Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
conflit ».
    « Il faut avouer, ajouta-t-il, que les derniers jours de mai ne
cessèrent de révéler des faits de plus en plus inquiétants. » Mais est-ce vrai
? Hitler prétendit par la suite que Rœhm et ses conspirateurs avaient projeté
de s'emparer de Berlin et de le placer lui-même sous bonne garde. Mais, s'il en
était ainsi, pourquoi donc tous les chefs des S.A. quittèrent-ils Berlin au
début de juin et — ce qui est encore plus important — pourquoi Hitler
quitta-t-il l'Allemagne à ce moment, fournissant ainsi aux chefs des S.A.
l'occasion de s'emparer du contrôle de l'État en son absence?
    Le 14 juin en effet, le Führer prit l'avion pour Venise afin d'y
avoir la première de nombreuses conversations avec son collègue, le dictateur
fasciste Mussolini. La rencontre, soit dit en passant, ne tourna pas à
l'avantage du leader allemand qui, avec son imperméable maculé de taches et son
chapeau mou cabossé, semblait mal à l'aise en présence du Duce plus
expérimenté, resplendissant dans son uniforme noir de fasciste constellé de
décorations, et qui avait tendance à témoigner à son visiteur une certaine
condescendance. Hitler regagna l'Allemagne fort irrité et convoqua une réunion
des chefs du parti dans la petite ville de Géra, en Thuringe, pour le dimanche
17 juin, afin de rendre compte des entretiens qu'il avait eus avec Mussolini et
d'examiner la situation intérieure, qui allait empirant. Le hasard voulut
qu'une autre réunion eut lieu ce dimanche-là dans la vieille ville
universitaire de Marburg, qui attira beaucoup plus d'attention en Allemagne et
même dans le monde, et qui contribua à amener la situation déjà critique à son
paroxysme.
    Papen le dilettante, qui avait été si brutalement écarté par
Hitler et par Gœring, mais qui était encore théoriquement vice-chancelier et
qui jouissait encore de la confiance de Hindenburg, Papen donc rassembla assez
de courage pour dénoncer publiquement les excès du régime qu'il avait tant
contribué à imposer à l'Allemagne. En mai, il était allé voir le président
malade à Neudeck — c'était la dernière fois qu'il devait rencontrer son
protecteur vivant — et le vieux maréchal bourru, mais affaibli, lui avait dit :
« Les choses vont mal, Papen. Tâchez de les arranger un peu. »
    Ainsi encouragé, Papen avait accepté une invitation à prendre la
parole à l'université de Marburg, le 17 juin. Le texte du discours était dû
principalement à la plume d'un de ses conseillers personnels, Edgar Jung,
brillant avocat et homme de lettres munichois, protestant, bien que certaines
idées eussent été fournies par l'un des secrétaires du vice-chancelier, Herbert
von Bose, et par Erich Klausener, le leader de l'Action Catholique,
collaboration qui ne devait pas tarder à leur coûter la vie à tous les trois.
C'était une déclaration courageuse et, grâce à Jung, éloquente dans sa forme et
digne dans le ton. Elle réclamait la fin de la révolution, la fin de la terreur
nazie, le retour à une certaine normalisation et le rétablissement de certaines
libertés, notamment de la liberté de la presse. S'adressant au docteur Gœbbels,
ministre de la Propagande, Papen déclara :
    Des discussions franches d'homme à homme seraient plus
utiles au peuple allemand que, par exemple, l'état actuel de la presse
allemande. Le gouvernement ne doit pas oublier le vieux proverbe : « Seuls les
faibles ne souffrent pas de critique... » Les grands hommes ne sont pas créés
par la propagande... si l'on désire le contact étroit et l'union avec le
peuple, on ne doit pas sous-estimer ses facultés de compréhension. On ne doit
pas éternellement abuser de sa crédulité... Aucune organisation, aucune
propagande, si excellente soit-elle, ne peut réussir à la longue à maintenir
seule la confiance. Ce n'est pas par l'excitation... ce n'est pas par les
menaces à l'égard des éléments impuissants de la Nation, mais seulement en
discutant de la situation avec le peuple que l'on peut entretenir la confiance
et le dévouement. Les peuples traités en imbéciles n'ont pas de confiance à
gaspiller... il est temps de nous unir dans une amitié fraternelle et dans le
respect de tous nos compatriotes pour éviter de compromettre les efforts des
hommes sérieux et pour imposer silence aux fanatiques (28).
    Le discours, sitôt prononcé, fut largement diffusé en Allemagne,
mais il tomba comme une bombe sur le petit groupe de chefs nazis réunis à

Weitere Kostenlose Bücher