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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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envers Grœner. « Je veux bien être ministre, avait répondu
Schleicher, mais pas dans votre gouvernement (5). »
    Le 19 mai, on lit dans le journal de Gœbbels : « Message de
Schleicher. La liste des ministres est prête. Pour la période de transition, ce
n'est pas si important. » Ainsi, au moins une semaine avant Brüning, les nazis savaient que son sort était joué. Le dimanche 29 mai,
Hindenburg convoqua Brüning et lui demanda
brutalement sa démission, qu'il accepta le lendemain.
    Schleicher avait triomphé. Mais Brüning n'était
pas le seul à être tombé; la République démocratique s'écroula avec lui, bien
que son agonie se poursuivît pendant huit mois encore avant qu'on lui
administrât le coup de grâce. La responsabilité de Brüning dans
ce désastre n'était pas mince. Bien que démocrate de cœur, il s'était laissé
manœuvrer dans une position où il avait dû gouverner, la plupart du temps, par
décret présidentiel, sans l'accord du Parlement. Bien sûr, il avait été poussé
à prendre cette mesure : les politiciens, dans leur aveuglement, l'avaient
rendue pratiquement inévitable. Mais pourtant, le 12 mai encore, il avait pu
obtenir un vote de confiance au Reichstag pour son projet budgétaire. Mais,
quand le parlement ne pouvait être d'accord, il s'était appuyé sur l'autorité du
président pour gouverner. Maintenant, voilà qu'on lui retirait cette autorité.
Désormais, de juin 1932 à janvier 1933, ce pouvoir serait aux mains de deux
hommes de moindre envergure qui, bien que n'étant pas nazis, n'éprouvaient
nullement le besoin de soutenir une République démocratique, du moins dans sa
forme constitutionnelle actuelle.
    Le pouvoir politique en Allemagne n'était plus, comme c'était le
cas depuis la naissance de la République, entre les mains du peuple et du corps
constitué qui exprimait la volonté populaire, le Reichstag. Il était maintenant
concentré entre les mains d'un vieillard de quatre-vingt-cinq ans et dans
celles de quelques ambitieux sans envergure de son entourage, qui le guidaient
dans ses indécisions. Hitler le comprit et cela convenait à son propos. Il ne
pensait pas obtenir jamais une majorité au parlement. La nouvelle position de
Hindenburg lui offrit la seule occasion qui lui restait de parvenir au pouvoir.
Pas pour l'instant, bien sûr, mais bientôt...
    Il quitta précipitamment Oldenburg, où, le 29 mai, les nazis
avaient obtenu la majorité absolue dans les élections de la Diète locale, pour
regagner Berlin. Le lendemain, il fut reçu par Hindenburg, qui confirma les
points de l'accord conclu par le chef nazi en secret avec Schleicher le 8 mai :
suppression de l'interdit qui frappait les S.A., cabinet présidentiel désigné
par Hindenburg, dissolution du Reichstag. Hitler soutiendrait-il le nouveau
gouvernement? demanda Hindenburg. Hitler répondit que oui. Ce soir du 30 mai,
le journal de Goebbels signalait : « L'entrevue d'Hitler avec le président
s'est bien passée... on parle de V. Papen comme chancelier. Mais cela ne nous
intéresse guère. Ce qui est important, c'est la dissolution du Reichstag. Des
élections! Des élections! L'appel au peuple! Nous sommes tous très heureux (6).
»

LE FIASCO DE FRANTZ VON PAPEN
    Voici maintenant qu'apparaît brièvement, au centre de la scène,
un personnage aussi ridicule qu'inattendu. L'homme que le général von
Schleicher imposa au président octogénaire et qui, le 1er juin 1932, fut nommé
chancelier d'Allemagne, s'appelait Franz von Papen; il avait cinquante-trois
ans, appartenait à une famille de noblesse westphalienne désargentée; c'était
un ancien officier du grand état-major, un brillant cavalier; politicien
amateur du Centre catholique, il avait essuyé un certain nombre d'échecs;
devenu riche industriel par son mariage, il n'était guère connu du public sauf
comme ancien attaché militaire à Washington, d'où il avait été expulsé pendant
la guerre pour complicité dans des projets de sabotage visant à détruire ponts
et voies ferrées, alors que les États-Unis étaient encore neutres.
    « Le choix du président a été accueilli avec incrédulité,
écrivit l'ambassadeur de France à Berlin. On n'a pu s'empêcher de sourire ou de
rire franchement, car Papen offrait la particularité de n'être pris au sérieux
ni par ses amis ni par ses ennemis... Il avait la réputation d'être
superficiel, maladroit, fourbe, ambitieux, orgueilleux, rusé et intrigant (7).
» C'est à cet

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