Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
État de Lippe. Ce n'était pas grand-chose. L'ensemble des
voix atteignait seulement le total de 90 000, sur lesquelles les nazis en
recueillaient 38 000, soit 30 pour 100 en augmentation de quelque 17 pour 100
sur le scrutin précédent. Mais, menés par Gœbbels, les dirigeants nazis firent
un battage monstre de leur « victoire », et, chose étrange, cette propagande
impressionna, semble-t-il, un certain nombre de conservateurs, y compris les
hommes de l'entourage de Hindenburg, parmi lesquels se trouvaient le secrétaire
d'État Meissner et Oskar, le propre fils du président.
    Dans la soirée du 22 janvier, ces deux messieurs sortirent
furtivement du palais présidentiel, sautèrent dans un taxi, comme le raconte
Meissner, pour éviter de se faire remarquer et se rendirent à la maison de
banlieue d'un nazi jusque-là inconnu, du nom de Joachim von Ribbentrop, lequel
était un ami de Papen (ils avaient servi tous les deux sur le front turc
pendant la guerre). Ils rencontrèrent là Papen, Hitler, Gœring et Frick. Selon
Meissner, Oskar von Hindenburg, jusqu'à cette soirée fatidique, s'était
toujours opposé à un accord avec les Nazis. Hitler le savait peut-être; en tout
cas, il insista pour avoir avec lui une « conversation entre quatre yeux », et,
à la stupéfaction de Meissner, le jeune Hindenburg accepta et se retira avec
Hitler dans une autre pièce, où ils restèrent enfermés tous les deux une heure.
    Ce qu'Hitler dit au fils du président, qui n'avait pas la
réputation d'être un brillant esprit ni une forte personnalité, n'a jamais été
révélé. On estimait généralement dans les milieux nazis qu'Hitler avait mêlé
les offres et les menaces, ces dernières touchant la révélation du rôle joué
par Oskar dans le scandale de l'Osthilfe et dans l'affaire d'évasion fiscale de
la succession Hindenburg. On ne peut juger des offres positives que par le fait
que, quelques mois plus tard, 2 000 hectares de terre exempts d'impôts vinrent
s'ajouter à la propriété de famille des Hindenburg à Neudeck, et qu'en août 1934,
Oskar passa du grade de colonel à celui de général de brigade.
    Il est indéniable, en tout cas, qu'Hitler fit une forte
impression sur le fils du président. « Dans le taxi qui nous ramenait, raconta
plus tard Meissner devant le tribunal de Nuremberg, Oskar von Hindenburg
demeurait très silencieux, et la seule remarque qu'il fit ce fut qu'on ne
pouvait lutter, que les nazis devaient entrer dans le gouvernement. Il me parut
qu'Hitler avait réussi à le faire tomber sous son charme. »
    Il ne restait plus à Hitler qu'à charmer aussi le père. C'était
évidemment plus difficile, car, quelles que fussent les déficiences mentales du
vieux maréchal, l'âge n'avait pas adouci son caractère de granit. C'était plus
difficile, mais pas impossible. Papen, avec un acharnement de castor,
travaillait chaque jour le vieil homme. Et il était facile de voir que, malgré
toute son astuce, Schleicher courait droit à l'abîme. Il n'avait réussi ni à
vaincre les nazis, ni à les diviser. Il ne pouvait trouver de soutien auprès
des nationalistes, ni du centre, ni de la social-démocratie.
    Le 23 janvier donc, Schleicher se rendit chez Hindenburg et
reconnut qu'il ne pouvait recueillir de majorité au Reichstag; il demandait la
dissolution de l'Assemblée et des pouvoirs d'urgence pour gouverner par décret
en vertu de l'article 48 de la Constitution. Selon Meissner, le général demanda
aussi « l'élimination provisoire » du Reichstag et avoua franchement qu'il
devrait transformer son gouvernement en une « dictature militaire (18) ».
Malgré toutes ses tortueuses intrigues, Schleicher se retrouvait au même point
que Papen au début de décembre, mais leurs rôles étaient maintenant renversés.
A cette époque, c'était Papen qui réclamait des pouvoirs exceptionnels et
c'était Schleicher qui s'y était opposé en proposant de constituer lui-même un
gouvernement de majorité, avec l'appui des nazis. Aujourd'hui, le général
insistait pour obtenir des pouvoirs dictatoriaux, et c'était le rusé renard de
Papen qui assurait au maréchal que lui, Papen, pourrait amener Hitler à entrer
dans un gouvernement qui aurait une majorité au Reichstag. Tels sont les hauts
et les bas des intrigants !
    Hindenburg, rappelant à Schleicher les raisons qu'il avait
invoquées le 2 décembre pour renverser Papen, lui annonça qu'elles étaient encore
bonnes. Il lui ordonna de reprendre

Weitere Kostenlose Bücher