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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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j’emboîtais les morceaux, pièce par pièce, depuis huit ans, commençait à prendre forme.
    Avec le concours de Foulques de Montfort, j’avais résolu l’énigme des douze Maisons. Les douze signes du zodiaque. Après avoir examiné avec la plus grande attention la salle capitulaire de l’ancienne commanderie templière dans les souterrains de Commarque, la position des douze cénotaphes, la clef de voûte de l’édifice, les signes gravés sur la table circulaire, j’étais convaincu que, si l’on plaçait l’une des fioles au centre de la table, à un azimut de 31.47, à une date bien déterminée et selon un angle bien précis, « l’eau et le sang du Christ, brochant d’icelle façon entre le Bien et le Mal, illumineraient de cent trente feux d’or les magnifiques croix potencées des Parfaits » . Elles livreraient leur secret, si la main qui plaçait la fiole, n’était « souillée d’aucun crime de sang ou acte de félonie ».
    Après mûres réflexions, j’étais parvenu à la conclusion que le secret n’était autre que celui de l’emplacement du Livre sacré. Toutefois, la savante mécanique dont je soupçonnais l’existence ne serait mise en branle que le jour de « Rabi’ ou Al-Awwal de l’an 642  ».
    Un jour, à une date et selon un angle que j’ignorais. Mais le chevalier teutonique m’avait laissé entendre que j’aurais bientôt réponse à ces lancinantes questions. À Marienbourg. En consultant les fabuleux codex de la librairie de l’Ordre. Si le grand maître m’y autorisait. Tout dépendrait de ma chevaleresque vaillance au combat, m’avait-il précisé.
     
    Arnaud de la Vigerie, ou quel que soit son nom d’emprunt, avait commis deux meurtres. Celui du chevalier hospitalier de Sainte-Croix, si je prêtais foi aux aveux du chevalier de Montfort, et probablement celui du père d’Aigrefeuille, selon l’avis que nous partagions.
    Pour estourbir à icelui les fioles qu’il conservait dans sa boîte à messages lorsqu’il nous avait entendus en confession dans la cathédrale de Famagouste avant de les vendre au plus offrant. Alors que sa propre mère, la baronne Éléonore de Guirande, lui avait demandé de les lui remettre. Si le fait était avéré, il serait tenu pour responsable d’un des plus grands crimes commis. contre l’humanité.
    Pour les vendre à qui ? À des juifs ? À des membres de la secte des Hachichiyyins ? Pour quel usage ? Pour répandre la pestilence en Occident ? Pour les céder à un émissaire du Saint Siège ?
    Cette dernière hypothèse me paraissait d’une belle invraisemblance : le prélat aurait dû s’adresser directement au père d’Aigrefeuille, mais pourquoi l’aurait-il fait alors que l’aumônier général de la Pignotte les aurait remises en Avignon ? Une faction dissidente au sein de la Curie ? Peu probable : j’aurais moi-même été contacté et je les aurais remises incontinent à cette époque.
    Or personne n’avait pris langue avec moi.
     
    Sur le point de me desférer, monseigneur de Salignac m’avait révélé où le monstre s’était réfugié. En la forteresse de Largöet, près la cité portuaire et solidement remparée de Vannes, un des deux ports enclavés dans le golfe du Morbihan avec celui d’Auray que l’ost de messire Thomas Dagworth avait tenté d’investir l’an dernier.
    Je tissai, telle une aragne, la toile dans laquelle je serrerais celui qui avait été mon meilleur ami. Dans la boîte à messages qui ne quitterait pas d’un pouce ma ceinture (sauf à m’occire), j’avais glissé un parchemin. L’un des deux que j’avais autrefois arraché à la baronne de Beynac, peu de temps avant l’assaut gascon de la place forte de Commarque {52} .
    Il n’était point daté. Elle suppliait son fils Arnaud de la rejoindre dans sa dernière résidence en notre comté, avant qu’elle ne trépasse. Affligée, était-il écrit à ma demande, d’une fièvre redoutable qui la terrassait, elle redoutait de ne pouvoir résister longtemps encore à une maladie que les meilleurs mires n’avaient su soigner, mais qui n’était point contagieuse, avais-je cru bon de lui faire stipuler (Arnaud était d’un naturel méfiant et la crainte de la moindre epydemie l’aurait dissuadé).
    Ses jours lui étaient petitement comptés et, avant d’être rappelée à Dieu (ou au Diable   ?), elle lui faisait supplique de venir déposer un ultime baiser filial sur son front.
    Lui refuserait-il

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