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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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achevée semblaient soutenir la dalle sur laquelle reposait le gisant du baron. Mains jointes, revêtu de son armure, les yeux clos, Raoul de Tournemine vivait son éternité dans une totale sérénité. Deux anges agenouillés encadraient le coussin où reposait sa tête et, à ses pieds, un chien était couché entre un blason où s’inscrivaient les armes du seigneur et un grand casque fièrement couronné de laurier dont la vue fit battre un peu plus vite le cœur de son descendant.
    — C’est une belle chose, n’est-ce pas ? murmura Pierre en allant déposer sa lanterne sur un angle du tombeau. Je crois que seuls les ducs de Bretagne ont eu si noble sépulture.
    — J’espère seulement que les leurs sont mieux habitées, marmotta Gilles songeant avec une pitié révoltée au merveilleux artiste qui avait créé cette splendeur et que son talent avait conduit à une mort si cruelle. À l’œuvre, à présent, car ce sera justice que priver de son trésor un homme à ce point dépourvu d’entrailles ! Éclaire-moi ! ordonna-t-il à Pongo en s’approchant du casque.
    L’une après l’autre, ses mains palpèrent les feuilles de la couronne. En dépit de l’émotion qui le bouleversait, elles ne tremblaient pas et accomplissaient leur travail calmement, méthodiquement. Allait-il réussir à trouver la feuille mobile ? Tant de temps avait coulé et l’humidité de cette église était si grande que la pierre pouvait coincer, que le mécanisme intérieur avait pu rouiller. Ses doigts fermes poussèrent, tirèrent, grattèrent chacune des feuilles sans succès. En dépit de la fraîcheur ambiante, il avait chaud tout à coup, sentant un filet de sueur couler le long de son dos.
    — Si pas possible ouvrir, souffla Pongo, moi chercher de quoi briser la chose.
    — Non car alors ce serait profaner… Il faut que je trouve, il le faut.
    Ce fut, naturellement, la dernière qui céda. La feuille qui se trouvait sur l’arrière du casque, à gauche du nœud de ruban liant la couronne, s’ouvrit comme le couvercle d’une tabatière quand Gilles tira dessus un peu fort… Un triple soupir de soulagement se fit entendre.
    Le chevalier prit alors, à son cou, la feuille de bronze, fit un rapide signe de croix et l’appliqua dans la cavité découverte puis appuya dessus…
    Dans l’épaisseur des pierres un léger déclic se fit entendre.
    — La… la visière ! souffla Pierre… Elle se lève…
    — Chien aussi ! fit Pongo.
    En effet, avec une extrême lenteur, la visière ciselée du casque se levait tandis que le corps de la levrette s’ouvrait comme un couvercle. La gorge soudain sèche, Gilles éleva la lanterne qu’il avait saisie…
    La nuit parut s’emplir de lumières, de couleurs, de fulgurances. La cavité du casque était pleine de perles et de pierres non montées : rubis, émeraudes et saphirs surtout dont les facettes renvoyaient les couleurs de l’arc-en-ciel mais c’était le corps du chien qui détenait les parures. Comme le casque, l’intérieur de l’animal était doublé de velours et, sur ce velours, colliers, bracelets, bagues et pendentifs s’entassaient sur une fabuleuse chaîne de rubis énormes qui reposait au fond avec une bague et une agrafe de toque faites des mêmes pierres.
    Muets d’admiration, les yeux ronds, Pierre et Pongo regardaient les longs doigts du chevalier faire revivre, sous la lumière pauvre de leur lanterne, les pierres sanglantes qui dormaient là depuis si longtemps après avoir brillé sur la poitrine et la tête de César Borgia, le prince-fauve de la Renaissance.
    — Mes amis, dit Gilles calmement, nous voilà riches !
    — Vous voilà riche, corrigea doucement Pierre. Nous n’avons aucun droit sur ceci.
    — Sauf celui de la fidélité, sauf celui que t’a acquis la grandeur d’âme de ton grand-père. Nous allons emporter tout ceci, Pierre, et tu en auras ta part.
    Mais le jeune homme hocha la tête négativement.
    — Non, monsieur le chevalier. Je n’en saurais que faire. Rachetez La Hunaudaye et faites de moi votre intendant, cela, oui je l’accepterai car cela réalisera mon rêve et les miens pourront continuer à vivre dans la dignité sur cette terre que nos ancêtres cultivent et servent depuis la nuit des temps. Mais rien d’autre !
    Spontanément, Gilles attira le jeune estropié à lui et l’embrassa.
    — Tu n’as plus rien à craindre ni pour toi ni pour les tiens. Sur le salut de mon âme, je ferai votre

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