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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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réserver à son parti toutes les heures
d'émission des stations contrôlées par le gouvernement, tactique qui déchaîna
la fureur d'Hitler. Hindenburg ne prit la parole qu'une fois, dans une
allocution enregistrée le 10 mars, à la veille du vote. Ce fut une déclaration
pleine de dignité, une des rares faites durant la campagne, et elle fut
efficace.
    L'élection d'un homme de parti, représentant les opinions
extrémistes d'un seul camp, et qui aurait par conséquent contre lui la majorité
de la population, exposerait l'Allemagne à des troubles sérieux, dont l'issue
serait imprévisible. Le devoir m'a imposé de prévenir pareille situation... Si
je suis battu, du moins n'aurais-je pas encouru le reproche d'avoir déserté mon
poste à une heure de crise... je ne demande pas les votes de ceux qui ne
souhaitent pas voter pour moi.
    Ceux qui votaient pour lui manquèrent de 0,4 pour 100 la
majorité absolue nécessaire. Le dépouillement des élections du 13 mars 1932
donna les résultats suivants :
    Hindenburg       18 651 697
voix            49,6
pour 100 des voix
    Hitler                11
339 446 voix           
39,1 pour 100 des voix
    Thaelmann 
        4 983 341
voix            13,2
pour 100 des voix
    Duersterberg        2 447 729
voix   
         6,8 pour 100 des voix.
    Les chiffres furent une déception pour tout le monde. Le
vieux président l'emportait sur le démagogue nazi par plus de 7 millions de
voix, mais manquait de peu la majorité absolue nécessaire; il fallait donc
procéder à une seconde élection, au cours de laquelle le candidat obtenant le
plus grand nombre de voix serait élu. Hitler avait accru de plus de 5 millions
de voix l'ensemble des votes recueillis par les nazis depuis 1930 — soit une
augmentation de quelque 86 pour 100 — mais Hindenburg l'avait laissé loin
derrière lui. Dans la nuit qui suivit le vote, on était très désespéré dans l'appartement
de Gœbbels, à Berlin, où nombre de chefs du parti s'étaient réunis pour écouter
à la radio les résultats. « Nous sommes battus; terrible perspective, écrivit
Gœbbels dans son journal ce soir-là. Les milieux du parti sont très déprimés...
nous ne pouvons nous sauver que par un coup habile. »
    Mais, dans le Völkischer Beobachter du
lendemain matin, Hitler annonçait : « La première campagne électorale est
terminée. La seconde a commencé aujourd'hui. Je vais la dominer. » Et, de fait,
il fit campagne aussi vigoureusement qu'avant. Louant un avion Junkers, il vola d'un bout à l'autre de l'Allemagne — ce qui était alors une
innovation en matière de campagne électorale — prenant trois ou quatre fois la
parole par jour dans différentes villes. Fort habilement, il modifia sa
tactique pour s'attirer davantage de voix. Lors de sa première campagne, il
avait insisté sur la misère du peuple, sur l'impuissance de la République.
    Maintenant, il dépeignait un avenir radieux pour tous les
Allemands s'il était élu : du travail pour les ouvriers, des prix plus élevés
pour les fermiers, une plus grande activité pour les hommes d'affaires, une
armée forte pour les militaristes et, dans un discours qu'il prononça un jour
au Lustgarten de Berlin, il promit : « Dans le Troisième Reich, chaque fille d'Allemagne trouvera un mari! » Les
nationalistes retirèrent Duersterberg de la course et demandèrent à leurs
partisans de voter pour Hitler. Et de nouveau l'ancien Kronprinz, Friedrich Wilhelm, suivit le mouvement. « Je
voterai pour Hitler », annonça-t-il.
    Le 10 avril 1932, jour de la seconde élection, il faisait un
temps sombre et pluvieux, et il y eut un million d'abstentions de plus. Les
résultats annoncés tard dans la nuit étaient les suivants :
    Hindenburg
         19 359 983 voix
         53 pour 100 des voix
    Hitler
                    13
418 547 voix         36,8 pour 100 des
voix
    Thaelmann
             3
706 759 voix         10,2 pour 100 des
voix.
    Bien qu'Hitler eût gagné 2 millions de voix et Hindenburg, 1
million seulement, le président était élu avec une majorité absolue des plus
nettes. Plus de la moitié du peuple allemand avait ainsi exprimé sa foi dans la
République démocratique; il avait catégoriquement repoussé les extrémistes
aussi bien de la droite que de la gauche. Ou du moins est-ce ce que les

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