Le tombeau d'Alexandre
voulait pas la compromettre en mettant Hassan hors de lui.
— On discute, répondit Knox.
— Pas pendant le travail, s’il te plaît. Monsieur al-Assyuti veut offrir une dernière plongée à ses invités.
Knox se leva.
— Je vais m’occuper du matériel.
La fille bondit en battant des mains pour feindre l’enthousiasme.
— Super ! Je ne pensais pas qu’on allait redescendre.
— Je crains que tu ne sois pas de la partie, Fiona, l’interrompit Max froidement. Nous n’avons pas assez de bouteilles. Tu vas rester ici avec monsieur al-Assyuti.
— Oh !
Elle sembla soudain effrayée, comme un enfant, et posa timidement la main sur l’avant-bras de Knox. Il la repoussa avant de se diriger avec colère vers la poupe, où les combinaisons de plongée, les palmes, les lunettes et tout le reste du matériel étaient rangés dans des caisses en plastique près du râtelier à bouteilles. Un rapide coup d’œil suffit à lui confirmer ce qu’il savait déjà : il y avait de nombreuses bouteilles pleines. Le poids de la responsabilité lui donna des frissons dans la nuque. Mais sentant le regard brûlant de Max sur lui, il s’efforça de ne pas se retourner. Cette fille, ce n’était pas son problème. Elle était assez grande pour se débrouiller toute seule. Il n’avait aucun lien avec elle, aucune obligation. Il en avait bavé pour s’intégrer dans cette ville ; il n’allait pas tout gâcher à cause d’une gosse qui avait mal évalué le prix de cette petite virée. Cependant, il avait beau essayer de se justifier, il n’était pas fier. Écœuré, il s’accroupit devant les caisses et commença à vérifier le matériel.
II
Chantier de fouilles de la Fondation archéologique macédonienne dans le delta du Nil, Égypte du Nord
Une pluie de sable s’abattit dans le carré de fouille dont Gaëlle Bonnard brisait la surface à l’aide d’un marteau de géologue. La jeune femme leva les yeux et vit Kristos debout sur la berme, les mains sur les hanches.
— Qu’y a-t-il ?
— Elena veut te voir, répondit Kristos.
— Où est-elle ? demanda Gaëlle avant d’éponger la sueur qui perlait sur son front.
— Près du dépôt.
Gaëlle hocha la tête avec lassitude, posa son marteau de géologue et sortit du carré. L’équipe était répartie sur deux sites différents, situés à quinze minutes de marche l’un de l’autre : le cimetière, où elle avait été affectée, et ce qu’on appelait le site du temple, auquel seuls Elena, la responsable des fouilles de la Fondation archéologique macédonienne, ses fouilleurs grecs et Qasim, le représentant local du Conseil suprême des Antiquités, avaient accès. Mais Elena lui demandait sans cesse de venir examiner quelque ostracon qu’elle venait de trouver, généralement une prière adressée aux dieux dans une version locale idiosyncrasique du grec ancien. Elle lui réclamait alors un « deuxième avis » sur la traduction d’un certain mot ou groupe de mots, avant d’affirmer avec brusquerie que c’était exactement le résultat auquel elle avait elle-même abouti. Puis elle la renvoyait aussitôt, si bien que Gaëlle avait l’impression de passer la moitié de sa journée en transit.
Tandis qu’elle marchait sous le couvert des arbres, au sommet de la colline, Gaëlle tira sur sa chemise blanche en coton pour la décoller de sa poitrine et de ses bras. Il faisait si humide dans le delta du Nil que c’était presque devenu un tic nerveux chez elle. Elle quitta également ses sandales pour en retirer le sable tout en sachant qu’elle n’obtiendrait qu’un court répit avant qu’elles ne se remplissent à nouveau.
En général, Elena l’attendait à l’une des deux tables situées dans la véranda du dépôt, sur lesquelles tous les artefacts étaient provisoirement stockés avant que le CSA n’en prenne possession. Mais aujourd’hui, elle n’était pas là. Il n’y avait personne. Aucune trace non plus du pick-up. Plus étrange encore, la porte en acier de la cabane en brique donnant accès au puits de fouille était légèrement entrebâillée, alors qu’elle était toujours verrouillée, du moins en la présence de Gaëlle.
La jeune femme l’entrouvrit timidement et appela Elena. Pas de réponse. Elle l’ouvrit davantage. Un puits carré et sombre s’ouvrait dans le sol et laissait dépasser le haut d’une échelle en bois. Le long des murs, lampes torches, marteaux, pioches,
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