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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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certainement vu, eux aussi. Tenez justement, là-bas, lui indiquai-je du doigt, un cavalier sans gonfanon ni bannière contourne notre enceinte à brides avalées. Ne doutez point de sa mission, il se dirige vers le grand pavois du comte de Derby ! Le moment est venu de passer à l’action. Vous con naissez les ordres de bataille. Rejoignez vos compains Élastre, Onfroi, Amaury, Guy de Vieilcastel, et veillez à la bonne exécution des ordres que j’ai donnés ! Incontinent, je vous prie ! »
    Guilbaud de Rouffignac s’inclina roidement et tourna les talons. Je le rappelai un bref instant pour lui apprendre que le trébuchet couvrait à présent un angle de plus de 300°, du nord-ouest au nord-est. Il sourit, me remercia de cette précision, puis s’engouffra dans la cage de l’escalier à vis. Je le suivis peu après.

    À la tombée de la nuit, trois jours plus tôt, l’avant-garde de l’ost anglais, forte de trois cents chevaliers, écuyers et gens d’arme s , avait profité d’une lune noire et de la trahison de Raoul d’Astignac, ex-capitaine de la place, pour tenter de prendre d’assaut notre village fortifié.
     
    Le piège que j’avais sournoisement préparé de longue date pour confondre le félon sur lequel avaient porté mes soupçons, avait porté ses fruits au-delà de toute espérance.
    Aux termes d’une bataille sanglante, avec l’appui des manants que nous avions recueillis dans nos murs en décrétant l’arrière-ban, nous avions capturé près de cent soixante chevaliers et écuyers godons ou gascons, blessé et occis plus d’une centaine de nos assaillants.
    Leur chef, le fendant sire de Castelnau d’Auzan, un Gascon, bouffait la merdouille et pataugeait dans le purin entre une porte et une herse sous la chapelle Saint-Jean, dans le passage qu’ils avaient tenté de franchir avec la complicité de feu Raoul d’Astignac, sans se douter de l’issue qui leur était réservée.
     
    L’élite de l’armée ennemie avait été décopée ou capturée. Messire Romuald de la Tour, descendant d’une illustre famille dont plusieurs membres avaient cependant succombé autrefois à l’appel des évêques qui prêchaient l’hérésie albigeoise, avait grièvement blessé ce traître d’Astignac avant de mourir dans mes bras, victime de la dernière lâcheté du félon, l’ancien capitaine d’armes de la place de Commarque.
    J’en avais été profondément attristé, d’autant plus que je l’avais pendant longtemps accusé à tort d’avoir tenté de m’occire à plusieurs reprises, puis du meurtre de trois de nos arbalétriers et sergents d’armes. Il avait payé de sa vie mes propres erreurs de jugement. Il s’était cependant rédimé aux yeux de ses pairs avec grande bravoure en administrant une magnifique démonstration de son art d’escrémir, cette nuit-là.
    À la parfin, je n’avais pas eu d’autre choix que d’enfoncer mon épée d’estoc jusqu’au cœur pour écraser cette vipère d’Astignac, avant de lui trancher le col et de planter son chef sur un pieu. L’hydre de Lerne ne devait, onques, repousser, pensai-je alors. L’avenir me prouverait, plusieurs années plus tard, que j’avais tort. Une fois de plus.
     
    Lors de cette première bataille livrée à la lumière des torchères, nous avions déploré la mort de deux galapians, de quelques manants mal entraînés au service des armes, ainsi que celle de quelques courageuses femmes de vilains qui approvisionnaient les archers et avivaient les feux.
    Ces malheureux avaient survécu à la terrible epydemie de pestilence qui avait ravagé la comté, mais point à la vilénie de Raoul d’Astignac. Puisse le diable emporter son âme en enfer pour l’éternité.
    Dans le courant de l’été, lors de nos préparatifs pour mieux résister à ce qui n’était alors qu’un éventuel siège ennemi, nous avions dressé entre le donjon et la chapelle Saint-Jean des hourds qui suppléaient à l’absence de mâchicoulis de pierre sur cette partie des remparts.
    Tout à coup, une flèche enflammée siffla. Elle provenait du ca mp anglais. Elle se ficha dans le hourd du chemin de ronde, entre la Maison au four et la chapelle. Un message était enroulé autour de la hampe.
    Il me fut porté peu après. Franck de la Halle, un des maréchaux de l’ost anglais, nous faisait aimable sommation de nous rendre, de lui remettre les armes de la garnison et les clefs de la forteresse, sauf à être passés au fil de

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