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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Beynac et de Commarque. Ici, il n’y avait point de cagoulés, point de greffiers, point d’inquisiteur général, de familiers, de notaires ou de gens d’armes. Point de bourreau non plus.
    Seule mon épouse devant Dieu glissait ses doigts déliés dans mes cheveux en broçailles, me caressait les joues avant de prendre mon chef entre ses mains pour me baiser le front, le nez, les lèvres. Elle enfouit ma tête entre ses lourdes et délicieuses mamelles. J’en humai le parfum, j’en savourai sauvagement la douceur moite et moelleuse, les baisai à gueule bec et m’attardai un instant sur les sombres tétons que je léchai et mordillai délicatement.
    Par la grâce de son corps, Marguerite parvint assez vite à apazimer mes sens en grands émois et à m’extraire de ce mauvais rêve, de ce songe diabolique d’un réalisme troublant.
    C’est ainsi que je sortis de cet épouvantable cauchemar. Un de ces cauchemars qui m’assaillaient de plus en plus fréquemment depuis deux ou trois ans. Depuis la nuit où j’avais entrevu en songe ma gente fée aux alumelles, Isabeau de Guirande. Un rêve alors fou, un rêve prémonitoire cependant. Puisse ce dernier cauchemar ne pas l’être à son tour.
    J’ignorais alors que ce n’était pas un cauchemar.
     
    « Ô m’amie, ma douce mie, j’ai fait bien méchant rêve ! » lui dis-je en enlaçant tendrement son dos et en l’attirant tout contre moi. J’eus brusquement besoin, en une violente pulsion, d’exorciser les anges du mal qui planaient au-dessus de moi et guettaient l’occasion de me précipiter vers les abîmes de sang et de feu des Enfers.
    Nos lèvres se joignirent, nos langues s’effleurèrent d’abord avant de se fouiller avidement en de délicieuses et humides poutounes. Le contact de son corps, de ses seins dont les tétines durcissaient, la douceur moite de nos peaux collées l’une à l’autre, genoux fléchis, assis l’un sur l’autre, le parfum suave qui en exsudait, réveillèrent nos sens, excitèrent derechef l’appétit charnel qui nous avait submergés plusieurs fois au cours de la nuit depuis la veille au soir. Notre première et trop courte nuit de noces.
     
    Ses mains se posèrent sur le bas de mon dos, ses ongles effleurèrent ma peau, provoquant de forts picotements de plaisir dans mes reins tandis que je relevais ses cheveux sur sa nuque, pressais sa bouche contre la mienne, biscottais son dos et ses épaules, avant de glisser mes deux mains sous ses aisselles pour relever son bassin et l’aider à me guider en elle.
    Dans un souffle, elle s’escambilla et me pria de procéder avec moult douceurs. Ses chairs, déflorées la veille, encore meurtries par notre premier accouplement, méritaient grand doigté pour que la douleur ne l’emportât point sur la jouissance.
    Elle me sourit, les paupières closes, la bouche entrouverte, pressa mes reins contre son ventre, renversa la tête en arrière, laissa échapper un petit cri suivi d’un gémissement que je pensai de plaisir. Bercés par une onde de bonheur, je ne sus plus dès lors si mon esprit commandait mes sens ou l’inverse.
    Nos corps ondulèrent d’abord doucement, enlacés tel le lierre autour d’un désir partagé. Nos muscles se contractèrent bientôt, se relâchèrent, se contractèrent à nouveau, de plus en plus fortement jusqu’au moment où, haletante, elle prit appui de ses deux mains sur mes cuisses pour mieux m’aider à monter et descendre en elle, de plus en plus haut, de plus en plus vivement. Le souffle court, nous gravîmes ensemble, de plus en plus rapidement, le mont de Vénus pour y planter nos bannières d’amour.
    Dans un éclair éblouissant, mille feux d’artifice illuminèrent le ciel de nos paupières closes. Nous jouîmes ainsi une dernière fois, au petit matin, cœurs et corps enchevêtrés, emmistoyés l’un dans l’autre en une possession charnelle et mutuellement désirée.

    Le son éclatant de plusieurs trompettes déchira l’air de la vallée de la Beune, histoire de nous rappeler, si nous l’avions oublié, que la guerre avait repris entre les Français et les Anglais. Dès que la terrible epydemie de pestilence s’était éloignée de notre comté, au début de l’automne. La mélodie cuivrée et claire sonnait le rassemblement des corps de bataille ennemis tout autour de l’enceinte de notre village fortifié.
     
    « À l’arme ! À l’arme ! » huchai-je à gueule bec, les mains en porte-voix, du haut de

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