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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Gilles s’installa plus commodément sur sa chaise pour laisser aux acteurs tout le temps d’accaparer l’attention des spectateurs.
    Un léger ronflement, aussi doux qu’un soupir, fusa derrière lui et lui arracha un sourire : toujours aussi hermétiquement fermé à la prose étincelante de Pierre-Augustin, Tim venait de se rendormir…
    Sans attendre plus longtemps, Gilles se leva. C’était le moment.
    Avec un sourire rassurant à l’adresse de Thérèse qui levait sur lui un regard chargé d’angoisse, il sortit sans bruit de la loge, compta les portes qui la séparaient de celle de la comtesse et, quand il l’eut atteinte, ouvrit doucement le battant et vit Anne qui lui tournait le dos. Accoudée au rebord de velours rouge, la tête légèrement penchée, elle écoutait la grande scène opposant Figaro au comte. Mais son attention était peut-être un peu flottante car le léger grincement de la porte suffit à la faire retourner.
    — Qu’est-ce donc ? fit-elle un peu nerveusement en cherchant à distinguer le visage posé sur cette haute silhouette qui lui apparaissait, à contre-jour sur le fond éclairé du petit salon.
    — Chut ! murmura Tournemine. Ne vous effrayez pas, continua-t-il en anglais. Je suis un ami envoyé par un autre ami.
    — Voilà bien des amis, il me semble ! Un nom serait mieux venu…
    — Mon ami n’en a plus. Peut-être, en outre, n’a-t-il plus toute sa tête car il se prend pour un arbre… un petit sapin. C’est comme cela qu’il signe ses lettres.
    — Mon Dieu ! Restez où vous êtes !
    Avec un rapide coup d’œil à la salle, Mme de Balbi se leva doucement, s’efforçant de maîtriser le froissement, cependant léger, des larges paniers qui gonflaient sa robe, et rejoignit son visiteur dans le petit salon tendu de velours rouge dont, d’un geste vif, elle fit retomber la draperie, l’isolant du reste de la salle.
    Un instant, avec une stupeur amusée, elle considéra le personnage inattendu qui lui faisait face.
    — Je ne crois pas vous connaître, monsieur, dit-elle en souriant. Me ferez-vous la grâce de m’apprendre, enfin, votre nom ?
    — Volontiers, madame. Mon nom est John Vaughan. Je suis un marin américain qui a eu le malheur de perdre son père et son navire quelque part dans le canal Saint-Georges et qui, vous apercevant tout à l’heure, n’a pu se retenir de venir vous saluer et vous dire… qu’il vous trouvait fort belle, ce soir.
    — Hummmm ! Je ne savais pas les marins américains aussi galants…
    Brusquement, elle se mit à rire, de ce rire de gorge bas et doux, un peu roucoulant qu’elle avait lorsqu’elle voulait vraiment plaire puis, tout à coup, se jeta dans les bras de Gilles et se pendit à son cou.
    — Mon amour ! Quel bonheur de te retrouver dès ce soir ! Je ne savais que faire, je me sentais triste comme une femme qui vient de découvrir sa première ride et je ne suis venue ici que parce que cet endroit-là en valait bien un autre. J’ai compris que j’avais eu raison, qu’un instinct plus fort que tout m’avait poussée lorsque je t’ai reconnu…
    — Reconnu ? s’insurgea-t-il indigné. Voilà un mensonge, ma belle amie, car vous seriez bien la seule. Je connais beaucoup de monde dans cette salle et aucun de ces gens n’en a été capable.
    — Parce qu’aucun n’est amoureux de toi. Moi, je le suis ! Je reconnais même volontiers que je suis folle de toi, que je vais l’être sans doute davantage encore car je me demande si tu ne me plais pas plus qu’avant, avec cette figure de pirate qui te fait plus viril encore. Embrasse-moi !
    Il s’exécuta non sans plaisir. Anne était fraîche comme les roses qui embaumaient ses vêtements et ses belles épaules nues, ainsi que ses baisers d’ailleurs étaient, à leur manière, de petits chefs-d’œuvre hautement savoureux. Tellement même qu’il voulut prolonger celui-là. Ce fut elle qui se déroba mais pour lui mordiller l’oreille en roucoulant.
    — Aide-moi à me débarrasser de cette ridicule cage à poule.
    — De cette quoi ?…
    — De mes paniers, mon cœur, ils me tiennent à une lieue de toi…
    Du coup il l’écarta de lui, la maintenant à distance de toute la longueur de son bras.
    — Ah ça, mais que veux-tu faire ?…
    Elle lui offrit un sourire à damner un saint.
    — Mais… l’amour, mon cœur ! Tu sais très bien que je ne peux pas être une minute auprès de toi sans en avoir envie. Je pensais à

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