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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Corbett connaissait Castledene depuis longtemps. Ils avaient combattu à Falkirk dans la cavalerie de Segrave cinq ans auparavant. Corbett n’oublierait jamais cette bataille. Les archers anglais avaient percé les rangs serrés des piquiers de Wallace, et les cavaliers aux lourdes armures de Lord Segrave avaient afflué, phalange après phalange de chevaliers en cotte de mailles, pour contraindre ce qui restait des Écossais à se battre – massue contre gourdin, épée contre dague – dans l’ivresse du sang répandu. Les rêves du magistrat en étaient encore hantés.
    Corbett fit un pas en arrière.
    — Qu’y a-t-il, Sir Walter ?
    Ce dernier, tout riche et puissant qu’il était, n’en paraissait pas moins négligé et fatigué. Il avait passé sur son corps sec et nerveux une simple cotte-hardie, un justaucorps matelassé et un haut-de-chausses sur des bottes usées ; son visage émacié était exsangue.
    — Vous feriez bien de vous rendre à Maubisson, Sir Hugh. J’ai reçu des nouvelles effroyables.
    Par-dessus son épaule il jeta un coup d’oeil inquiet à son escorte. Des soldats en armes se pressaient dans le hall ; d’autres s’étaient mêlés aux cavaliers. Le maire prêta à peine attention au frère hôtelier qui s’approchait en hâte et ne gratifia Ranulf que d’un brusque signe de tête. Il désigna le portail.
    — Venez, Sir Hugh, pour l’amour de Dieu ! Il faut aller à Maubisson ! Paulents et toute sa famille sont morts !
    — Morts ?
    — Pendus comme des félons ! Vous comprenez, Sir Hugh ? Pendus ici, en un lieu où règne la paix du roi et alors qu’ils sont sous notre protection !
    — Comment ?
    Castledene ne répondit pas ; il se dirigeait déjà vers l’huis. Tout espoir qu’avait eu Corbett de rejoindre les frères dans leurs stalles et de participer à la gloire du plain-chant s’évanouit sur-le-champ. Il murmura des excuses au frère hôtelier et emboîta le pas à Castledene. On s’empressa de faire sortir les chevaux et de les seller. La cour résonna du bruit des sabots qui claquaient sur les pavés. Ranulf cria aux palefreniers de vérifier sangles et étriers. Corbett, à moitié endormi et transi, se mit en selle et rassembla les rênes. Puis ils partirent, quittant la cour de l’abbaye au petit galop pour emprunter un étroit sentier verglacé qui conduisait à la route de Douvres. Le cliquetis des harnais, le hennissement des montures et les jurons que poussaient à mi-voix les hommes chevauchant dans l’aube grise et froide parvenaient vaguement aux oreilles de Corbett. Ils dépassèrent des carrioles qui roulaient avec lenteur vers la ville. Il aperçut la lumière de lanternes aux flammes tremblotantes et une lampe isolée qui brûlait derrière une fenêtre cintrée, puis les ténèbres les enveloppèrent. La route montait un peu ; charrettes et tombereaux avaient déjà refoulé la neige tombée, mais le trajet restait dangereux. Deux chevaux s’effondrèrent et on dut les abandonner avec leurs écuyers. Le petit groupe finit par atteindre la voie qui menait à Maubisson. La neige y était si profonde qu’il leur fallut mettre pied à terre et conduire leurs montures par la bride vers le portail clouté de fer qui s’ouvrait dans le mur d’enceinte du manoir. Des flambeaux maintenus par des crochets ou des perches plantées dans le sol l’illuminaient. D’autres gardes s’étaient regroupés là ; sous leurs chapes à capuchon, ils portaient tous la livrée de la cité – trois corbeaux sur champ d’azur et d’or.
    Wendover, le capitaine, s’empressa de se présenter et les entraîna le long d’une sentine encore ensevelie sous la neige, jusqu’en haut de l’escalier principal dans la grand-salle du château. Le reste du cortège demeura en arrière. Castledene, suivi de Wendover, Ranulf et Chanson, s’avança. Corbett, en entrant, embrassa la pièce du regard et eut le souffle coupé. Il avait vu l’horreur sous bien des formes : il avait traversé des champs de bataille où les morts gisaient en si grand nombre qu’ils formaient comme une robe ensanglantée jetée sur la terre de Dieu ; il avait trébuché sur des cadavres taillés en pièces ; il était passé devant des corps se balançant aux branches des arbres, témoins éloquents de la cruauté de l’homme envers l’homme ; il avait chevauché à travers des villages ravagés telle une cité de la Plaine dans l’Ancien Testament, où chaumines et

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