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Le Testament Des Templiers

Le Testament Des Templiers

Titel: Le Testament Des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
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strict que toi !
    – Ah oui, il paraît qu’on dit ça de moi », dit Bernard.
    Son regard baissé ne permettait pas de savoir s’il regrettait l’austérité qu’il avait imposée à sa communauté, ou le peu de cas que Barthomieu faisait de la situation.
    « De quoi est faite la vie ici, mon frère ? Est-ce que tu sers pleinement le Christ ?
    – Je le crois, mais j’ai peur que tu ne trouves ma satisfaction suspecte. J’aime beaucoup la vie que nous menons, Bernard. Je sens que j’ai trouvé ma place.
    – Que fais-tu en plus de la prière et de la méditation ? Tu as une tâche particulière ? »
    Il se souvenait de l’aversion de son frère pour le travail manuel.
    Barthomieu reconnut qu’il préférait les travaux d’intérieur. Son abbé l’avait dispensé de planter et de récolter. Il y avait une petite salle d’écriture à Ruac qui produisait des copies de La Règle de saint Benoît , lesquelles leur rapportaient des sommes non négligeables, et il avait fait son apprentissage auprès d’un vénérable moine qui avait une main habile. Il aimait également s’occuper des malades, comme pouvait en témoigner Bernard. Il assistait frère Jean, l’infirmier, et passait au moins une heure par jour à s’affairer dans l’infirmerie. Il s’assurait que les feux étaient alimentés, allumait les chandelles pour matines, nettoyait les cuvettes qui avaient servi aux saignées, lavait les pieds des patients et débarrassait leurs vêtements des puces.
    Il souleva Bernard pour l’aider à se mettre debout, et laissa ce véritable squelette s’appuyer sur lui pendant qu’il lui tenait l’urinoir. Il commenta avec enthousiasme l’écoulement amélioré et la couleur de l’urine de son frère.
    « Viens, dit Barthomieu quand ce fut terminé, nous allons faire quelques pas ensemble. »
    Au cours des semaines suivantes, les quelques pas se multiplièrent et Bernard fut même capable de faire de petites promenades dans l’air printanier et de commencer à assister à la messe. Le vieil abbé, Étienne, et son prieur, Louis, étaient tous deux bien ancrés dans les anciennes coutumes bénédictines, et s’avouaient entre eux quelque peu effrayés par cet estimé jeune homme. C’était un tison brûlant, un réformateur, et leurs esprits provinciaux n’étaient pas à la hauteur de son intellect et de son pouvoir de persuasion. Ils espéraient qu’il se contenterait d’être un humble invité, et qu’il les laisserait garder leurs tonneaux de vin et leur chère sœur Clotilde.
     
    Un jour qu’ils se promenaient dans le pré, tout proche de l’infirmerie, Barthomieu désigna la construction basse et dit :
    « Tu sais, Bernard, il y a là un ecclésiastique envoyé à Ruac pour se remettre d’une horrible blessure. C’est le seul homme que je connaisse qui soit ton égal en matière de conversation, de savoir et d’érudition. Peut-être, lorsqu’il ira mieux, tu aimerais faire sa connaissance, et lui, la tienne. Il s’appelle Pierre Abélard et, même si tu désapprouveras formellement certains épisodes de sa vie tumultueuse, tu le trouveras certainement plus stimulant que ton frère si ennuyeux. »
    À peine informé de la présence de cet homme, Bernard ne cessa plus de se demander qui était cet Abélard. Tandis que le printemps tournait à l’été et qu’il retrouvait ses forces, chaque fois qu’il se promenait dans les jardins de l’abbaye, il regardait par les fenêtres cintrées de l’infirmerie, espérant apercevoir le mystérieux personnage. Finalement, un matin après les prières, Barthomieu lui dit qu’Abélard avait réclamé sa visite. Mais auparavant, il importait que son frère connaisse l’histoire d’Abélard, afin qu’aucun des deux hommes ne puisse éprouver de l’embarras.
    Dans sa jeunesse, Abélard avait été envoyé à Paris pour étudier à l’école de la cathédrale Notre-Dame avec le même Guillaume de Champeaux qui était maintenant le supérieur de Bernard. En peu de temps, le jeune étudiant s’était révélé capable de vaincre son maître en rhétorique et en débat, et, à peine âgé de vingt-deux ans, il avait fondé sa propre école à l’extérieur de Paris où des étudiants de tout le pays se disputaient pour être à ses côtés. Dix ans après, il occupait lui-même la chaire à Notre-Dame. Bernard l’interrompit alors pour lui faire remarquer que, bien sûr, il avait entendu parler de ce brillant érudit et

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