arrêta net.
« Abélard, cria-t-il. Faites attention à cette pierre branlante, mais venez vite ! Il y a quelque chose de merveilleux ! »
Il y avait un trou béant dans la falaise, large comme un lit d’homme, aussi haut qu’un enfant.
Bernard tendit la main pour aider son aîné à monter.
« Une grotte, s’exclama Abélard, à bout de souffle.
– Allons l’examiner, dit Bernard, tout excité. Au moins, nous y trouverons un peu de fraîcheur. »
Faute de lampe, ils devaient compter sur la lumière du soleil pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. La lueur jaune n’éclairait la grotte que sur un ou deux mètres avant de laisser la place à l’obscurité. Après s’être faufilés à l’intérieur, ils purent facilement se tenir debout. Bernard fit quelques pas timides vers l’intérieur et aperçut quelque chose à la limite de la partie éclairée.
« Mon Dieu, Abélard ! Regardez ! Ce sont des fresques ! »
Des chevaux au galop.
Des bisons en train de charger.
La tête d’un énorme taureau noir au-dessus.
Les créatures disparaissaient dans le noir.
« Un peintre est venu ici, bafouilla Abélard.
– Un génie, reconnut Bernard. Mais qui ?
– Pensez-vous que ça date de l’Antiquité ? demanda Abélard.
– Peut-être, mais je n’en sais rien.
– Les Romains étaient ici en Gaule.
– Oui, mais je n’ai jamais vu de statue ni de mosaïque romaine qui ressemble à ça », dit Bernard.
Il regarda dehors, de l’autre côté de la
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