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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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carrément d'être lui-même, avec la bénédiction de la
Reichswehr, le successeur du président. En échange du soutien des militaires,
Hitler offrit de mettre un frein aux ambitions de Rœhm, de réduire radicalement
les effectifs des S.A. et de donner l'assurance à l'armée et à la marine
qu'elles continueraient d'être les seules à porter les armes dans le Troisième
Reich. On croit qu'Hitler parla également à Fritsch et à Raeder de la
perspective d'une immense expansion de l'armée et de la marine, s'ils étaient
disposés à le suivre. Avec le servile Raeder, le problème ne se posait pas,
mais Fritsch, un homme moins commode, devait d'abord consulter ses collègues.
    Cette consultation eut lieu le 16 mai à Bad Nauheim et, après
qu'on leur eut expliqué en quoi consistait le « pacte du Deutschland »,
les plus hauts officiers de l'armée allemande acceptèrent unanimement Hitler
comme successeur du président Hindenburg (27). Pour l'armée, cette décision
politique devait se révéler d'une importance historique. En se livrant
délibérément aux mains d'un dictateur mégalomane, elle scellait son propre
destin. Quant à Hitler, cet accord rendrait sa dictature absolue. Une fois
débarrassé du vieux maréchal, toute perspective de restauration des
Hohenzollern étant écartée, lui-même à la tête de l'État aussi bien que du
gouvernement, il pourrait continuer son chemin seul et sans entraves.
    Le prix qu'il avait payé pour cette élévation au pouvoir suprême
était dérisoire : le sacrifice des S.A. Il n'en avait plus besoin maintenant
qu'il détenait toute l'autorité. C'était une pègre bruyante qui ne faisait que
le gêner. Le mépris qu'Hitler professait à l'égard des esprits étroits des
généraux dut s'accroître encore ce printemps-là. On pouvait vraiment les avoir
pour peu de chose, dut-il penser. C'était une opinion dont il ne démordit pas,
sauf durant un mauvais moment en juin, jusqu'à la fin — sa fin et la leur.
    Pourtant, comme l'été approchait, les ennuis d'Hitler étaient
loin d'être terminés. Berlin commençait à être la proie d'une tension
menaçante. On réclamait à grands cris la « seconde révolution », et ce n'était
plus seulement Rœhm et les chefs des troupes d'assaut, mais aussi Gœbbels, dans
des discours et dans la presse qu'il contrôlait. La Droite conservatrice, les
junkers et les grands industriels de l'entourage de Papen et de Hindenburg
exigeaient que l'on stoppât la révolution, que l'on mît un terme aux
arrestations arbitraires, à la persécution contre les Juifs, aux attaques
contre les Églises, à l'attitude arrogante des troupes d'assaut et à la terreur
générale organisée par les nazis.
    Au sein du Parti nazi lui-même, se livrait de nouveau un
terrible combat pour le pouvoir. Les deux plus puissants ennemis de Rœhm,
Gœring et Himmler, s'étaient unis contre lui. Le 1eravril, Himmler,
chef des S.S. à chemises noires, qui constituaient encore une branche des S.A.
et se trouvaient sous le commandement de Rœhm, fut nommé par Gœring chef de la
Gestapo prussienne, et il se mit aussitôt à se constituer une police secrète
personnelle. Gœring, qui avait été nommé General der infanterie par
Hindenburg en août 1933 (bien qu'il fût ministre de l'Air), abandonna
volontiers sa triste tenue brune de S.A. pour l'uniforme plus décoratif de sa
nouvelle charge, et le changement fut symbolique : en tant que général et que
membre d'une famille appartenant à la caste militaire, il ne tarda pas à se
ranger aux côtés de l'armée dans sa lutte contre Rœhm et les S.A. Pour se
protéger dans la guerre de jungle qui se livrait, Gœring recruta également sa
propre police, la Landespolizeigruppe General Gœring , forte de plusieurs
milliers d'hommes, qu'il concentra dans l'ancienne école des cadets de
Lichterfelde, où il avait fait son entrée dans l'armée et qui se trouvait stratégiquement
située dans les faubourgs de Berlin.
    Des rumeurs concernant des complots et des contre-complots
ajoutaient à la tension qui régnait dans la capitale. Le général von
Schleicher, incapable de supporter une obscurité décente ni de se souvenir qu'il
ne jouissait plus de la confiance de Hindenburg, des généraux ni des
conservateurs et qu'il était donc sans pouvoir, avait recommencé à se mêler de
politique. Il était en contact avec Rœhm et Gregor Strasser, et, selon certains
rapports, dont quelques-uns parvinrent jusqu'à Hitler, il

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