Le Tombeau De Jésus
inscriptions. Environ vingt pour cent des ossuaires de Jérusalem en portent. Aussi, avec un peu de chance, ces dix-là pourraient révéler quelque chose d’intéressant.
Gat ne s’autorisa une pause pour boire un verre d’eau qu’après avoir extrait de leur niche trois autres ossuaires. Puis il entreprit de les examiner de plus près. Il dirigea sa lampe de façon à accentuer les ombres d’un étrange motif de rosette délicatement sculpté. Mais aucun nom n’était discernable, mis à part un « Yes » partiel, inscrit en caractères araméens. Un deuxième ossuaire portait le nom de Marie, écrit selon la prononciation latine, mais en caractères hébraïques ( Maria au lieu de Myriam). Enfin, sur un troisième ossuaire, Gat crut discerner le nom de « Mara », en grec cette fois, malgré l’obscurité et un brossage incomplet de la terre rouge. Étrange, pensa-t-il. Cela fait quand même beaucoup de langues pour un seul tombeau .
Pendant ce temps, un ouvrier qui creusait une tranchée transversale dans le sol, en consolidant les espaces entre les niches, découvrit un crâne humain là où il n’avait aucune raison de se trouver : non pas sur un arcosolium , mais à même le sol de la salle. Perplexe, Gat continua de creuser, cette fois-ci un peu plus énergiquement, en expédiant l’un après l’autre des seaux remplis de terre à travers le tunnel de l’antichambre. Il découvrit bientôt un deuxième crâne sur le sol, puis un troisième qu’il reporta sur le plan.
Au même moment, Rivka Maoz se dirigeait vers le tombeau avec les deux sacs contenant les ossements qu’elle avait conservés chez elle. Le vent projetait de la poussière de pierre calcaire sur ses vêtements et dans ses yeux. La colline était encombrée de camions et d’engins de chantier. Rivka avait entendu dire que des tombeaux de dimensions encore plus grandes, jadis fermés par de lourdes pierres, étaient impitoyablement réduits en immenses tas de gravats, contenant des fragments d’ossuaires et de roche de fond. Rivka déplorait qu’après tant de siècles les anciens puissent être traités de la sorte.
Shimon Gibson s’était mis en route en retard vers ce tombeau inhabituellement vaste, lui avait-on dit, mais pas particulièrement extraordinaire. Le soleil était déjà haut dans le ciel et la journée de travail déjà bien entamée, comme en témoignait le son des cloches des églises du quartier chrétien.
Shimon remarqua aussitôt que la grande colline au centre du quartier de Talpiot était en train d’être ravagée par ses prédateurs. Sur leurs énormes engins, les ouvriers accomplissaient un travail méthodique de démolition, traçant des routes dont les contours avaient été déterminés pratiquement au centimètre près. À seulement cinquante mètres du lieu de rendez-vous, ils installaient les premières poutrelles d’acier qui formeraient bientôt l’armature d’une nouvelle banlieue.
La deuxième chose que Shimon remarqua, chaque fois que les nuages de poussières lui en laissaient le loisir, fut le trou à flanc de colline où le tombeau avait été découvert. À distance, même si la zone n’avait pas été sécurisée par des cordes pour empêcher le passage des camions et des bulldozers, et même s’il n’y avait pas d’attroupement, l’entrée du tombeau frappait le regard.
La troisième chose que nota Shimon fut le symbole sculpté au-dessus de la porte : un cercle à l’intérieur d’un large chevron. Il se souviendrait plus tard, en rédigeant son rapport de terrain, que ce chevron, semblable à une pyramide, était prolongé par une sorte de petite cheminée.
Deux théories opposées lui vinrent aussitôt à l’esprit. Selon la première, ce symbole pouvait n’être qu’un ornement inachevé. Le cercle, ou la lettre O, aurait alors été une couronne à laquelle il manquait des feuilles et des fruits sculptés. Dans ce cas, personne ne saurait jamais s’il s’agissait ou non d’une couronne, parce que les bâtisseurs du tombeau n’avaient laissé derrière eux qu’une ébauche faisant saillie sur le mur, comme une pièce de monnaie attendant d’être frappée. La seconde théorie de Shimon Gibson était qu’il s’agissait de la version définitive de ce symbole, telle que l’avaient voulue les bâtisseurs.
L’intime conviction du géomètre topographe était que ce symbole, aussi mystérieux qu’il parût, était complet et représentait
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