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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fit une révérence et, en rougissant très fort, glissa dans sa main une petite médaille qu’elle avait dû prendre parmi celles qui se dissimulaient dans la guimpe bien amidonnée de sa robe.
    — Afin que sainte Anne d’Auray vous protège, notre maître ! murmura-t-elle avant de tourner les talons et de courir cacher sa confusion dans la pièce voisine où les femmes avaient leurs lits. Mais l’éclat humide des grands yeux violets avait frappé le chevalier et il baisa la petite médaille avant de la joindre au testament du moine dans la poche intérieure de son habit.
    La pluie continuait, douce et têtue, et arrachait des reflets à tout ce sur quoi se posait la lumière de la lanterne qu’Anna élevait bien haut pour éclairer le départ.
    — Vilain temps ! grogna Pongo qui, depuis son expérience dans la Delaware, détestait l’eau de tout son cœur.
    — Tu n’y connais rien, fit Gilles joyeusement. C’est un temps parfait pour ce que nous allons faire. Nous ne rencontrerons pas âme qui vive et les moines seront tous dans leurs lits.
    Il était déjà en selle. Tout en maugréant, Pongo aida Pierre à s’installer en croupe derrière lui avant de sauter à cheval à son tour, armé de la lanterne que lui passa Anna.
    — Dieu vous garde ! lança Anna quand la petite troupe se dirigea vers la poterne. Prenez soin de ne pas glisser…
    La recommandation n’était pas superflue. Un conglomérat de pierres et de boue grasse rendait le chemin difficile, même la route qui, de Pleven à Lamballe, traversait la lande et la forêt de La Hunaudaye et qui était une ancienne voie romaine. Il n’était pas loin de minuit quand les trois cavaliers arrivèrent en vue du vaste groupe d’édifices isolé, au fond d’une lande cernée par la forêt.
    Pas une lumière ne brillait et le silence y était si total, si pesant, que l’on aurait aussi bien pu croire abandonnés ces grands bâtiments groupés autour de leur église dont la tour carrée imposait sa puissance à l’écran noir de la nuit. Les yeux perçants de Gilles et de Pongo distinguèrent sans peine derrière des murs à demi écroulés, un vaste jardin envahi par les herbes folles et dont une partie servait de cimetière, des murailles lézardées ici ou là et quelques toits dont les bardeaux pointaient vers le ciel.
    — Il ne reste plus que l’église, un beau cloître Renaissance, le logis de l’abbé et deux bâtiments conventuels, soupira Pierre. Autrefois, c’était, paraît-il, une riche et puissante abbaye. Ainsi l’avait voulu Olivier de Dinan, son fondateur, mais le temps, et puis le manque de foi ont fait leur œuvre.
    — Combien sont-ils là-dedans ?
    — Une dizaine tout au plus, tant moines que frères convers.
    — Nous avons mis beaucoup de temps pour venir. À quelle heure chantent-ils matines ?
    — Oh ! pas avant quatre ou cinq heures du matin. La plupart des moines sont âgés et puisque la règle veut que l’office soit chanté entre minuit et le lever du jour, ils allongent leur nuit autant qu’ils le peuvent. Tenez, prenez ce chemin à main droite, ajouta le jeune homme quand on fut à un carrefour où s’élevait un calvaire.
    Quelques secondes plus tard, tous trois mettaient pied à terre à l’ombre des grandes murailles de l’église et se dirigeaient vers la petite porte basse qui ouvrait près du chevet. Elle s’ouvrit avec un léger grincement.
    Il régnait à l’intérieur une humidité glaciale que les plus fortes chaleurs de l’été ne devaient jamais réussir à vaincre entièrement et une obscurité profonde. Pongo battit le briquet et se hâta d’allumer sa lanterne qu’il tendit à Pierre.
    Le jeune homme guida tout d’abord Tournemine vers l’autel devant lequel tous deux s’agenouillèrent pour une courte prière avant de se retourner vers les profondeurs obscures de la vaste nef.
    — Les tombeaux sont sur la gauche, chuchota-t-il, dans la partie qui ouvre sur le cloître du couvent.
    En effet, passé un grand pilier angulaire, la lumière de la lanterne révéla d’abord un grand enfeu contenant plusieurs dalles gravées, puis deux tombeaux plus récents, assez bas et de facture plutôt sobre, enfin un monument plus imposant édifié le long d’un mur.
    — Tenez, dit Pierre, voilà le tombeau de l’ambassadeur.
    Mais Gilles l’avait déjà identifié. Il se dressait, puissant et magnifique mais élégant et sans lourdeur : une dizaine de statues d’une grâce

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