Le tombeau d'Alexandre

a mon... passé. Le népotisme est de mise et trop de prétendants attendent leur tour. Or, comme vous le savez, la patience n’est pas mon fort.
    — C’est donc ça... Vous voulez devenir le héros du jour. Le sauveur du patrimoine de l’Égypte.
    — Et vous allez m’y aider, monsieur Knox. Vous allez dire au monde entier que, si vous m’avez contacté aujourd’hui, c’est parce que vous saviez que j’étais la seule personne susceptible de sauvegarder ces grands trésors égyptiens, car j’ai toujours placé le bien de l’Égypte et des Égyptiens avant tout le reste. Puis vous vous réjouirez d’avoir fait le bon choix puisque c’est exactement ce que j’ai fait.
    — Et si je refuse ?
    Hassan caressa la joue de Gaëlle.
    — Nous nageons déjà dans un bain de sang, monsieur Knox. Croyez-vous que deux cadavres de plus attireraient l’attention ?
    — Vous bluffez.
    — Est-ce que vous me mettez au défi, monsieur Knox ?
    Knox regarda Hassan fixement et essaya de lire dans ses pensées, mais celui-ci resta de marbre et ne laissa rien transparaître. Il se tourna alors vers Gaëlle, prête à supporter le pire pour lui. En la voyant, il sut qu’il n’avait pas le choix.
    — Très bien, j’accepte.
    — Parfait ! se réjouit Hassan.
    Il fit un signe de tête en direction de Nessim, qui se tenait encore impassiblement près de la porte.
    — Vous pouvez remercier mon chef de la sécurité, reprit-il. C’était son idée. J’étais en colère contre vous, monsieur Knox. Très en colère. Quand vous m’avez appelé, j’avais l’intention de vous faire tuer. Mais Nessim m’a convaincu qu’il était plus sage de parvenir à cet arrangement.
    Il se pencha à nouveau vers Knox, comme pour lui confier un secret.
    — Mieux vaut ne pas faire partie de mes ennemis, lui souffla-t-il à l’oreille. Vous feriez bien de vous en souvenir, monsieur Knox.
    — Je m’en souviendrai. Soyez-en sûr.
    Hassan observa Knox, amusé par son air de défi. Ils échangèrent un long regard et comprirent que tout n’était pas terminé entre eux, qu’ils avaient encore des choses à régler. Mais cela attendrait. Pour le moment, ils avaient trop à perdre.
    Knox se leva et invita Gaëlle à s’appuyer sur lui en lui passant le bras autour de la taille. Ils marchèrent ensemble vers la sortie et Nessim leur ouvrit la porte. Knox adressa un signe de tête presque imperceptible au chef de la sécurité, qui lui rendit la pareille. Ils étaient quittes et éprouvaient peut-être même un certain respect mutuel. Lorsque les deux archéologues franchirent le seuil, une nouvelle vie s’ouvrit devant eux.

Epilogue
     
     
     
    Knox cuisait sous les projecteurs. Il observa, au-delà de la rangée de micros, les photographes accroupis devant les équipes de télévision et les journalistes penchés en avant sur leur chaise, qui prenaient des notes d’une main et levaient l’autre pour essayer d’attirer l’attention, avides de poser des questions, ne serait-ce que pour montrer à leur patron qu’ils faisaient leur travail, sachant déjà qu’ils n’obtiendraient aucune réponse digne de ce nom.
    — Je suis désolé, déclara Yusuf Abbas pour la énième fois. Il est beaucoup trop tôt pour déterminer avec exactitude ce que nous avons trouvé. L’archéologie ne fonctionne pas de cette façon. Nous avons besoin de temps pour sécuriser et étudier les sites. Et nous avons besoin de temps pour extraire les artefacts et les analyser. Dans un an ou deux, nous en saurons un peu plus. Bien, nous avons le temps de répondre à deux ou trois autres questions. Qui veut...
    — Daniel ! cria une jeune femme rousse. Daniel ! Par ici !
    Knox tourna la tête et fut momentanément aveuglé par le flash d’un photographe.
    — Comment pouvez-vous être sûr qu’il s’agissait d’Alexandre ? demanda-t-elle.
    — Est-ce vrai qu’il y a encore de l’or ? lança un journaliste japonais.
    — Gaëlle ! Gaëlle ! cria un homme aux cheveux gris. Avez-vous eu peur de mourir ?
    — S’il vous plaît, implora Yusuf en levant les mains devant lui tout en savourant chaque instant. Une personne à la fois.
     
    Knox regarda Gaëlle. Elle lui sourit et leva un sourcil d’un air entendu. Elle savait parfaitement ce à quoi il pensait. Ces dernières vingt-quatre heures avaient été riches en rebondissements. Leur déposition au commissariat de police de Suez s’était d’abord déroulée dans la bonne