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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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ses consultations afin de trouver une
majorité au Reichstag. Schleicher était fini et il le savait. Et tous ceux qui
étaient dans le secret le savaient aussi. Gœbbels, qui était une des rares
personnes à connaître la vérité, nota le lendemain : « Schleicher va tomber
d'un moment à l'autre, lui qui en a fait tomber tant d'autres. »
    Sa fin arriva officiellement le 28 janvier, jour où il alla
remettre au président la démission de son cabinet. « J'ai déjà un pied dans la
tombe, et je ne sais pas si je ne regretterai pas ce geste au ciel par la suite
», déclara Hindenburg au général déçu. « Après cette trahison, monsieur le
maréchal, je ne suis pas sûr que vous alliez au ciel », répliqua Schleicher,
qui disparut rapidement après cela de l'histoire d'Allemagne (19).
    Le lendemain à midi, Papen se voyait confier par le président
une mission d'information sur les possibilités de former un gouvernement
présidé par Hitler « dans le cadre de la Constitution ». Une semaine durant, ce
petit homme ambitieux avait caressé l'espoir de duper quand même Hitler et de
redevenir chancelier d'un gouvernement présidentiel soutenu par Hugenberg. Le
27 janvier, Gœbbels notait : « Il est encore possible que Papen soit de nouveau
chancelier. » La veille, Schleicher avait envoyé le commandant en chef de
l'armée, le général von Hammerstein, pour conseiller au président de ne pas
désigner Papen. Dans le réseau d'intrigues qui se tramaient alors à Berlin,
Schleicher, à la dernière minute, essayait de faire pencher la balance du côté
d'Hitler pour que celui-ci lui succède. Hindenburg assura au commandant en chef
qu'il n'avait aucunement l'intention de désigner « ce caporal autrichien ».
    Le lendemain, dimanche 29 janvier, fut une journée cruciale, les
conspirateurs jouant leurs dernières cartes et faisant courir dans la capitale
les rumeurs les plus alarmantes et les plus contradictoires. Une fois de plus, Schleicher envoya le fidèle Hammerstein pour
jeter de l'huile sur le feu. Le chef de l'armée alla trouver Hitler pour lui
répéter que Papen pourrait fort bien le laisser tomber et que le chef nazi
serait peut-être bien avisé de s'allier avec le chancelier démissionnaire et
avec l'armée. Cette offre n'intéressait guère Hitler. Il revint au Kaiserhof manger des gâteaux et boire du café avec ses lieutenants et ce fut au cours de
ces festivités que Gœring apparut avec la nouvelle que le Führer serait
nommé chancelier le lendemain.
    Ce soir-là, les chefs nazis célébraient la grande nouvelle au
domicile de Gœbbels sur la Reichskanzlerplatz, quand un
nouvel émissaire de Schleicher arriva porteur de
stupéfiantes informations. C'était Werner von Alvensleben,
un homme qui avait le goût de la conspiration si fortement ancré que, quand il
ne pouvait en trouver une existante, il en inventait. Il annonça aux nazis que Schleicher et Hammerstein avaient mis la
garnison de Potsdam sur le pied de guerre et qu'ils
s'apprêtaient à emmener le vieux Président dans sa propriété de Neudeck pour établir une dictature militaire. C'était là bien grossir les
choses. Peut-être les deux généraux caressaient-ils ce projet, mais il est bien
certain qu'ils n'avaient pris aucune décision dans ce sens. Les nazis,
toutefois, s'affolèrent. Gœring se précipita aussi vite que le lui permettait sa
corpulence pour avertir le président et Papen. Hitler raconta plus tard ce
qu'il fit :
     « Ma réaction devant ce projet de putsch militaire fut
aussitôt de convoquer le commandant des S.A. de Berlin, le comte Helldorff, et,
par lui, d'alerter toutes les S.A. de la ville. Je donnai en même temps la
consigne au major Wecke de la police, sur qui je savais pouvoir compter, de
préparer la mainmise de six bataillons de policiers sur la Wilhelmstrasse... Je
donnai enfin ordre au général von Blomberg (qui avait été désigné comme
ministre élu de la Reichswehr) de se mettre immédiatement en route et, dès son
arrivée à Berlin, le 30 janvier à huit heures du matin, de se présenter sans
délai chez le Vieux pour prêter serment et se trouver ainsi en mesure, en
qualité de commandant en chef de la Reichswehr, de réprimer toute tentative
éventuelle de coup d'État (20). »
    A l'insu de Schleicher et du commandant en chef de l'armée —
tout en cette période se faisait à l'insu de quelqu'un — le général von
Blomberg avait été rappelé, non pas par Hitler, qui n'était pas

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