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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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agricoles que Papen avait fixés pour le plus grand bénéfice des gros
propriétaires terriens et proposait, à la place, un plan consistant à saisir
320 000 hectares des propriétés des junkers en faillite de l'Est pour les
redistribuer à 25 000 familles paysannes. En outre, les prix de denrées aussi
essentielles que le charbon et la viande seraient maintenus par un contrôle
rigide.
    C'était un programme destiné à lui assurer l'appui des masses
mêmes auxquelles il s'était jusque-là opposé ou dont il n'avait pas voulu tenir
compte, et Schleicher fit suivre cette offre de conversations avec les
syndicats, donnant aux dirigeants syndicalistes l'impression qu'il envisageait
un avenir dans lequel le travail organisé et l'armée seraient les piliers
jumeaux de la Nation. Mais le monde du travail n'allait pas se laisser séduire
par un homme dont il se méfiait si profondément et refusa de coopérer.
    Les industriels et les grands propriétaires, d'autre part, se
dressèrent contre le programme du nouveau chancelier, qui, proclamèrent-ils,
n'était rien de moins que du bolchévisme. Les hommes d'affaires étaient
consternés de la brusque amitié que Schleicher semblait professer pour les
syndicats. Les propriétaires de grands domaines étaient furieux de le voir
réduire la protection agricole et terrifiés à l'idée de le voir démanteler les
propriétés en faillite de l'Allemagne de l'Est. Le 12 janvier, le Landbund,
l'association des plus gros fermiers, attaqua violemment le gouvernement et ses
chefs, dont deux étaient nazis, en appelèrent au président dans leur
protestation. Hindenburg, Junker et propriétaire terrien lui-même, demanda des
explications à son chancelier.
    Pour toute réponse, Schleicher menaça de rendre public un
rapport secret du Reichstag sur les prêts consentis par l'Osthilfe
(Organisation de secours de l'Allemagne de l'Est), scandale qui, comme tout le
monde le savait, pouvait compromettre des centaines des plus vieilles familles
junkers, qui s'étaient engraissées grâce aux « prêts » gouvernementaux dans
lesquels trempait indirectement le président lui-même, puisque le domaine de
Prusse-Orientale qu'on lui avait offert avait fait l'objet d'une donation
illégale en faveur de son fils, afin d'éviter les droits de succession.
    En dépit des protestations des industriels et des propriétaires,
ainsi que de la froideur des syndicats, Schleicher demeurait inexplicablement
persuadé que tout allait bien. Le 1er janvier 1933, escorté des membres de son
cabinet, il alla rendre visite au vieux président, qui se mit à lui exprimer sa
gratitude d'avoir « surmonté les plus graves difficultés et ouvert la voie du
redressement ». Le 4 janvier, le jour même où Papen et Hitler conféraient à
Cologne, le chancelier ménagea pour Strasser, qui rentrait de ses vacances
italiennes, une entrevue avec Hindenburg.
    L'ancien Numéro Deux nazi, quand il rencontra quelques jours
plus tard le président, exprima son désir d'entrer dans le cabinet Schleicher.
Cette décision jeta la consternation dans le camp nazi, qui pour l'instant
dressait ses tentes dans le minuscule État de Lippe, où Hitler et ses
principaux lieutenants luttaient furieusement afin d'obtenir aux élections
locales un succès susceptible d'améliorer la position du Führer dans ses
marchandages avec Papen. Gœbbels raconte l'arrivée de Gœring le 13 janvier à
minuit, porteur de la mauvaise nouvelle à propos de Strasser, et il évoque la
nuit passée par les chefs du parti à discuter, tous étant d'accord que, si
Strasser entrait dans le ministère, ce serait un rude coup pour le parti.
    C'était également l'avis de Schleicher et, le 15 janvier, quand
Kurt von Schuschnigg, alors ministre de la Justice en Autriche, vint lui rendre
visite, il lui assura que Herr Hitler ne constituait plus un problème, que son
mouvement avait cessé d'être un danger politique et que toute la question avait
été réglée, que c'était maintenant du passé (17).
    Mais Strasser n'entra pas dans le cabinet, pas plus que le
leader du Parti nationaliste, Hugenberg, qui la veille, le 14, avait assuré
Hindenburg de sa participation. Les deux hommes ne tardèrent pas à se tourner
vers Hitler. Strasser, pour se voir battre froid, et Hugenberg avec davantage
de succès. Le 15 janvier, au moment même où Schleicher se vantait devant
Schuschnigg de la fin d'Hitler, les nazis enregistrèrent un succès local aux
élections du petit

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