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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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j’aurais peut-être plus de chance d’être utile au roi sous cette apparence qu’enfermé dans le carcan d’un garde du corps. On n’y a guère ses coudées franches. Et puis, les dangers qui menacent le roi dans l’enceinte même de ses palais sont fort réduits et, pour y faire face, ils sont nombreux, aux gardes, aux Suisses, aux chevau-légers qui sont prêt à mourir sans l’ombre d’une hésitation. Moi, j’ai à combattre Monsieur, et Monsieur ne hante guère Versailles. Enfin… pour Judith comme pour moi, il vaut mieux qu’il me croie mort encore quelque temps…
    — Votre jeune épouse est toujours à Saint-Denis ?
    — Je le pense. La reine m’a fait savoir… et a fait savoir à Madame Louise qu’elle la prenait sous sa protection toute spéciale. Vous savez que Sa Majesté exige qu’elle y subisse ce que l’on pourrait appeler un temps de probation. Étant donné la gravité de la faute commise, je n’ai pas le droit de m’y opposer… si pénible que ce soit ! Au moins, elle est à l’abri…
    — Bah ! les retrouvailles n’en seront que meilleures… d’autant que vous ne souffrez pas outre mesure de solitude.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Qu’une bien jolie femme s’intéresse à vous… que cela se sait en dépit de l’extrême discrétion que vous déployez tous deux en toutes circonstances… enfin en presque toutes car je crois bien l’apercevoir là-bas de l’autre côté de la salle, avec un ravissant chapeau à plumes bleues. Elle se livre à toute une agitation pour attirer votre attention.
    Suivant la direction que lui indiquait son ami, Gilles aperçut, en effet, Mme de Balbi. Avec deux autres jolies femmes et autant d’hommes elle occupait quelques-uns des sièges réservés à la bonne société parisienne et aux familles des magistrats. Elle avait apporté une lorgnette, comme au théâtre, et la tenait braquée obstinément dans la direction du jeune homme. Pour bien marquer qu’il l’avait vue, il lui sourit et la salua puis cessa de s’en occuper, choqué, justement, par le côté divertissement que prenait la conclusion d’un drame à l’échelle nationale. Anne était une maîtresse adorable. Il aimait son corps, sa science de la volupté, sa gaieté et parfois, auprès d’elle, il lui arrivait de rêver d’une vie dans laquelle Judith ne serait jamais entrée. Mais son cœur jusqu’à présent n’avait pas encore appris à prononcer un autre nom.
    La salle se remplissait et s’illuminait peu à peu des rayons du soleil. Elle prenait un air de fête avec les toilettes estivales des femmes, les tissus clairs des hommes.
    — Ce jugement est une lourde bêtise ! grogna Beaumarchais. Il faut que la reine soit folle pour l’avoir exigé. Si la Cour n’accepte pas les conclusions que va déposer tout à l’heure le procureur du roi, conclusions qui sont le reflet même de la volonté royale, si elle rend un autre jugement, le roi est bafoué, la reine vilipendée.
    — Pourquoi donc le jugement serait-il différent ? Le Parlement a accepté les lettres patentes que lui a fait tenir le roi au début de l’instruction, il doit donc en suivre l’esprit. Tenant pour avérés tous les faits dont a eu à se plaindre le ménage royal il n’est là que pour rechercher jusqu’à quel point la majesté royale a été offensée ?
    — Tout à fait d’accord ! L’achat du collier, l’escroquerie n’étaient pour les coupables que des moyens et le grand fait qui domine cette triste affaire est celui-ci : que les La Motte aient eu l’audace de feindre que la nuit, dans l’un des bosquets de Versailles, la reine de France, la femme du roi ait donné un rendez-vous au cardinal de Rohan et que, de son côté, le cardinal, grand officier de la Couronne, ait osé croire que ce rendez-vous lui ait été donné par la reine de France, par la femme du roi, là est le seul crime pour lequel les coupables doivent être punis car il est de lèse-majesté. Reste à savoir comment ces messieurs du Parlement jugeront car, outre qu’ils n’aiment guère Versailles, ils sont fort sollicités. Et tenez, regardez donc ce qui nous arrive !
    Ce qui arrivait c’était une vingtaine de personnes, toutes de très haute mine, toutes en grand deuil. Tandis qu’elles s’avançaient lentement dans la salle, le silence, un profond silence s’établit. Les assistants venaient de se rappeler brusquement pour quelle raison ils étaient là.
    — Les

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