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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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gens
imaginaient.
    Hitler lui-même avait de quoi méditer. Il avait fait une
démonstration impressionnante, puisqu'il avait doublé les voix nazies en deux
ans. Et pourtant il ne recueillait pas encore une majorité et avec elle le
pouvoir politique qu'il recherchait. Était-ce l'impasse? Dans les discussions
au sein du parti qui suivirent l'élection du 10 avril, Strasser déclara
carrément que c'était exactement le cas. Strasser insistait
pour que l'on négociât avec ceux qui étaient au pouvoir: avec le président,
avec le gouvernement de Brüning et le général Grœner, avec
l'armée. Hitler n'avait pas confiance dans son principal lieutenant, mais il ne
repoussa pas son idée. Il n'avait pas oublié une des leçons de son expérience
viennoise, à savoir que, pour parvenir au pouvoir, il faut se gagner l'appui de
quelques-unes des « puissantes institutions » existantes.
    Mais, avant qu'il se fût décidé sur la prochaine étape à
parcourir, le gouvernement de la République lui assena un rude coup.
    Depuis plus d'un an, le gouvernement du Reich et
divers gouvernements d'États étaient entrés en possession de documents qui
montraient qu'un grand nombre de dirigeants nazis, principalement dans les
S.A., s'apprêtaient à mettre la main sur l'Allemagne par la force et à
instituer un règne de terreur. A la veille des premières élections
présidentielles, les S.A., dont les effectifs atteignaient maintenant 400 000
hommes, avaient été mobilisés pour former un cordon autour de Berlin. Bien que
le capitaine Rœhm, le chef des S.A., eût assuré au général von
Schleicher qu'il s'agissait d'une simple mesure « de précaution », la
police prussienne avait saisi des documents au quartier général nazi de Berlin
qui laissaient clairement entendre que les S.A. se proposaient de tenter un
coup d'État le lendemain soir si Hitler était élu président, tant était grande
la hâte de Rœhm. Goebbels, dans une note de son journal,
pour le 11 mars, avait confirmé que quelque chose se préparait. « Discuté des
consignes avec les commandants de S.A. et de S.S. Partout un profond malaise.
Le mot de putsch est dans l'air. »
    Le gouvernement national comme les gouvernements provinciaux
s'inquiétèrent. Le 5 avril, les représentants de plusieurs des États, dirigés
par la Prusse et la Bavière, les deux plus importants, avaient demandé la suppression par le gouvernement central des S.A., faute de quoi
ils prononceraient eux-mêmes cette interdiction dans leurs territoires
respectifs. Le chancelier Brüning était absent de Berlin,
et tout occupé par sa campagne électorale, mais Grœner, qui reçut les délégués
en qualité de ministre de l'Intérieur et de la Défense, promit une décision dès
le retour de Brüning, c'est-à-dire pour le 10 avril, jour
de la seconde élection. Brüning et Grœner estimèrent
qu'ils avaient de bonnes raisons de supprimer les S.A.
    Cela mettrait un terme à la menace de guerre civile et pourrait
être le prélude de la fin d'Hitler en tant que facteur prédominant de la
politique allemande. Certains de la réélection de Hindenburg à la majorité
absolue, ils estimèrent que les électeurs leur donnaient mandat de protéger la
République contre les menaces formulées par les nazis de la renverser par la
force. Le moment était venu d'utiliser la force contre la force. Et puis, s'il
n'agissait pas vigoureusement, le gouvernement perdrait le soutien des
sociaux-démocrates et des syndicats, qui fournissaient la plupart des voix de
Hindenburg et le principal appui au gouvernement Brüning.
    Le cabinet se réunit le 10 avril, en pleine consultation électorale,
et décida de supprimer immédiatement les armées privées d'Hitler. On eut
quelques difficultés à obtenir de Hindenburg la signature du décret — Schleicher, qui avait commencé par l'approuver, se mit à
chuchoter des objections à l'oreille du président — mais il finit par le faire
le 13 avril et le décret fut promulgué le 14.
    Ce fut un coup terrible pour les nazis. Rœhm et quelques-unes
des têtes brûlées du parti conseillèrent de résister à l'ordre du gouvernement.
Mais Hitler, plus habile que ses lieutenants, déclara qu'il fallait obéir. Ce
n'était pas l'heure de la rébellion armée. D'ailleurs, on avait des nouvelles
intéressantes de Schleicher. Gœbbels nota dans son journal
à cette même date du 14 avril : « On nous annonce que Schleicher n'approuve
pas l'action de Grœner... »

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