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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’accueil, si simple et si noble 3 qu’il avait reçu de Joel Gauthier. Il revoyait, un genou en terre et baisant sa main, ce grand vieillard à cheveux blancs, si hautain sous son large chapeau noir et qui, cependant, devant lui encore presque un enfant alors mais dernier dépositaire du sang des anciens maîtres, avait courbé sa tête vénérable et fière, plus fière très certainement que bien des têtes seigneuriales, pour lui offrir, spontanément, l’antique hommage féodal. Cet homme, il le savait, l’attendait encore, espérait son retour avec la fortune qui permettrait au sang du Gerfaut de reprendre La Hunaudaye.
    « Il faut que vous retrouviez au moins le château pour que je puisse mourir heureux », avait-il dit. Et voilà que l’on parlait de l’arracher à ce domaine qui était toute sa vie, à la maison basse abritée sous les tours formidables où, avec les siens, il vivait, où il priait, où il espérait. Où il rêvait aussi, sans doute, au légendaire trésor de Raoul de Tournemine, de l’homme qui, de Rome où il avait été ambassadeur, avait rapporté une fabuleuse collection de joyaux mais aussi une dangereuse passion car, de ces bijoux dont certains avaient, disait-on, paré les Borgia, Raoul était devenu le captif, l’esclave si passionné qu’il n’avait pu supporter l’idée de les laisser à ses descendants et, avant de mourir, les avait cachés si bien que personne, jamais, n’avait pu les retrouver.
    Un long moment encore, Gilles demeura sous la vigne de sa tonnelle que la nuit, lentement, envahissait. Avec elle, le calme s’était fait. À l’intérieur de l’auberge, des lumières s’étaient allumées mais le jardin restait obscur.
    — En été, le soir, il y a des moustiques, lui avait dit la servante. On ne s’y attarde guère et monsieur, peut-être, ferait mieux, s’il veut prolonger son repas, de rentrer à l’intérieur.
    Il avait refusé, ne pensant pas s’attarder, d’ailleurs, mais depuis qu’il avait entendu les paroles des deux inconnus, une idée germait dans son esprit et il avait profité de sa solitude pour l’examiner plus attentivement, pour la creuser et la polir. Et quand la servante, craignant peut-être qu’il ne partît sans payer, vint voir ce qu’il devenait sous couleur de demander s’il n’avait besoin de rien, il se leva, tendit à la fille, ravie, un demi-louis et s’en alla rejoindre son cheval, emportant au cœur, avec la décision qu’il venait de prendre, un apaisement qui ressemblait à un espoir.
    — Je crois que nous allons quitter Paris, mon fils ! fit-il en caressant affectueusement l’encolure soyeuse de Merlin. Tu es fils des grands espaces et moi, au fond, je ne suis guère qu’un paysan. Ni la ville ni les palais ne nous valent grand-chose… Mais allons d’abord chez nous pour mettre un costume plus conforme à une expédition nocturne.
    L’un portant l’autre, les deux compagnons firent paisiblement le chemin du cours de la Conférence jusqu’à la rue du Bac. La nuit semblait s’épaissir d’instant en instant grâce à un orage dont les premiers grondements commençaient à se faire entendre du côté de Saint-Cloud et, en s’engageant dans sa rue, Gilles eut soudain l’impression de plonger dans un tunnel tant elle était obscure. Ou bien les allumeurs de lanternes n’avaient pas fait leur ouvrage ou bien le vent qui se levait et les faisait grincer sur leurs chaînes les avait soufflées.
    Il n’y avait pas non plus âme qui vive, bien que l’heure ne fût pas encore très tardive mais le mauvais temps menaçant avait vidé les rues en un clin d’œil, Parisiens et Parisiennes ne se souciant pas d’exposer à la pluie leurs vêtements d’été. Mais, en arrivant à la hauteur du marché de Boulainvilliers, édifié cinq ans plus tôt par le prévôt de Paris à l’emplacement de l’ancienne caserne des Mousquetaires noirs, l’œil aigu du jeune homme aperçut quelque chose de bizarre devant la porte de sa maison : des formes noires qui n’appartenaient certainement pas à des revenants étaient en train d’ouvrir sa porte.
    Un instant, par l’entrebâillement, il aperçut la fenêtre éclairée de la loge de son concierge et vit, nettement cette fois, qu’une petite troupe d’hommes drapés de grands manteaux noirs était en train de s’introduire chez lui sans y avoir été invitée.
    Mettant sans bruit pied à terre il alla attacher Merlin sous l’un des auvents du

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