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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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consacré et Maubisson était tombé entre les mains de la Couronne et de l’échevinat. Au fil des ans, d’autres ailes avaient été érigées : des corps de logis de deux étages en plâtre et en bois sur une base de pierre qui formaient une cour carrée avec un portail arqué à double battant au fond ; les hommes de Wendover gardaient sans défaillance cette entrée, ainsi que la cour intérieure, les côtés du bâtiment et l’huis principal.
    Wendover leva les yeux vers le ciel. La nuit touchait à sa fin ; il ferait bientôt jour. Il se déplaça un peu. Tout était calme. Le hibou, dans l’arbre, s’était envolé et le renard qui glapissait dans le froid en chassant dans les taillis le long du mur s’était tu. Wendover commença sa ronde. Il vérifia que les gardes étaient à leur poste pour autant qu’il pût les voir, mais la couche de neige était vraiment trop épaisse pour entreprendre la pénible ascension de la colline jusqu’au porche ; il retourna alors vers le portail principal et soupira de soulagement devant l’abri qu’il offrait. Il se demanda ce qu’il en était des étrangers. Étaient-ils guéris de leur mal de mer ? Castledene et Desroches, ce fouineur de médecin de la cité, avaient beaucoup insisté pour que la sécurité de Paulents et sa famille soit assurée. Wendover soupçonnait que le chevalier se préoccupait davantage des biens précieux du marchand que de toute autre chose.
    Wendover se dirigea vers le feu de camp et s’accroupit au milieu des autres gardes municipaux pour se réchauffer les mains et prendre sa part des lamelles de viande presque carbonisées dans les poêles pleines d’huile placées à même le brasier. Il but un peu de vin coupé d’eau et attendit. Cela se produisit enfin : les cloches de la cathédrale, celles de St Augustin et des autres églises de la ville sonnèrent laudes et la première messe. Il se releva, resserra son ceinturon, s’enveloppa dans sa chape et s’avança vers le grand portail. Il était fatigué, et gravir la légère pente où la neige épaisse s’était amoncelée lui parut durer un siècle. Il cria à l’une des sentinelles postées sur l’escalier de venir l’aider. L’homme, muni d’une lanterne, descendit avec peine à sa rencontre.
    — Dieu soit loué ! lança-t-il en tendant un bâton pour que Wendover s’en saisisse. Il a au moins cessé de neiger.
    Wendover grogna pour toute réponse en s’emparant du bâton. Ainsi aidé, il s’extirpa de la congère. Il monta les marches en haut desquelles le reste de ses gardes s’étaient regroupés autour d’un feu, souleva le lourd heurtoir de cuivre en forme de gantelet de mailles et le laissa retomber. Il entendit l’écho se répercuter dans la grande pièce, mais il n’y eut pas de réponse...
    Les cachots sous le Guildhall de Cantorbéry étaient de fétides trous immondes, mais on avait attribué le meilleur à Lady Adelicia Decontet. C’était, au bout d’un couloir moisi, une petite pièce étroite, close par une solide porte munie d’un guichet en haut. Le geôlier aimait à dire pour plaisanter que c’était son logement le plus luxueux, réservé aux prisonniers attendant soit leur procès, soit leur dernier voyage dans la charrette du bourreau vers les gibets hors la ville. Lady Adelicia, assise dans un coin de la cellule, se réchauffait devant une chaufferette et regardait autour d’elle à la lueur d’un épais lumignon qui empestait. Elle avait payé le porte-clés afin qu’il le fixe à un crochet de fer enfoncé dans le mur. Elle avait lu et examiné toutes les inscriptions qui y étaient gravées : noms et initiales, parfois des prières – «  Jesu Miserere, Maria Mater » –, mais, pour l’essentiel, des jurons ou des dessins lubriques et obscènes. À l’instar des autres captifs, elle était menottée, bien que ses chaînes fussent assez longues pour lui permettre d’atteindre la petite table et les restes de nourriture dans un plat d’étain, morceaux de boeuf salé, pain de seigle et fromage dur, qu’elle avait aussi achetés au gardien. Elle leva les yeux vers les grandes toiles d’araignée tendues à chaque coin sous le plafond crasseux et les baissa sur la paille jonchant le sol qui, malgré ses supplications, n’avait pas été changée. Elle était humide, puante, noire et pourrie. Heureusement, les murs épais de la cellule préservaient un peu du froid et le brasero était plein de charbon

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