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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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corriger.
    — Puis-je savoir, fit Gilles négligeant la remarque quelles sont les exigences formulées par les Napolitains touchant cette affaire ? Demandent-ils des excuses ?
    — Des excuses ? Vous rêvez ! Ces gens-là veulent du sang ou quelque chose d’approchant. Ils m’ont donné le choix entre leur livrer le coupable ou le laisser aux soins de la police française.
    — La police française ? À quel titre ? Je n’ai, en rien, enfreint les lois du royaume, pas plus d’ailleurs que celle du duel. Je n’en dirais pas autant de mon adversaire…
    — Je sais tout cela, soupira Jefferson. Mais je sais aussi qu’ils n’auront aucun mal à obtenir contre vous une lettre de cachet. N’oubliez pas que leur reine, Marie-Caroline, est la propre sœur de Marie-Antoinette. Celle-ci ne leur refusera pas cette satisfaction.
    — Cela reste à démontrer. La reine et moi sommes en compte, elle me connaît et le roi mieux encore. Ils ne me livreront pas…
    — Êtes-vous stupide ? Il s’agit d’un ministre plénipotentiaire, mon garçon ! S’il meurt, et il est bien parti pour cela d’après ce que l’on m’a dit, les souverains français ne pourront pas refuser de vous faire arrêter, à moins que vous ne soyez déjà hors d’atteinte…
    — Daignerez-vous m’apprendre quelle a été votre réponse ?
    — Je n’en ai pas encore donné. J’ai demandé le temps de la réflexion. Si le roi décidait de vous faire arrêter, je ne pourrais pas m’y opposer… Oui, je sais, je vous ai dit que j’aurais aimé abriter le « Gerfaut » fugitif mais il s’agissait d’une affaire privée et non d’une affaire à tournure internationale. Je ne peux pas me permettre, actuellement, de créer un froid entre le roi et moi. Vous n’ignorez pas quels sont mes espoirs touchant le port de Honfleur pour l’avenir du commerce américain en Europe. À présent que les ponts sont coupés entre nous et l’Angleterre, il nous faut songer à remplacer le port de Cowes qui entreposait le riz en provenance de Caroline. Honfleur, sur l’estuaire de la Seine, est admirablement placé pour prendre la relève et je souhaite obtenir de Versailles qu’on nous laisse en faire un énorme port franc et le rendez-vous général de la navigation américaine. Vous êtes bien léger, dans une balance, en face de tels intérêts.
    — Je le conçois sans peine. Eh bien, monsieur le ministre, vous n’avez pas le choix : abandonnez-moi !
    — Ne soyez pas ridicule. Vous savez parfaitement qu’il existe avec vous une position de repli fort simple : Vaughan peut disparaître en quelques instants. Après tout… vous n’avez plus guère de raison de vous cacher…
    — En effet. Puis-je cependant vous faire remarquer qu’hier encore vous me disiez souhaiter me voir rejeter ma première personnalité pour devenir définitivement le fils du vieux marin ?
    — Je l’ai dit, en effet, et je le pensais…
    — Vous ne le pensez plus ?
    Il y eut un silence, court d’ailleurs : le temps de quelques battements de cœur. Ce fut le poing de Jefferson qui, en s’abattant sur l’acajou de sa table, le rompit.
    — Par tous les Prophètes ! Quelle damnée mouche vous a piqué d’aller attaquer aussi grossièrement cette malheureuse femme ? Je vous croyais un gentleman et je m’aperçois qu’il n’en est rien et… oui, je l’avoue, j’en viens à regretter que l’on vous ait accordé la nationalité américaine, mais…
    Gilles se leva brusquement et, considérant le ministre du haut de sa taille, remarqua, sarcastique :
    — J’ignorais que le peuple américain était composé uniquement de gentlemen. Soyez sans crainte, monsieur Jefferson, je ne me permettrai pas de dissimuler mes vices européens sous le masque d’un vertueux nom américain. Dès ce soir, je vous ferai tenir les décrets de naturalisation que vous m’avez remis, mes droits à la succession de John Vaughan et la concession de terre…
    — Pas la concession de terre, voyons ! Elle a été attribuée d’abord au chevalier de Tournemine. C’est un don de reconnaissance, le prix du sang versé…
    — Les Tournemine n’ont jamais vendu leur sang, monsieur. Il ne peut donc correspondre à un prix quelconque. Les États-Unis ne me doivent rien.
    Lentement, Jefferson se leva. Sous ses épais cheveux couleur d’acajou son beau visage avait pâli.
    — Je vous en prie, John, ne le prenez pas ainsi.
    — Je m’appelle Gilles, coupa

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