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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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rougeoyant. L’odeur de braise atténuait opportunément les miasmes infects qui s’insinuaient partout. Elle tenta d’ignorer les cris et les hurlements de ses compagnons d’infortune, le claquement des portes et les jurons des gardes. On lui avait fourni de l’argent et elle les avait grassement payés. Elle pouvait au moins se nourrir et se déplacer un peu ; elle disposait d’un pot de chambre et, tous les trois jours, d’une écuelle d’eau et d’un chiffon pour faire sa toilette. La paillasse avait aussi été pourvue d’un drap et de deux couvertures de laine dont elle pouvait s’envelopper quand elle finissait par décider de dormir.
    Tout autre femme aurait été terrifiée devant ce qui l’attendait, mais Lady Adelicia ne se laissait pas émouvoir, l’esprit bourdonnant comme une ruche en pleine activité. Elle savait qu’elle n’était pas une meurtrière. C’est vrai, elle avait haï son mari – qui ne l’aurait fait ? – avec ses manières répugnantes et cauteleuses, sa bouche baveuse et ses petits yeux durs semblables à deux trous creusés par l’urine dans la neige ! Un vieux goupil, le visage pointu, le cheveu rare et roux, les oreilles décollées. Un homme assez riche pour s’offrir tout ce qu’il désirait, mais qui pourtant se nourrissait, vivait et empestait comme le plus misérable des paysans, un avaricieux dans l’âme, dur de traits et de coeur, au caractère irascible et à la langue de vipère. Adelicia, pupille du roi, avait été mariée au bailleur de fonds du souverain ; ni elle ni Sir Rauf ne l’avaient onc oublié.
    Adelicia frissonna, pas tant de froid qu’à la pensée des mains de son défunt mari sur elle, la forçant à baisser la tête et à se livrer à maintes pratiques abominables. Désespérée, elle avait prié. Elle s’était rendue chez les frères de la Sainte-Croix, s’était assise sur leur banc pour chuchoter sa confession, mais quel réconfort pouvaient-ils apporter ? Elle était allée devant l’autel de la Vierge, avait allumé des cierges, récité son rosaire, mais il n’y avait eu ni fuite possible ni répit jusqu’à l’arrivée de Berengaria. C’était une enfant trouvée élevée par la paroisse, qui avait été une servante accomplie dans la maison de l’un des clients de Sir Rauf. Quand ledit client avait fait banqueroute, Sir Rauf, comme on aurait pu s’en douter, avait saisi tous ses biens et Berengaria, rusée jouvencelle de seize printemps aux yeux hardis et à la bouche effrontée, était entrée à leur service. Elle et Adelicia étaient très vite devenues alliées, mais pas amies. Elles se comprenaient. Adelicia donnait des piécettes à Berengaria, lui faisait des faveurs et lui permettait des libertés jamais autorisées jusqu’alors, et quand elle avait rencontré Wendover, la bachelette avait fait la preuve de ses talents.
    Adelicia ferma les yeux. Le frère qui l’avait conseillée dans son confessionnal avait raison ! La route de l’Enfer était large, plaisante et glissante ! Un péché menait à d’autres bien plus grands. Petits cadeaux, regards coquets, rendez-vous secrets et baisers furtifs : Wendover et elle avaient fini par devenir intimes et il s’était révélé amant ardent, un changement fort agréable après Sir Rauf, bien que depuis peu Lady Adelicia se fût lassée du jeune homme bavard qui, chez Wendover, se cachait derrière l’apparence d’un robuste soldat. Oh, comme Wendover aimait parler, surtout de lui-même, de ses exploits passés en tant que mercenaire et de la façon dont ils trouveraient la Carte du Cloître, le chemin vers les richesses et la fortune ! Quel avenir doré les attendait ! Adelicia l’écoutait, ainsi qu’elle l’avait fait en ce froid après-midi de décembre avant de s’endormir. Quand elle s’était réveillée, Wendover était parti. Il le faisait souvent. Parfois elle s’apercevait que des pièces ou des babels avaient disparu. Au début, elle n’avait pu croire que c’était un chapardeur, voleur de piécettes alors qu’il était censé être son complice dans la poursuite de plus grandes choses, mais l’évidence était là. Adelicia se demandait si c’était aussi un meurtrier. Par ce fatal après-midi, Wendover s’était-il faufilé chez elle pour occire Sir Rauf ? Il avait souvent évoqué son veuvage et ce qu’elle ferait si Sir Rauf trépassait. Il est vrai que les prêcheurs, dans leurs sermons, rappelaient la volonté de

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