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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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meilleur prophète sur le premier point
que sur le second. Quant à Hitler, une fois de plus, il avait frappé à la porte
de la Chancellerie et ne l'avait vue s'entrouvrir que pour qu'on la lui claquât
au visage.
    C'était exactement ce à quoi s'attendait Papen et, quand
Schleicher et lui allèrent voir Hindenburg le soir du 1er décembre, il était
sûr d'être nommé de nouveau chancelier. Il ne se doutait guère des projets de
l'intrigant général. Schleicher avait pris contact avec Strasser et avait
suggéré que, si les nazis ne voulaient pas participer à un gouvernement Papen,
peut-être accepteraient-ils d'entrer dans un cabinet dont il serait lui-même
chancelier. On demanda à Hitler de venir à Berlin pour rencontrer le général
et, d'après une version à laquelle la presse allemande donna une large
publicité et qui fut acceptée ensuite par la plupart des historiens, le Führer
prit effectivement à Munich le train de nuit pour Berlin, mais fut arrêté en
plein milieu de la nuit par Goering à Gena et emmené à Weimar, pour y
rencontrer les principaux leaders nazis.
    En fait, la version nazie de cet incident est, chose étonnante,
sans doute la plus conforme à la vérité. Le journal de Gœbbels rapporte, à la
date du 30 novembre, qu'un télégramme fut adressé à Hitler, lui demandant de
gagner de toute urgence Berlin, mais qu'il avait décidé de laisser Schleicher
attendre pendant qu'il discutait avec ses camarades à Weimar, où il devait
ouvrir la campagne pour les élections de Thuringe. A cette conférence du 1er
décembre, à laquelle assistaient les cinq grands du parti, Gœring, Gœbbels,
Strasser, Frick et Hitler, on discuta violemment. Strasser, soutenu par Frick,
réclamait au moins l'acceptation par les nazis d'un gouvernement Schleicher,
bien que lui-même fût d'avis qu'il fallait y participer. Gœring et Gœbbels
s'opposèrent violemment à cette position, et Hitler se rangea à leurs côtés.
    Le lendemain, Hitler avisa un certain major Ott, que Schleicher
lui avait envoyé, de conseiller au général de ne pas accepter la Chancellerie,
mais c'était trop tard. Papen ignorait tout des intrigues que Schleicher
ourdissait derrière son dos. Au début de l'entrevue du 1er décembre avec le
président, il avait avec confiance exposé ses projets d'avenir. Il entendait rester
chancelier, gouverner par décrets et laisser le Reichstag désœuvré jusqu'au
moment où il pourrait « amender la Constitution ». En fait, Papen voulait des «
amendements », qui feraient revenir le pays aux jours de l'Empire et qui
restaureraient le règne des classes conservatrices. Devant le tribunal de
Nuremberg et dans ses mémoires il reconnut, comme il l'avait fait d'ailleurs
devant le maréchal, que ses projets comportaient « une violation de la
Constitution actuelle par le président », mais il affirma à Hindenburg qu' « il
serait sans doute justifié de placer l'intérêt de la Nation au-dessus de son
serment de fidélité à la Constitution », comme, ajouta-t-il, Bismarck l'avait
fait jadis « pour le bien de la Patrie (12) ».
    A la grande surprise de Papen, Schleicher intervint pour
protester. Il joua sur l'évidente répugnance du vieux président à violer son
serment de respecter la Constitution, dans la mesure où cela pouvait être
évité, et le général pensait que c'était possible. Il croyait à la possibilité
d'un gouvernement qui obtiendrait une majorité au Reichstag, si lui-même était
à sa tête. Il était sûr de pouvoir détacher d'Hitler Strasser et au moins 60
députés nazis. A cette fraction nazie il pourrait ajouter les partis bourgeois
et les sociaux-démocrates. Il pensait même que les syndicats le soutiendraient.
    Hindenburg fut scandalisé d'une telle proposition et, se
tournant vers Papen, lui demanda sur-le-champ de procéder à la formation d'un
nouveau gouvernement. « Schleicher, dit Papen, parut
confondu. » Ils eurent une longue discussion après avoir quitté le président,
mais sans pouvoir parvenir à aucun accord. Au moment de se séparer, Schleicher, reprenant les mots fameux de Luther partant pour la
fatale Diète de Worms, déclara à Papen : « Petit Moine, vous
avez choisi un chemin bien difficile. »
    Combien difficile, Papen le découvrit dès le lendemain matin à
neuf heures, au cours d'un conseil de cabinet qu'il avait convoqué.
    Schleicher se leva (raconte Papen) et déclara qu'il n'y
avait aucune possibilité de réaliser les

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