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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Dieu, mais un homme comme Wendover était-il disposé à prêter la main à la volonté divine ? Wendover avait-il supprimé Sir Rauf ?
    Adelicia se retourna brusquement et cria en voyant le rat qui courait sur la table ; elle secoua ses chaînes et la vermine disparut. Elle repensa à nouveau à cet après-midi-là. On l’avait accusée d’avoir assassiné son mari après une violente querelle. Elle s’était insurgée contre cette charge en en soulignant l’absurdité, mais les attaques se poursuivaient et se faisaient à présent aussi menaçantes au-dessus d’elle que le noeud coulant du bourreau. Lady Adelicia n’était pas sotte. Elle était dame de haute naissance convaincue d’avoir fendu le crâne de son époux. Son manteau avait été taché de sang ; des linges ensanglantés avaient été trouvés dans sa chambre, alors que pouvait-elle espérer de douze bons bourgeois influencés par les paroles empoisonnées que leurs épouses leur susurraient à l’oreille ?
    Jusqu’à présent, Adelicia avait gardé ses intentions par-devers elle. Elle n’avait pipé mot ni de Wendover ni de leurs entrevues amoureuses à L’Échiquier de l’espoir. Qui l’aurait crue ? Elle était assez fine et intelligente pour se rendre compte que cela ne pouvait que jouer contre elle. Elle serait jugée comme adultère en plus de criminelle. Non, elle avait d’autres plans. Elle connaissait un peu la loi ; elle en appellerait à la procédure d’approbation : si Castledene l’accusait d’assassinat, eh bien, elle accuserait Sir Rauf d’être un meurtrier. Après tout, elle savait, en ce qui concernait Stonecrop, ce dont son époux s’était rendu coupable ; la preuve – ce cadavre pourrissant dans le jardin abandonné de Sweetmead Manor – était éclatante. Elle imputerait le crime à Sir Rauf et ne ferait mention ni de la Carte du Cloître ni de son incessante quête. Que devait-elle craindre encore ? Berengaria ? La petite coquine logeait maintenant chez le père Warfeld et semblait fort peu troublée par les horreurs qui l’environnaient. Berengaria se comportait tel un chat se pourléchant après avoir vidé un bol de crème, comme si elle se délectait de secrets connus d’elle seule. Des souvenirs précis traversaient la mémoire d’Adelicia, des coups d’oeil jetés par une porte entrebâillée, Sir Rauf caressant les cheveux de Berengaria. La jouvencelle resterait-elle loyale ? Et Wendover, avec son arrogance et ses menus larcins, que dirait-il ?
    Lady Adelicia posa les mains sur son ventre. À qui pouvait-elle faire confiance ? En fin de compte, elle avait pris la bonne décision. Castledene n’ignorait pas qu’elle avait été pupille royale et qu’elle avait envoyé sa requête au souverain. Édouard dépêchait à présent son propre magistrat en ville. Adelicia se félicita et s’approcha de la table pour y avaler une nouvelle gorgée de bière coupée d’eau. C’est à l’homme du roi qu’elle parlerait et à personne d’autre.

 
    CHAPITRE II
    Ecce, nocturno tempore orto brumali turbine.
    Voici qu’éclate l’orage dans la nuit.
    Saint Colomba
    Dans sa chambre à l’hôtellerie de l’abbaye de St Augustin, Sir Hugh Corbett fut réveillé sans ménagement par un frère lai qui, les yeux lourds de sommeil, les mains tremblantes, ayant balbutié la bénédiction monastique traditionnelle, se hâta d’ajouter que Sir Walter Castledene était arrivé. Le maire de Cantorbéry était fort agité, déclara le frère lai, et attendait en bas avec son escorte dans le réfectoire. Castledene insistait : l’émissaire royal devait l’accompagner sans délai à Maubisson.
    Corbett réveilla Ranulf et Chanson, installés dans la chambre voisine. Tout en se vêtant avec promptitude, il entra dans la pièce, donna un coup de pied dans la couche de Chanson, se pencha sur Ranulf, cria au clerc ensommeillé de se préparer et ressortit aussi vite. Le magistrat enfila ses bottes et boucla ses éperons, prit son ceinturon et sa chape puis dévala l’escalier à la lueur des torches. Sir Walter avait quitté le réfectoire et naquetait avec impatience dans l’entrée ; ses hommes tournaient en rond dans la cour pavée. Leurs montures renâclaient et piaffaient. Les torches portées par les cavaliers crachotaient des étincelles dans l’air glacé, ce qui rendait les chevaux plus ombrageux encore. Les salutations entre le maire et le magistrat furent brèves, mais cordiales.

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