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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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passer pour mort pendant près d’une année ? Ma mère et mon parrain, l’abbé de Talhouet, doivent le croire encore.
    — Nous n’en avons rien su et c’est très bien ainsi puisque vous êtes là. Ainsi, mon grand-père connaissait le secret ?
    — Et il ne l’a pas partagé avec vous !
    — Pourquoi l’aurait-il fait ? Ce n’était pas le sien.
    Un instant, Gilles considéra avec émotion ce garçon si cruellement atteint dans sa chair et pratiquement condamné à la misère avec les deux femmes qui lui étaient le plus cher et qui, cependant, parlait avec sérénité d’une fortune placée à portée de sa main et à laquelle il s’interdisait de toucher.
    — Pierre, dit-il, le trésor se trouve dans le tombeau de mon ancêtre Raoul de Tournemine à l’abbaye de Saint-Aubin.
    Le jeune homme joignit les mains dans un geste où il y avait plus d’horreur que d’émerveillement.
    — Dans le tombeau ? Monsieur le chevalier, s’il faut pour le reprendre violer une sépulture, il vaut mieux le laisser où il est ! Le mort se vengerait sur vous, sur nous… Peut-être se venge-t-il déjà : grand-père est tombé malade si subitement !
    — Rassurez-vous ! il n’est pas question de violer quoi que ce soit. Le trésor se trouve « sur » le tombeau et non pas dedans.
    — Sur le tombeau ? Comment se fait-il, en ce cas, que personne ne l’ait découvert ?
    Gilles haussa les épaules et se mit à rire.
    — Après tout, peut-être l’a-t-il été. Cela m’étonnerait car la cachette est habile mais vous pensez bien que le découvreur, si découvreur il y a, se sera bien gardé de se vanter de sa trouvaille. La seule façon de savoir si les joyaux de l’ambassadeur sont toujours à leur place est d’y aller voir… et d’y aller voir discrètement. Je ne nous vois guère allant demander à l’abbé la permission de faire nos fouilles en plein jour.
    — D’autant que l’abbaye n’est plus ce qu’elle était. Elle est en pleine décadence et l’abbé qui vit à Lamballe n’y est pas souvent. Quelques moines y subsistent encore et ils sont assez faméliques.
    — Eh bien, fit joyeusement Gilles en tapant sur l’épaule du jeune homme, si nous retrouvons le trésor, nous leur ferons un don pour qu’ils le soient moins. Mais si vous voulez m’en croire, nous irons voir la chose de nuit et avec le maximum de discrétion. Aussi je reprends ma question de tout à l’heure avec une variante : est-il possible d’entrer dans l’église sans se faire remarquer… et comment ?
    — Par la petite porte qui ouvre directement sur la route de Saint-Denoual. On ne la ferme jamais pour le cas où quelque malheureux paysan d’alentour pourrait avoir besoin du secours de Dieu… et d’ailleurs il y a beau temps que les objets précieux, les tapisseries et les vases d’or sont à Lamballe.
    — À merveille ! Eh bien, Pierre, dès que nous aurons rendu nos derniers devoirs à ton grand-père, nous irons à Saint-Aubin. Autrement dit : demain soir. Ce sera vite fait : une lieue et retour à cheval, ce n’est rien.
    — C’est que… je ne peux guère monter à cheval avec ma jambe. Mieux vaudra que vous y alliez seul…
    — Jamais de la vie ! Tu as participé aux recherches, tu participeras à la découverte. Je te prendrai en croupe…
    Pour toute réponse, Pierre fit un rapide signe de croix en homme qui se demande comment il se tirera de l’épreuve mais, pour la première fois depuis longtemps, un sourire de bonheur vint éclairer son visage amaigri.
     
     
    Le vieux Joël confié à la terre chrétienne avec tout le respect qu’il méritait et tout le cérémonial breton, Gilles, Pierre et Pongo se préparèrent pour leur expédition. Anna tint à leur préparer un bon souper, tenant bien au corps et qui les préserverait un peu de la fatigue et du mauvais temps. Car, peu après l’enterrement de Joël Gauthier, un gros orage avait éclaté, suivi d’une pluie diluvienne qui avait, en un rien de temps, transformé les chemins en fondrières. Elle continuait à tomber, presque sans vent ce qui pouvait signifier qu’elle était là pour un moment. La température avait d’ailleurs baissé considérablement et il faisait presque froid.
    Bien lestés d’une solide soupe aux choux garnie de lard, de galettes au beurre fondu et de cidre, les trois hommes se disposèrent à quitter La Hunaudaye. Mais, au moment où ils allaient sortir, Madalen vint à Gilles, lui

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